Égyptologie, amours et insomnies. Les trois mamelles de cet album de Manuele Fior sont dédiées au trésor de Toutankhamon. Du latin Hypericon : millepertuis. Parmi les vertus qu’on lui prête, il y a la lutte contre l’insomnie et la mélancolie. Un titre apparemment inattendu pour nous parler de la découverte du tombeau de Toutankhamon. Mais ! Tout s’explique…
Le 27 octobre 1922, au départ du Caire, une expédition archéologique menée par Howard Carter part chercher une nouvelle fois dans la Vallée des rois, la tombe du célèbre pharaon. Carter le sait, c’est sa dernière chance avant qu’on ne lui coupe les fonds. C’est alors qu’un jeune égyptien lui apporte quelques fleurs de millepertuis et le guide vers ce qui s’avèrera être l’entrée du tombeau.
En 1998, Teresa, jeune italienne basée à Berlin, trouve enfin le sommeil grâce à la même plante. Entre 1922 et 1998, que s’est-il passé ?
Cet album n’est ni un manuel de botanique ni d’homéopathie mais un hymne gracieux à l’art, à l’Égypte antique ; le tout savamment coloré aux teintes de cette plante autour de laquelle s’articule l’album.
Deux histoires nous sont racontées : celle que l’on connaît tous plus ou moins et qui n’est rien de moins que la découverte de la tombe de Toutankhamon en novembre 1922, il y a tout juste 100 ans.
Le sujet n’est pas spécialement développé mais abordé dans ses grands axes.
Toutefois on se prend à ressentir l’immense émotion de cette équipe au moment de la découverte et aussi leur surprise face à la quantité inespérée de trésors enfouis.
L’autre histoire qui pourrait sembler plus banale, est celle de Teresa, jeune italienne férue d’archéologie envoyée à Berlin pour l’installation de l’exposition du trésor de Toutankhamon.
Jeune fille sérieuse et insomniaque elle croise Ruben à son arrivée alors qu’elle se retrouve sans logement dans cette ville inconnue. Le jeune italien l’emmène vivre dans son squat, à mille lieues des habitudes tranquilles de la jeune femme. Un amour naît, fragile et incertain.
Durant tout l’album, Manuele Fior entrelace la petite et la grande histoire de manière fluide et aérienne. Au rythme des insomnies de Teresa et des découvertes fabuleuses dans la vallée des rois.
L’illustration est somptueuse, aux teintes de l’automne allemand et du désert égyptien. Tout est nimbé de jaune pâle, d’ocre, la palette de couleurs est restreinte et apaisante.
Le lecteur navigue entre de fascinants faits historiques et un soap opéra à propos de relations chaotiques mais touchantes qui lient Teresa et Ruben.
Dans cet album, dont une bonne partie est fictive et l’autre réelle, il n’y a pas de place pour l’imaginaire. On se pâme devant la beauté des images qui nous racontent des sentiments parfois contrariés, beaucoup de nuits blanches et de l’or qui scintille.
L’album se concentre uniquement sur la découverte de la tombe dans la Vallée des rois et n’est en rien une énième théorie sur la fameuse « malédiction ». Il n’y est pas question non plus des prétendus pillages par Carter qui aurait tapé dans le butin sans vergogne.
Affaire à creuser…
De nouvelles théories ont vu le jour ces dernières années sur le contenu de ce trésor et sur son destinataire réel. Si les antiquités égyptiennes vous titillent, creusez un peu le sujet, c’est passionnant !
Gaëlle Poirier