On retrouve Yann Marguet chaque semaine dans ses chroniques Moi, ce que j’en dis sur France Inter et Vivement qu’on crève dans Quotidien. Une nouvelle exposition médiatique pour l’humoriste franco-suisse qui garde les pieds sur terre.
Télé, radio, spectacle : une rentrée sur tous les fronts…
Il y a 2 ans, à la même époque, il y avait eu France Inter avec un coup de fil auquel je ne me m’attendais pas du tout. C’était déjà une rentrée particulière parce que quatre jours après, je devais faire une chronique et me sentir à l’aise avec le concept. Il m’a fallu le temps de me remettre d’Inter quand Quotidien m’a fait un peu le même coup. Et puis il y a le spectacle qui reprend en octobre. Alors oui, cette rentrée est encore bien rythmée.
Par quel hasard vous êtes-vous retrouvé sur le plateau de Quotidien ?
C’est une histoire qui remonte à 2019. J’avais reçu un message de Yann Barthès sur Instagram, me disant qu’il aimait bien la chronique que je faisais en Suisse, Les Orties. Je ne savais pas trop comment réagir, surtout que je racontais quelques conneries sur lui dans ma chronique. Dans son message, il me disait « je sais que vous voulez me faire bouffer mes mains ! », ça a donné lieu à une petite discussion. Début 2020, avec mon producteur, on a eu des contacts avec Quotidien pour se rencontrer. Rien n’était signé mais de belles perspectives se dessinaient. Un mois après, il y a eu le Covid, le confinement, pas de public dans l’émission, la crainte de changer l’équipe. De fil en aiguille, ça a trainé quatre ans.
Comment choisissez-vous les sujets pour Vivement qu’on crève ?
Pendant les vacances, j’ai dû réfléchir à un concept pour la rentrée. J’avais un embryon d’idée. Dans un sketch présenté au festival de Montreux, je disais que si je devais proposer une chronique aujourd’hui, je l’appellerais Vivement qu’on crève. Il n’y a pas besoin d’aller chercher très loin, c’est une espèce de spleen, de sentiment d’aller droit dans le mur. Il suffit d’ouvrir le journal pour s’en rendre compte. Que ce soit l’écologie, la politique ou l’ambiance générale, toutes les nouvelles convergent vers la même échéance.
Qu’avez-vous pensé de votre première prestation sur Quotidien ?
J’étais content.
Il m’a semblé que c’était efficace, marrant et surtout, qu’elle avait été bien reçue.
En quoi vos chroniques sur France Inter et Quotidien diffèrent ?
Elles sont dans la même veine. C’est d’ailleurs ce que j’ai toujours fait, y compris en Suisse. La seule différence tient au concept. À Quotidien, il est libre alors que sur Zoom Zoom Zen, je dois suivre le thème développé par l’émission et son invité. Cet exercice m’inquiétait un peu au début, parce que j’étais habitué à choisir mes sujets. Finalement, le fait d’avoir un thème que je ne connais pas forcément et la documentation qui va avec, je trouve ça super. Devoir expliquer quelque chose qu’on ne maîtrise pas bien, un néologisme par exemple, c’est plutôt cool.
Lisez-vous les articles de presse qui vous concernent ou les avis postés sur internet ?
Pas vraiment. J’ai découvert, un peu trop tard d’ailleurs, que si on ne lit pas les commentaires et les critiques, on a l’impression que tout le monde nous aime. Et comme c’est un sentiment que j’apprécie, j’ai appris à ne plus aller écumer les réseaux sociaux. Je lis plus volontiers les interviews ou les portraits, même si ça me gêne un peu, mais les commentaires, j’ai arrêté.
Votre spectacle Exister, définition revient à Paris. Comment vous sentez-vous ?
J’ai mal à l’épaule ! Il y a une séquence où j’harangue la foule mais récemment à Laval, je l’ai un peu trop haranguée. J’ai balancé mon bras tellement fort que je me suis démis l’épaule. Il y a eu cinq minutes de chaos où je tentais d’expliquer au public qu’on n’était plus dans le sketch et que j’avais vraiment mal. Je sentais que l’humérus était sorti de sa place. J’ai demandé s’il y avait un kiné dans la salle, ce qui a beaucoup amusé les gens, mais il n’y en avait pas. Si ça avait été un infarctus, j’aurais pu mourir tranquille car personne ne me prenait au sérieux. Puis, un sapeur-pompier est inter-venu pour m’expliquer comment remettre l’humérus à sa place et j’ai pu reprendre le fil du spectacle. Cette année, le retour sur scène a été spécial. Je n’ai pas d’appréhension pour ma reprise à Paris mais j’ai mal au bras !
Ajustez-vous le texte selon que vous vous trouviez en France ou en Suisse ?
On a fait pas mal d’adaptations en termes de références parce qu‘il faut que chacun comprenne ce qui est drôle. Quand j’imite un commentateur sportif suisse connu, en France ça leur fait une belle jambe. J’adapte aussi du vocabulaire, ce qui a suscité de grandes questions ! Est-ce qu’on garde la tête haute sur la façon de dire les nombres ? Est-ce qu’on continue à dire septante, huitante, nonante ? J’ai baissé la tête, je me suis incliné, parce que j’ai eu l’impression que ça aurait créé des gags et fait rire les gens à des moments où je n’en avais pas envie. Mais rien ne change dans l’esprit du spectacle et de sa signification.
Justement, un message du spectacle est d’apprendre à relativiser. Vous y arrivez ?
Oui, vachement. C’est authentique. Après, c’est toujours plus facile de relativiser quand on est un privilégié, quand on vit dans cette partie du monde. Mais oui, cette façon de penser sert l’humour du spectacle. Pareil avec Vivement qu’on crève. Je n’ai pas envie que les gens qui sortent de la chronique aient envie de se suicider. Au contraire, c’est un moyen de dire à l’emporte-pièce : voilà, c’est comme ça, ainsi va le monde, mais on peut aussi en rigoler. Alors oui, j’ai l’impression que ma vie est faite de relativisme.
Pour reprendre un autre thème du spectacle, de quelle futilité ne pourriez-vous pas vous passer ?
Il y en a plein mais je dirais la mode et notamment la quantité phénoménale de paires de baskets qui se trouvent autour de moi. Une catastrophe financière et écologique, dédiée à la vanité. Pour autant, l’addiction est toujours là.