Ceux qui les découvrent par hasard en festivals s’en retrouvent décontenancés. Maquillages noirs sous les yeux, tenues à la Blade Runners et Mad Max… La P’tite Fumée se transforme sur scène, oscillant entre électro, rock et instruments traditionnels. Derrière ces showmen, on découvre Chand (didgeridoo, flûte et percussion), Camille (guitare), Chris (basse) et Tristan (batterie). C’est en loge et en civil que nous avons rencontré le groupe, quelques heures avant leur concert au Paléo.
La P’tite Fumée : c’est quoi ?
C'est un groupe instrumental de musique électronique. On est là pour envoyer du gros son, faire danser le public, l’objectif c’est la fiesta, le dawa, on est là pour pousser la machine ! (crie) Wouh !
Sur scène, vous affichez un univers très cyberpunk, quelles sont vos influences ?
Alors là, on n'était pas prêt. Il fallait nous envoyer les questions (rires). Chris : Déjà des choses à la Mad Max. On est à cheval entre le post apocalyptique et l’univers cyberpunk. Chand : À partir de notre album We are the machines, sorti en décembre, on a voulu vraiment amener une nouvelle DA et emmener le public dans notre univers. On était très trance, psy, mais sur cet album on a pris un virage plus rock, electro, cyber.
Comment compose-t-on à 4 ?
Chand : C’est différent à chaque morceau. On vient tous d'univers musicaux vachement différents. Camille, notre guitariste, vient des musiques de l'Est. Tristan, le batteur, nous vient tout droit du monde du métal. Chris, à la basse, fait du punk. On a tous des goûts différents mais on arrive toujours à trouver un juste milieu.
La P’tite Fumée c’est un groupe de scène, on s’est fait notre nom avec ça. On a besoin de tourner.
Vous composez tous ensemble, dans un même lieu ?
Chris : Ça dépend. On fait vraiment tout à distance. Des fois, quelqu’un ramène une base et tout le monde apporte sa petite touche. Tristan : Sur W.A.T.M, le gros de la composition de l'album s’est fait à Barcelone, avec notre producteur. Chand : Big up à lui d’ailleurs. Tristan : La majorité des squelettes, de la production et des arrangements ont été faits là-bas. Après chacun donne son avis, puis travaille sur son instrument de manière à ce que ça ait du sens. Chand : On débat sur chaque ligne instrumentale pour voir ce qui nous plait le plus. Petit à petit, ça se construit jusqu'au moment où on se met d'accord sur chaque instrument, chaque partie, toute la ligne son.
Vous enchaînez les dates en tournée… Comment on tient ?
Ah ! Et bien c'est une très bonne question. On va poser la question à notre boîte de booking tient (rire). Non, mais c'est vrai que ça fait maintenant pas mal d'années qu’on enchaîne les tournées. Chand : La P’tite Fumée c’est un groupe de scène, on s’est fait notre nom avec ça. On a besoin de tourner, on aime ça. Le live est le cœur de ce projet. Petit à petit, on apprend à construire nos journées, à se reposer aussi pour tenir. Après les balances, on part souvent à l'hôtel dormir. On arrive sur le plateau 2-3 heures avant de jouer. Souvent on clôture les soirées, comme ici au Paléo. Donc c’est important d’avoir la forme. On ne peut pas trop picoler (rire), mais on fait la fête à notre manière, sur scène.
Changer le line up, c’est la clé, finalement (rire)... On sait qu’on a une date de péremption, à chaque album ils changent tout le monde (fou rire).
Depuis votre premier album en 2014, comment arrivez-vous à faire évoluer votre musique ?
Camille : On change de musiciens régulièrement (rire). T : Changer le line up, c’est la clé, finalement (rire)... On sait qu’on a une date de péremption, à chaque album ils changent tout le monde (fou rire). Chand : Depuis W.A.T.M, on essaie d'amener du neuf, que ce soit en terme de production musicale qu’en terme de live. L'idée, c'est toujours d’amener quelque chose de nouveau, autant pour nous faire plaisir que pour surprendre le public. Si tu prends nos quatre albums par exemple. Le premier est vachement organique avec très peu d’électronique, à cette époque on venait de la rue et ça se sent. Pour le deuxième, deux ans plus tard, on a commencé à découvrir les samples… Chris : Audacity aussi (rires). Chand : On l’a utilisé pour les samples de Owl Rising d’ailleurs. Pour Thunderbirds, on a assumé le côté trans, psyché etc. C’est dans celui-ci qu'on retrouve notre son le plus connu, avec Les Ramoneurs de menhirs. Ensuite, avec ce quatrième album, on a vraiment envie d'amener une patte un petit peu nouvelle. D'autant plus que notre cher Tristan, notre nouveau batteur, est arrivé. Ça a un peu chamboulé le projet musicalement parlant. Et ça nous a dirigés vers une musique super électro, vachement plus rock, vachement plus cyber.
Entre La P’tite Fumée de scène et La P’tite Fumée du quotidien : un abîme ?
Chand : C'est une bonne question. Je pense que si tu nous croises comme ça, en loges, tu peux croire qu'il y a un énorme fossé entre les mecs surexcités sur scène et les gars qui se reposent. Après, on essaye d’être super actif dans nos vies de compositions, de développement du projet, tout ce qui est à côté des concerts. On enfile le masque des personnages incarnés sur scène mais au fond, derrière, ce sont les mêmes personnes. C’est nous, on est humain, merde ! (rire) Chris : il y a quand même la personnalité de chacun qui ressort un peu sur les personnages. Camille : Personnellement, dès que je mets un pied sur la scène, c’est un monde différent, à part. C’est aussi le cœur de notre métier. Au bout d’un moment, j’étais obligé d’exploser ma personnalité sur scène pour pouvoir prendre plaisir avec le public.
Chand : Ouais, un bon concert, c’est un bon partage. C’est quand l’énergie que tu vas donner est bien reçue par le public et qu’il te le renvoie. Et quand ça dure du début à la fin du concert, c’est l’utopie totale, c’est fou."
Ironie du sort, c’est sur un larsen que nous finissons l'échange. Quelques heures plus tard, le groupe livra un show mémorable au festival, cloturant en beauté la soirée du vendredi.
Propos recueillis par Mia Pérou.