Le travail, le mariage, les insectes, la bière… aucun sujet n’échappe à son humour vache. Yann Marguet, le trublion de Couleur 3, sévit en images et en sons dans Les orties, une chronique qu’il ne veut pas méchante mais… désagréable.
Comment avez-vous atterri à la radio ?
J’ai étudié le droit et la criminologie pendant dix ans à l’université. J’ai mis très longtemps à me rendre compte que je ne finirai pas ma thèse parce que je n’aimais pas vraiment ce que je faisais. Je me suis alors tourné vers l’enseignement – un volet de mon travail d’assistant que j’appréciais particulièrement – avant de me retrouver au chômage. Un ami m’a ensuite fait entrer à Rouge FM. C’est là que j’ai commencé en tant qu’auteur de contenu humoristique. À l’époque, j’écrivais pour les autres. Puis on m’a confié l’antenne une fois par semaine pour assurer une chronique. Puis ils m’ont viré et je suis retourné au chômage. Finalement, j’ai été embauché par Couleur 3 qui m’a demandé de repartir plus ou moins sur le même concept de chronique que l’on a intitulée Les orties.
Comment sont ciselées vos chroniques ?
Les textes sont longs à écrire. Il faut compter entre une grosse demi-journée et une journée pour que toutes les pièces s’assemblent. Ensuite, la recherche d’images et de sons pour habiller la chronique prend bien trois heures. Puis arrive le montage. En résumé, il faut compter près de deux jours de travail pour produire cinq minutes de chronique.
Vous êtes-vous déjà dit « j’étais pas drôle aujourd’hui » ?
Non. Je consacre suffisamment de temps à l’écriture pour ne pas rendre un mauvais boulot. J’ai parfois regretté le choix d’un thème en voyant que ça n’avait pas marché comme je l’espérais. Comme la chronique sur les sondages : à la fin, je me suis demandé si ça intéressait vraiment les gens. En tout cas, je n’ai jamais rendu un texte dont je n’étais pas satisfait.
Avez-vous peur de la page blanche ?
Avec l’expérience, on parvient toujours à trouver un thème. Quand on commence dans ce métier, on a plein d’idées. On se dit : il faudrait faire ci, il faudrait faire ça. Et au bout de trois semaines, on en a fait le tour. À partir du moment où, en partant de zéro, on trouve un sujet d’actualité sur lequel on arrive à écrire l’équivalent de 5 minutes d’antenne, c’est que le métier est entré.
Qu’est-ce qui vous offusque au quotidien ?
La bêtise que je définirais par les affirmations péremptoires et le refus de changer d’opinion ou de ne pas écouter celle des autres. La peur de ne pas être compris est très présente chez les humoristes : un mot ou une blague mal interprétée et le lendemain, vous êtes taxé d’homophobe ou de misogyne. Je suis ouvert à toutes les opinions et j’aime qu’on puisse en débattre.
Vous suscitez forcément de vives réactions…
J’aime à croire que le ton que j’emploie traduit de la dérision et non de l’affirmation. Ça doit marcher car il n’y a pas tant de gens que ça qui me détestent ! J’espère qu’après avoir visionné mes chroniques, personne ne se dit : ce mec-là me prend pour un con. Ce qui n’a pas empêché un gars de m’envoyer des photos d’attentat après ma chronique sur les anti-migrants. À choisir, je préfère avoir des retours positifs…
Trois adjectifs qui vous vont comme un gant ?
Prudent, discret et désorganisé.
Hors micro, vous êtes plutôt vanneur ou râleur ?
Plutôt vanneur mais je râle quand même pas mal. Je dirais 80 % vanneur et 20 % râleur.
Avec qui feriez-vous un selfie ?
Personne ! Je trouve ça super con. Il y a beaucoup de gens que j’aimerais rencontrer mais je ne me sentirais pas de faire un selfie avec eux. Je préfère immortaliser les moments dans ma tête.
Toujours réticent au concept de mariage ?
Je n’empêche personne de se marier mais franchement, je préfère rencontrer un ami autour d’une bière que de passer deux jours à célébrer ses vœux de fidélité. Mais je le répète, je ne suis pas péremptoire. La personne que je suis, au moment où je vous parle, n’est pas prête à passer devant le maire.
Qui aimeriez-vous pousser dans les orties ?
Mémé.
Propos recueillis par Nathalie Truche