Salomé

Salomé

En 1904, Richard Strauss s’empare de la pièce d’Oscar Wilde, écrite quelques années plus tôt, pour en faire un opéra qui provoque un scandale retentissant lors de sa création à Dresde en 1905. De la danse des sept voiles, où la protagoniste se dévoile sensuellement, au baiser sulfureux posé sur la bouche d’une tête coupée, l’œuvre impose une force crue et inoubliable.

La musique de Strauss, d’une éloquence audacieuse, accentue la sensualité et l’étrangeté de cette histoire. Avec ses sonorités orientales et orchestrations luxuriantes, l’opéra déroule en un acte une tension irrésistible. Ce style marquera un tournant dans la carrière du compositeur, qui prolongera bientôt cette exploration des thèmes antiques et violents dans Elektra (1909).

Pour cette nouvelle mise en scène, le réalisateur hongrois Kornél Mundruczó revisite Salomé en collaboration avec Monika Pormale pour les décors et costumes. Ensemble, ils transposent l’intrigue dans un penthouse contemporain, opulent et angoissant, dominant une ville fictive inspirée d’un paradis perdu. Ce cadre moderne met en lumière le déclin d’une famille puissante, où Jokanaan, venu des profondeurs, incarne une menace à l’ordre moral d’Hérode et d’Hérodiade. Dans cette atmosphère surréaliste teintée d’influences babyloniennes, le drame prend une intensité psychologique contemporaine.

Sous la direction du chef finlandais Jukka-Pekka Saraste, l’Orchestre de la Suisse Romande déploiera toute la puissance de la partition. Olesya Golovneva incarnera Salomé, avec un timbre riche et des aigus cristallins, tandis que Gábor Bretz, déjà acclamé dans le rôle de Jokanaan à Salzbourg en 2018, et Tanja Ariane Baumgartner dans celui d’Hérodiade, complèteront cette distribution marquante.