C’est un shot de folie qui compte bien retourner les festivals cet été. Miel de Montagne (de son vrai nom Milan), revient sur sa passion pour le skate, le dessin, les teufs et la montagne. Tendre déjanté, il finit souvent en caleçon sur scène, guitare en main et lunette de soleil sur le nez, face à une foule galvanisée. À l’occasion de son passage mémorable à Annecy, MokaMag lui a proposé une interview “Post-it” pas comme les autres…
Ton premier skate Décathlon à onze ans
Comment tu sais ? C'était un bon skate de merde, on ne va pas se mentir. Mais j'en fais toujours. Le skate, c’est un peu mon yoga. Aujourd'hui, il faut constamment être à jour pour être connecté avec les gens. Alors, tout seul, je suis souvent en train de flyer : le skate me permet d'être très terre à terre avec mon corps, ça me lâche l'esprit.
Calvin Harris
Ça me rappelle mes premières soirées, mes premières danses, mes premières cuites aussi. À 14 ans, j'ai découvert la musique French Touch, Justice, les Daft Punk et tout ça. Bref, j'ai trippé sur son prénom et j'ai appelé un morceau “Calvin” en son honneur. C'est un peu un “private title” (rire).
À l'époque, je cherchais un nom… et j’ai vu son pot de miel devant moi.
DJ Tell
Oh oui. Mon époque de DJ (rire). Ça ne me manque pas de mixer dans les clubs à 4 h du matin. Mais je sors parfois des titres de house sur les plateformes… Les vrais puristes connaissent ! C’est plutôt pour le partage, un kiff à côté. Et c’est lunaire, il y a quelques millions de vues en plus.
Ton oncle apiculteur
Excellent, il sera là ce soir ! À l'époque, je cherchais un nom… et j’ai vu son pot de miel devant moi. Voilà, Miel de Montagne est né. Les hauteurs sont une partie de mon enfance, j'ai passé beaucoup de temps là-bas. Elles font peur et en même temps il y a un vrai sentiment de grandeur, de bien être.
Le dessin
Quand je dessine, je change de casquette et passe en mode graphiste. C’est un moment avec toi même, ça fait du bien… un peu comme la musique : tu tripes avec ton cerveau.
En tant qu’artiste, il me fallait des visuels et un logo. Tous les groupes de légende ont des visuels qui restent en tête, que ce soit Nirvana, les Red Hot ou The Offspring. Quand tu es ado, tu les mets sur ton sac à dos. C’est cool. Honnêtement, ça me plaît beaucoup plus d'offrir un vinyle avec une pochette d'album que j'ai dessiné plutôt qu’avec ma tête dessus.
Marcel Kanche
Allez, let's go le padre ! Il m'a toujours soutenu et m'a toujours aidé sur les textes. Même sur le premier album comme pour “Le soleil danse” qu’on a écrit dans ma chambre. Lors du deuxième album, on a passé beaucoup de temps à écrire ensemble, dans notre maison de campagne. Je lui demande toujours conseil même si j'essaye de créer un peu plus tout seul. Et tu t’en sors ? (journaliste) Ben…non. Je galère (rire).
Les labels, c'est un peu la partie business de la musique, mais elle est très importante.
Noirmoutier
La nostalgie ! C'étaient les débuts. À cette époque, j’adorais Sebastien Tellier. J’ai voulu faire comme lui, mais à mon niveau (rire). On était en vacances quand ma mère a sorti cette phrase dans la cuisine : “Tu n’y connais rien”. Je l’ai enregistrée sur un vieux Mac. Mais la voix était affreuse… alors je l’ai tellement retouchée et ça a donné un truc bien.
Ton ex-coloc’ Jacques
Jacques est là depuis le début. Quand on était en coloc, un jour, il est entré dans la chambre pour écouter mes premiers morceaux. Puis, il les a fait écouter à son label Pain Surprises… qui m'a ensuite tendu la main. Sans Jacques je ne sais pas où je serai, mais en tout cas, pas ici, c’est clair.
Pain Surprises et Délicieuse Records
Comme c’est des petits labels indépendants, on a une façon de travailler très humaine. C'est un peu la partie business de la musique, mais elle est très importante et ça t’apprend beaucoup de choses. Tout seul, je ne pense pas pouvoir aller là où je le souhaite.
Quand j'étais ado, un truc m'énervait : je trouvais que les scènes étaient un peu trop tendues du cul, ça manquait de fun.
Mac DeMarco
Le mec le plus inspirant sur scène, tout comme ces trucs un peu déjantés dans les clubs ou sur les vidéos de métal. C’est ce mix qui fait passer un concert en show. Quand j'étais ado, un truc m'énervait : je trouvais que les scènes étaient un peu trop tendues du cul, ça manquait de fun. Alors je redouble d'énergie pour que ce soit fun. J'ai vraiment besoin de m'amuser, et le public aussi. Du coup… ce n’est pas trop prévu que je me foute en caleçon sur scène. Parfois, certains me rejoignent, enlèvent leur tee-shirt et s’amusent. Et moi, ça me régale.
Philippe Katherine
Je l’ai croisé par hasard dans la rue, c’était le destin. Je lui ai dit “tu ne veux pas rapper sur mon titre?”. Et il l’a fait. Il y a des personnes comme ça, où tu as l'impression d'être dans le même four qu’eux. On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre.
Joris
L'un de mes meilleurs potes. C'est une personne qui a lancé le projet fois un milliard. Il avait toutes les casquettes du monde ! Conduire, faire le son, être manager… Je ne sais pas comment il est pas parti en burnout. Là, il est devenu ostréiculteur au Cap-Ferret mais il continue toujours de mixer.
Avec tous les lives, honnêtement, je ne sais plus à quoi ressemblent les morceaux studios.
“Tout autour de nous”
Ah, le dernier album. Je ne sais pas si les gens attendaient ça. J'aime bien le côté un album, une idée, une ambiance. Avant le covid j’ai eu l’envie de faire un truc posé. Est ce que je suis capable de faire des chansons avec plus de textes ? Qui racontent le fond de ma pensée ? Je me posais des questions… (hésite) existentielles. Je les ai mises dans cet album et mine de rien, ça a fait son travail de thérapie.
Une chanson en particulier que t'aimes vraiment dans cet album ?
J'ai arrêté de l'écouter parce que je suis dans le live. Honnêtement, je ne sais même plus à quoi ressemblent les morceaux. Mais deux morceaux m'ont fait pleurer : “Tout autour de nous” et “Comme on s'aime”. Ce sont des émotions qui me rappellent ma famille, mes parents.
Des nouveaux sons en préparation ?
Ouais. C'est marrant, chaque morceau à un style propre à lui. Il y en aura pour tous les goûts et si des gens n’aiment pas, c’est pas grave, ils kifferont celui d’après. Je vais sûrement les sortir un à un, pour former une sorte de playlist. Et cette playlist, à la fin, ça sera mon album. Le but, c'est de partager, de sortir des trucs parce que sinon, je m’enterre avec mes morceaux, ça me déprime.
Propos recueillis par Mia Pérou