C’est un anglicisme de plus qui s’ajoute à notre vocabulaire, mais n’est pas toujours compris. Pour vous nous décryptons l’origine de cette expression de plus en plus répandue dans les médias, et les valeurs qu’elle porte. C'est quoi le wokisme ?
L’origine d’une expression
Le terme Woke Culture s’emploie de plus en plus sur le territoire français, souvent utilisé par des journalistes, mais également des politiciens, et des activistes. Son origine est pourtant américaine, le mot « woke » étant lui-même dérivé du verbe « to wake », signifiant « se réveiller ». Si nous traduisions le terme, il s’agirait en réalité d’une culture du réveil, d’une culture de la prise de conscience. Mais d’où vient son existence ? Tout a commencé dans la langue vernaculaire afro-américaine, un dialecte dérivé de l’anglais américain, qui se distingue notamment par une prononciation au fort accent du sud des Etats-Unis, et qui est donc employé par les noirs américains. En un mot, une langue historique qui trouve sa naissance dans une période d’oppression pour les noirs américains, et qui a perduré dans le temps. Le terme « woke » vise alors à être conscient des injustices qui ont été, ou sont subies, par des minorités, qu’elles soient raciales, sexuelles, religieuses, ou autres. Loin d’être récente, cette expression remonte aux années 1960 et fut même indirectement employée par Martin Luther King qui incitait chacun à « rester éveillé », même si des traces de l’emploi de ce terme pour désigner les inégalités -remonterait jusqu’au début du siècle.
En un mot, la Woke culture n’est pas récente, mais s’est largement développée durant les dernières années, alors que les vagues de violence à l’encontre des noirs américains se sont intensifiées sur le sol des Etats-Unis. En 2014 les manifestations se multiplient suite à la mort de Michael Brown, un jeune noir américain de 18 ans, et les militants anti-racistes incitent alors clairement à littéralement « rester éveillé ». Le terme woke revient alors sur le devant de la scène avec le mouvement Black Lives Matter, et la Woke Culture nait alors.
La woke culture, qu’est-ce que c’est exactement ?
Dans cette mouvance, deux entités s’opposent. D’un côté, les personnes qui s’identifient comme « woke », c’est-à-dire éveillées face aux inégalités, mais également à l’oppression que subissent certains groupes, ne se limitant plus alors aux injustices subies par les noirs américains. La woke culture s’étend, et s’applique à tous les opprimés, de la femme aux émigrants étrangers, en passant par les personnes LGBTQ+. Ces « éveillés » s’opposent donc aux « endormis », qui eux refusent de voir ou d’admettre ces inégalités et iniquités de nos sociétés, qui selon les fervents défenseurs du « woke » sont destructrices pour certaines minorités. Mais loin de se limiter aux inégalités humaines, le mouvement englobe également aujourd’hui la thématique du changement climatique, tout en restant de fervents défenseurs des mouvements féministe #metoo et anti-raciste #BlackLivesMatter. En un mot, la « woke culture » est un mouvement militant qui défend les opprimés et se présente comme « éveillé » face aux injustices de notre monde actuel, mais également aux questions écologiques de notre temps. En soit, il s’agit d’une révolution culturelle qui invite chacun à regarder le présent d’un nouvel oeil, mais également à juger des erreurs du passé. Le militant woke, c’est le nouveau rebelle de notre époque, qui a déclenché une petite révolution pourtant des plus retentissantes. Une culture de l’éveil qui divise, mais réussi à l’un de ses objectifs : faire couler de l’encre.
Un mouvement social qui fait débat
Si de nombreuses personnes saluent cette révolution culturelle et sociale, on pense notamment à la gauche américaine qui a pour ainsi dire misé sur ce mouvement lors des dernières élections, les critiques et débats sont bel et bien existants. La cancel culture, autrement dit culture de l’annulation, est directement dérivée de cette mouvance, et partage. Car si la volonté d’ouvrir les yeux sur des inégalités et injustices bel est bien réels est en soi un acte nécessaire, cette idéologie crée selon certains sociologues et historiens, de nouvelles césures dans la société. Parmi les dérives de cette révolution qui se passe dans la rue, mais également la plupart du temps sur les réseaux sociaux, on remarque notamment le harcèlement que certains acteurs culturels ont pu subir pour des divergences d’opinion. La Woke culture se veut alors mouvement juste et bienveillant, qui envahit à son tour la France avec son idéologie égalitaire où la nuance n’a pas toujours sa place. Une révolution moderne qui malgré tout, peu à peu, semble changer la face du monde.
Aurore de Granier