MidJourney est un outil d’intelligence artificielle qui crée des images à partir de textes. Elle ne cherche pas le réalisme, mais la beauté. Le résultat est saisissant.
Midjourney : une évolution dans le monde de l’art
MidJourney est un logiciel capable de créer des images à partir de textes ou de mots entrés par un utilisateur. Sur la plateforme www.midjourney.com, ses fondateurs parlent d’un « laboratoire de recherche explorant de nouveaux mediums de pensée, étendant les pouvoirs de l’imagination de l’espèce humaine ». Ce modèle d’IA a été développé grâce à une multitude d’images. Mais celui-là se démarque des autres en mettant l’accent sur le style plutôt que sur le réalisme. En fait, le but des créateurs de MidJourney est simplement que les images générées soient belles.
Un bras de fer à l’art ?
Évidemment, un grand nombre d’artistes sont ultra-réfractaires à cette technique et affirment que les œuvres générées par une IA desservent l’art. Ils redoutent que leur travail souvent chronophage se trouve dévalué, alors que des outils comme MidJourney sont capable de créer une image en seulement quelques secondes. Et les droits d’auteur ? « Il existe de réelles inquiétudes concernant les droits d’auteur des résultats de ces modèles et des problèmes de droits non résolus concernant l’imagerie, les métadonnées de l’image et les individus contenus dans l’imagerie », a expliqué Craig Peters, le P-D.G. de Getty Images. En réalité, la vente d’œuvres générées par l’IA pourrait exposer les utilisateurs à de nombreux risques juridiques.
Midjourney peut remporter un concours d’art ?
Le 29 août dernier, à l’occasion de la célèbre Colorado State Fair, foire artistique très attendue au Colorado, le prix de la catégorie « arts numériques » a récompensé Jason Allen, concepteur de jeux vidéo de 39 ans, pour « Théâtre d’Opéra Spatial », une œuvre réalisée grâce à MidJourney. Cette remise de prix a soulevé de nombreuses critiques de la part d’internautes, parmi lesquels de nombreux artistes. Sur l’image récompensée, qui croise science-fiction et imageries d’autrefois, on aperçoit des personnages en costumes victoriens dans une ambiance en mode vaisseau spatial. Une victoire méritée pour certains, une entourloupe pour d’autres… Ce qui est certain, c’est que cette victoire fait couler beaucoup d’encres.
Parmi les mille et une critiques, on aurait dit à Jasen Allen que taper des mots-clefs dans une appli ne faisait pas de lui un artiste, ce à quoi il a répondu : « C’est intéressant de voir tous ces gens sur Twitter qui critiquent l’art généré par IA et qui sont les premiers à discréditer le facteur humain ! »
Jason Allen défend son processus de création, expliquant que « l’IA est un outil, tout comme l’est un pinceau, et qu’une impulsion créatrice reste nécessaire pour activer cet outil ». Il ajoute qu’il lui a fallu plus de 90 heures de travail pour créer cette œuvre, qu’il a créé près de 900 images pour ensuite n’en sélectionner que trois, qu’il a superposées pour ensuite présenter son œuvre finale au concours d’art.
Scott Stoller, directeur de la Colorado State Fair, a déclaré à la presse que « Théâtre d’Opéra Spatial » n’enfreignait aucune règle, et que dans la catégorie « art numérique », les œuvres soumises au concours doivent obligatoirement utiliser « la technologie numérique dans le cadre de leur processus créatif ». Un débat qui n’a pas fini de diviser critiques et artistes !