On l’a connu habité sur scène, entre 4 synthés, un véritable phénomène de l’électro. Fraîchement de retour après une tournée américaine suite à “Sonic Poems” (2022), Lewis Ofman s’apprête à prendre un nouveau virage avec son deuxième album. Nous avons rencontré cet artiste timide et réservé lors de son concert à Aix-les-Bains.
Ton nouveau tube, Highway, vient de sortir. Quelle est son histoire ?
Tube ? Carrément ? Déjà ? (sourit). C’est le morceau le plus pop de mon prochain album. Je l’ai fait, il y a quasiment un an, après avoir beaucoup tourné. C'était un moment où je voulais juste être bien et faire ma musique tranquillement. il est très dans le fait de se sentir fly, ce moment où ça clique, où t’es bien. J'aurais adoré faire ce morceau à treize ans. Il y a un romantisme qui traîne autour. C'est un shoot de bonne énergie.
On y retrouve pas mal de guitares électriques mais peu de synthés, pourtant ta marque de fabrique. Est-ce que ce deuxième album entame un nouveau virage ?
Ouais. Le nouvel album va être beaucoup plus “rock”. Il est un peu plus planant, un peu plus psychédélique. Il est très inspiré par des trucs de Woodstock, des gens comme Santana, Crosby, Stills, Nash & Young… Neil Young, beaucoup, évidemment.
C'est des choses que j'écoutais plus jeune. Elles me sont revenues un peu en tête, étrangement. Forcément, on est inspiré par ce qu'on écoute (rire). Alors, j'ai eu envie de refaire cette musique. Et, cette fois, il n'y a pas de producteur dessus, comme Sonic Poems où tout l'album avait été coproduit par Tim Goldsworthy. Là, je suis tout seul. J'ai fait toutes les batteries, c’était sympa de retourner à mon premier instrument. Et il y a beaucoup de guitares mais quasiment plus de synthés.
En fait, que la chose se termine, ça l’a fait exister.
Un peu nostalgique de l’era “Sonic Poems” ?
Non…Je ne suis pas du tout quelqu'un de nostalgique. Les choses ne me manquent pas. Je considère que si je l'ai vécu, c'est cool. En fait, que la chose se termine, ça l’a fait exister.
Tu as commencé à produire sur GarageBand il y a presque dix ans. Comment à évoluer ton processus de production ? Ta façon de créer ?
Ça reste quelque chose que je fais là où je vis, avec mon ordi. C’est important de garder ce côté spontané, à la base de ma musique. Mais, pour le deuxième album, ça a bien changé. Je faisais des prises de batterie dans un studio. Il fallait se déplacer, sortir puis rentrer dans la recording room, brancher l’ampli, sortir le micro, etc. Ce n'est pas la même chose qu'être sur un bureau avec deux ou trois synthés.
Certains artistes performent si souvent en live qu’ils en viennent à oublier les versions studio… c’est ton cas ?
Ouais, peut-être. Par exemple, la version live de “Nails Matching My Feets”, est beaucoup plus longue et violente. Forcément, je la préfère en live parce que je vois les réactions du public. Pour autant, elle n'est pas comme ça dans sa vraie version de studio.
Mais c'est toujours un dilemme : est ce qu'elle devrait être comme la version live ou pas ? Peut-être que la façon dont elle percute marche parce qu'elle est toujours mise très très forte, tu vois. Mais je ne sais pas si ça vieillit bien contrairement à un son qui est sur une constante.
Sur scène, on remarque aussi tes tenues. Tu as d’ailleurs bossé avec Gucci, Kitsuné ou Nike. C'est quoi ton rapport à la mode et comment ça influence ton live ?
Je m'en fous. C'est eux qui viennent et on voit si ça matche avec ma façon d’être. J’ai jamais fait de la musique pour la mode. À partir de ce moment-là, on voit si on vibe ou pas. Et c'est chouette. Quand on s’habille, ça influence notre personne, ce qu’on est. Si j'étais habillé différemment, je serais un peu différent. Sur scène, j'ai une tenue en cuir imaginée et conçue par Momma's blues, une amie. Dès que je la mets, je change, c'est comme une armure. Et c'est pour ça que la mode existe, que les grands couturiers et les défilés existent… ça booste.
Quand on s’habille, ça influence notre personne. [...] Une tenue, c'est comme une armure.
En ce moment, tu enchaines pas mal de dates pour ton Summer Tour. Comment on tient sur la longueur en tant qu’artiste ?
Tu tiens parce que c’est chouette que la musique t’ait emmené aussi loin. Ça peut-être fatiguant… (hésite) mais t'es content d'être fatigué. Et j’aime bien quand tout les concerts s'enchaînent. Je préfère ça qu'une date par ci, par là. Parce que tu switch de “mode” entre les concerts, tu reviens chez toi, tu te poses puis tu dois te remettre dedans. Après un concert, t’es bourré d’endorphine, tu te prends un shoot de kiff. Les descentes c’est quelques jours après et c'est là qu'il faut se méfier quoi. On a tendance à l’oublier
Propos recueillis par Mia Pérou