Publié le 11 janvier 2023
Jérémy Ferrari fait son retour avec un nouveau spectacle évenement : "Anesthésie générale"
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Jérémy Ferrari fait son retour avec un nouveau spectacle évenement : "Anesthésie générale"

Quand la santé passe au bistouri
Spectacle
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Humour, One Man Show, Interview

Dans son spectacle intitulé Anesthésie générale, Jérémy Ferrari évoque ses addictions, ses troubles obsessionnels compulsifs, étrille les défaillances de notre système de santé et n’épargne personne. Trois heures d’électrochoc à voir d’urgence.

 

Votre spectacle aborde le thème de la santé. Comment va la vôtre ?

Très bien ! J’ai rarement été aussi en forme. J’ai fini une grande tournée des Zénith qui m’a bien fatigué parce que le spectacle est long et intense, physiquement, psychologiquement et émotionnellement. J’ai pu récupérer pendant les fêtes de fin d’année où j’ai moins joué.

Sur scène pendant trois heures, une vraie gageure…

La version initiale durait environ 2h15. Quand une pandémie bouleverse le monde pendant deux ans, c’est compliqué de la résumer en dix minutes. J’ai donc rajouté une bonne demi-heure de représentation. Je l’ai testée une fois, deux fois, trois fois… le public semblait ravi, ne quittait pas la salle et je ne sentais pas de baisse de rythme. J’ai interrogé les spectateurs, mon équipe, on a réfléchi et décidé de la garder tel quel. Je ne pense pas refaire un spectacle de trois heures parce ce que ça reste très fatigant mais là, il fallait répondre au thème que j’avais décidé de traiter.

Le spectacle a été écrit avant le covid. Vous sentiez que la santé deviendrait un enjeu majeur ?

Complètement. Mais la santé a toujours été un enjeu majeur. Ça faisait dix ans que le personnel tirait la sonnette d’alarme auprès des gouvernements successifs en leur disant attention, ça commence à être compliqué, il manque des moyens, ça va finir par des drames. On a découvert que les services étaient saturés pendant la pandémie alors que la situation se répète chaque hiver depuis des années. Le manque de médecins de ville, les salaires trop bas… Tout ça existait avant mais a été mis en lumière pendant le covid parce que d’un coup, les journalistes se sont rendus sur place, ont filmé et réalisé des reportages sur le sujet.  

Qu’a changé cette mise en lumière ?

Dans ma version écrite avant le covid, je disais que si un drame survenait, le système serait incapable de répondre et cela s’est produit. Maintenant, on a un personnel soignant qui, en plus de ne pas avoir été entendu, est épuisé et encore plus en colère. Ils avaient l’espérance qu’après la pandémie, ils seraient écoutés et que des moyens leur seraient alloués mais ce n’est pas le cas. Généralement, les gouvernements attendent les tragédies pour se réveiller mais là, c’est pire : malgré le drame, ils ne réagissent toujours pas. Alors les gens s’en vont, démissionnent. Rien n’a changé. Il faut un changement profond du système de santé français. 

Le public peut-il sortir indemne de votre spectacle ?

Ah non ! S’il en ressortait indemne, ce serait raté. Le but n’est pas seulement de provoquer, de dire des choses horribles, de faire des vannes, de l’humour noir. Je provoque aussi la salle, je m’amuse à l’énerver, à lui faire peur tout en les faisant rire bien sûr. Anesthésie générale va très loin dans la provocation et pas uniquement avec le thème  ou les mots, mais aussi avec le public que je fais réagir. C’est aussi ce qui explique les trois heures. Le rire représente 90% du spectacle mais il y a aussi des moments tendres, durs, de colère, d’émotion. Tout comme un film, la représentation doit secouer le spectateur pour maintenir son attention. Le cerveau n’est pas fait pour rester attentif aussi longtemps, sauf si on le retourne, le bouleverse et qu’on change de direction.

Vous parlez de film. Y-a-t-il un scénario dans Anesthésie générale ?

Mes spectacles sont toujours un peu écrits comme des scénarios. Par exemple, une musique originale se décline tout le long, en fonction des thèmes abordés et de l’émotion que je souhaite susciter. Il y a un fil conducteur, un début, un milieu, une fin, une recherche dramaturgique. Je sais qu’au bout de deux heures, les gens commencent à fatiguer, que l’attention peut baisser. À ce moment-là, quelque chose se produit de manière à reposer le public tout en le faisant rire. Ensuite, je sais où l’emmener pour le réveiller et parcourir la dernière ligne droite. J’ai vraiment écrit le spectacle de manière à ce que les gens ne voient pas le temps passer.

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Vous tenez parfois des propos choc. Les faites-vous relire par un service juridique ?

Oui toujours, pas pour me censurer mais pour savoir ce que je risque. Je sais qu’à deux ou trois reprises, je peux être attaqué pour injures publiques. Quand on vit dans un pays où l’expression est libre, la parodie protège de beaucoup de choses. Être un amuseur, un humoriste, préserve généralement des aspects juridiques. Quant à la diffamation, il faut démontrer que je ne dis pas la vérité. Or, je dis la vérité et mes textes sont sourcés, il n’y a donc pas de diffamation. 

Vous évoquez vos démons : tentative de suicide, alcoolisme, troubles obsessionnels... Sont-ils toujours là ?

Oui et ils le seront toujours. Les addictions, on ne les soigne pas, on les fait taire. La dépendance est une vraie maladie neurologique. Quand un cerveau réagit à une substance addictive, il nous en réclame des doses surhumaines car le système de l’envie se dérègle et l’autocontrôle nous abandonne. Pour moi, c’était l’alcool mais ça aurait pu être autre chose. La seule façon de maîtriser la dépendance passe d’abord par un sevrage pour que le corps arrête de réclamer. Ensuite, pour calmer émotionnellement son esprit, il faut une hygiène de vie par la méditation, le sport, l’épanouissement personnel, professionnel, la recherche permanente des moyens qui font du bien.

Si vous deviez prendre une résolution pour 2023 ?

Depuis ma cure de désintoxication, je me dis : qu’est-ce que je peux améliorer aujourd’hui ? Ça demande une discipline intense, à la fois physique et psychologique. Cet exercice ne se résume pas à faire du sport et se coucher tôt, il englobe aussi la manière dont on se comporte avec les autres. Je m’efforce d’être une meilleure personne, un meilleur ami, un meilleur patron. J’y travaille sans me mettre de la pression supplémentaire et je m’en sors pas trop mal : je suis plutôt discipliné, sage et je donne tout ce que j’ai à mon public : des grosses tournées, des places et des DVD pas chers… J’aspire à ce que tout le monde soit content autour de moi. Si j’arrive à tenir ce que j’ai fait en 2022, je serais assez fier de moi.

Pour venir voir Jérémy Ferrari et son spectacle "Anesthésie générale", rendez-vous à l'Arcadium d'Annecy le 23 février 2023 !

Propos recueillis par Nathalie Truche

Jeudi 23 février 2023 à 20h
Annecy | Arcadium

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