Petites chemises, barbes fournies, airs blagueurs et rires communicatifs. Membres du groupe de musique MPL, Cédric et Arthur s’installent dans les loges, boisson en main. Dix minutes avant, ils peaufinaient les derniers réglages sons sur la scène du Brise Glace. L’un conte sur scène, tantôt gourou tantôt percussionniste. L’autre chante et incarne leurs textes de poètes. Rencontre avec deux artistes, passionnés de musique, mais amis avant tout.
Electro, rap, pop, parlé…Comment qualifieriez-vous votre musique ?
Cédric : Elle est influencée par beaucoup de choses. On vient de la chanson, il y a donc une grande place aux textes, aux histoires, aux personnages. C’est assez acoustique, avec deux guitares. La basse, le synthé et les percussions sont plutôt au second plan. C’est de la pop-chanson-acoustique… Ça te va ?
Arthur : Oui, avant on savait pas trop. Maintenant, on dit pop française. On pioche dans plein de choses, c’est assez éclectique. Avec des petites touches urbaines, rock, electro. Chacun vient avec ses influences et ça donne ce mix final.
Cédric : Un mix heureux ou malheureux, je ne sais pas (rire).
Juste après la création du groupe, vous gagnez le Prix Claude Nougaro et un enregistrement en studio… Quels souvenirs gardez-vous de ce premier enregistrement ?
C : À ce moment-là, on était que trois : les deux guitaristes et moi. Il n’y avait pas de boîte à rythmes, c’était très chanson. Avant cet événement, on était pote de lycée où s'était créé plein de groupes de musique, qui se sont arrêtés pour nos études sup’. Mais on se voyait toujours pour faire quelques morceaux : on a cette pulsion de faire de la musique. Quelque part, ce prix Claude Nougaro et ce premier enregistrement en studio étaient notre second départ. Sans ça, ce n’est pas dit que notre groupe aurait existé. Ça nous a mis dans un engrenage, avec des professionnels, avec des supports pour être entendus. Puis Andréas est arrivé à la basse et Arthur à la comédie, la percussion.
On a un peu transposé nos rythmes de travail d’avant, à la musique.
Quand est-ce que l’idée de quitter vos travails pour se consacrer uniquement à la musique, s'est imposée ?
A : Le groupe s'est formé petit à petit. On s'est rendu compte que des gens, qu’on ne connaissait pas personnellement, venaient au concert. Progressivement, ça augmentait. Et parallèlement, on a aussi augmenté notre entourage pro. On a eu un tourneur, un manageur. Au bout d’un moment, assez naturellement, est venue la question de s’y concentrer à 100%. Et il y avait l’idée de faire un 2e album. Avec nos disponibilités, notre tourneur galérait à nous programmer dans les salles. Naturellement la question de ne faire que ça, c’est imposé… Et on y a rapidement répondu (rire).
C : Oui, ce n’était pas simple : il y avait un kiné, un infirmier, deux architectes et Arthur était déjà comédien. Il se trouve que dans tous nos métiers, c’était facile de prendre du temps pour faire des cachets sur l’année de transition. Puis, petit à petit, de dire “on arrête ça, le temps de faire ce qu’il y a à faire en musique”. On a tout quitté en 2018.
Comment vous l’avez vécu ?
C : La musique a pris de plus en plus de temps dans nos vies. Juste avant de quitter nos métiers, on avait une semaine par mois où on ne faisait que de la musique. Que de la création, des tournées… En fait, ça c’est fait assez naturellement.
A : Surtout, on a tous déménagé à Marseille pour travailler sur le second album. On est passé d’un temps pleins à un autre temps pleins. On se voyait 5 jours par semaine, 9h - 18h. Il n’y a pas eu une transition si énorme, si ce n’est qu’on avait plus de temps pour les concerts.
C : Oui, voilà, on a un peu transposé nos rythmes de travail d’avant, à la musique.
Comment on produit des morceaux quand on est 5 ?
Pour Bonhommes, le second album, vous avez lancé votre boîte de production… Comment ça se passe ?
C : On a toujours été autonomes. Le 1er album, on avait monté une association, lancé un financement participatif… On avait aucune subvention. Quand on est devenu pro, on voulait rester autonome donc, on a créé notre boîte de production.
Quel titre vous représente le mieux ?
A : Paysage. C’est le truc qui est le plus streamé de notre discographie. J’ai l’impression que c’est le choix du public, les gens écoutent beaucoup ce titre. J’aime bien me poser la question de “pourquoi”. Je trouve que c’est un espèce de trait d’union, qui se situe bien au milieu de nos productions : il est à la fois festif, à la fois dans le texte un peu dark. En même temps, ça parle des éléments, de la nature. Il y a une fiction, une histoire avec des gimmicks… Ça nous représente bien. Et toi ?
Sur scène, tout comme dans vos chansons, vous tirez un fil rouge, comme une histoire : en quoi c’est important pour vous ?
On ne voulait pas passer d’un tube à un autre en disant “Bonsoir, est-ce que ça va ? Est-ce que vous êtes chaud ?”.
Qui est lulu et comment son image a-t-elle évolué depuis la création de votre groupe ?
C : Sur le premier album, il y avait tout un tas de morceaux où on parlait de cette lulu, de cette disparition. Concrètement, c’est un personnage de fiction dans lequel on a fait rentrer pleins d’histoires, inventées ou vraies, qui nous permettait d’être ce fil rouge. Il y a plein d’événements ou d’émotions qu’on a vécues, personnellement, collectivement, qui sont liées à cette histoire. Au début, nos clips étaient centrés sur cela. Sur scène, on avait une urne… Rapidement, on a voulu s’en détacher avec notre album Étoiles, jusqu’à notre dernier album qui n’y fait aucune référence. Ce qui est drôle, c’est que les gens qui ont entendu de près ou de loin cette histoire de Lucette, vont aller chercher un lien. Malgré nous, le fil rouge continue. On a l’impression que c’est aller assez loin, on cherche pas à insister dessus.
"Tout me fait peur dans la célébrité. J’ai l’impression que les gens n'y sont pas heureux."
Qu’est-ce qui vous fait peur dans le succès, la célébrité ?
C’est quoi le prochain projet ?
A: L’album vient à peine de sortir, on commence à peine à faire nos lives avec.
C: Oui, c’est ça, là on fait pas mal de concerts. Je ronge un peu mon frein parce que j’ai envie d’écrire, de m’y mettre. L’idée, c’est que dans les mois qui viennent, on va essayer de se définir un projet clair. Si on fait un album, quand, sous quelle forme, sa spécificité : est-ce que ce sera des reprises ? Des chansons pour enfants ? Des featuring ? Qui veut s’impliquer et comment ? L’idée, c’est d’être plus autonome les uns, les autres. On est en train de finir un chapitre, à deux doigts de définir le prochain. Actuellement, on ne sait pas ce qu’on va faire, ni pour quand. Mais on s’interdit presque d’en parler. Dans un mois, on a un temps de calé. D’ici là, il faudra prendre le temps d’y réfléchir…
A: Sachant que l’agenda en musique est étrange. Quand l’album sort, c’est assez commun de dire “alors, quoi de prévu pour la suite ?”. Mais nous, quand l’album il sort, on est éclaté de deux ans de travail (rire). Il y a l’envie, chacun dans son coin peut être, d’écrire. Mais pendant deux ans, on était tous les cinq ensembles. Tout le temps à se surveiller, se contredire… Je ne sais pas comment font les groupes qui sortent un album par an !