La crise climatique fait désormais partie de notre quotidien, tout comme la lutte pour tenter de la stopper. L’industrie de l’architecture est sans surprise parmi les grandes responsables de cette pollution omniprésente. Répondant à un besoin urgent - loger une population toujours grandissante - elle multiplie les bâtiments, mais à quel prix ? Pour continuer de bâtir en prenant conscience de la situation actuelle, les architectes d’aujourd’hui multiplient les solutions pour ériger un monde où construire ne rime plus avec détruire.
Rendre l'architecture écologique : un défi forcé
D’une certaine façon, les architectes n’ont plus le choix. Aujourd’hui changer l’approche de l’univers du bâtiment est devenu une nécessité. Responsable de 39% des émissions de CO2, les constructions agissent négativement de bien des façons sur notre environnement. Réduction de l’espace vert au profit de nouvelles structures, utilisation de matériaux dont l’extraction et la fabrication sont remises en question, bâtisses polluantes et gourmandes en énergie, bref, la liste des défauts de l’architecture dans un monde à l’optique verte est longue. Il était donc devenu plus que nécessaire de changer l’approche d’une des industries les plus actives de notre siècle.
Étonnamment, cette mouvance qui fait aujourd’hui couler beaucoup d’encre n’est pas récente.
En effet, l’architecture green prend naissance dans les années 1980 aux Etats-Unis, quand l’Institut Américain pour l’Architecture collabore avec l’Agence de Protection Environnementale pour développer un guide visant à réduire l’impact environnemental de la construction.
À partir de cette période, des comités et instituts se développent à travers le monde en suivant cette première initiative, à laquelle adhère aujourd’hui une grande partie des architectes conscients que l’avenir de leur profession dépend du changement qu’ils peuvent y apporter.
Concrètement, qu’est-ce que l’architecture écologique ?
Elle peut prendre diverses formes, et s’adapter à littéra-lement toutes les constructions. Des tours d’habitation abritant des dizaines d’appartement aux maisons individuelles, en passant par les bâtiments administratifs, écoles, et autres institutions culturelles.
En réalité, il n’existe pas de règles pour l’architecture green, mais une multitude de solutions à ajouter les unes aux autres pour aboutir à un projet architectural à l’impact écologique réduit au minimum. Ces solutions prennent alors des formes diverses : la prise en considération de l’environnement dans lequel le nouveau bâti sera implanté, l’orientation vers des énergies renouvelables pour produire de l’électricité, chauffer son eau, l’utilisation de matériaux recyclés et réemployés, mais aussi sourcés localement et de manière durable, une utilisation raisonnée des ressources, ou encore le choix d’une architecture et d’un design adaptés aux changements climatiques et éventuelles catastrophes naturelles, assurant la pérennité du bâtiment.
Bref, la liste est longue, les solutions variant selon la situation géographique de l’architecture en question. Et autour de chez nous, les architectes locaux ont prouvé qu’ici aussi, construire green était possible.
Quels sont les références de l'architecture écologique ?
Nous pourrions bien évidemment prendre l’exemple de la Forêt Verticale de Milan, porte-étendard de l’architecture green avec ses immeubles recouverts de végétation permettant une régénération de l’air dans un milieu urbain. Mais il n’est pas nécessaire de rejoindre l’Italie pour trouver une architecture exemplaire, qui souvent, au premier abord, ne laisse rien transparaitre de son caractère pourtant résolument green.
C’est le cas de la Maison de l’environnement située à Lausanne. Ce bâtiment administratif ne pouvait être qu’exemplaire étant donnée sa fonction. Construit en bois et en terre crue, tous deux sourcés localement, pour une ventilation naturelle et un choix de matériaux écologiques, son implantation environnementale favorise la biodiversité, tandis que le toit est recouvert de panneaux solaires et de végétaux. Le tout pour une construction très peu gourmande en énergie et quasi autosuffisante.
Un exemple à grande échelle, qui se retrouve également dans les logements individuels. Mais les pionniers ce sont certainement les refuges construits en montagne. Si aujourd’hui ils sont de plus en plus sophistiqués, à l’image du célèbre Refuge du Goûter, ils peuvent également répondre à de nombreux codes de l’architecture green.
L’une des bâtisses les plus représentatives de cette réduction de l’impact écologique en altitude est la Cabane du Mont-Rose, côté suisse. Construite en bois et recouverte d’aluminium, son énergie est autogénérée à 90%, grâce aux panneaux photovoltaïques, au recyclage des eaux et à son stockage à la fonte des neiges. Un exemple parmi tant d’autres qui démontre avec ingénierie et réflexion que l’architecture peut mieux faire, même à 2’883m d’altitude.