Révélé par l’émission On n’demande qu’à en rire et le Jamel Comedy Club, Waly Dia a rejoint la bande de Par Jupiter ! sur France Inter. Dans son spectacle intitulé Ensemble ou rien, il décortique l’actualité et les grands sujets sociétaux de notre époque. Avec finesse et provoc’, l’humoriste propose des solutions… à prendre ou à laisser.
Ensemble ou rien, c’est juste un titre ou une conviction ?
Il n’y a pas de point d’interrogation mais c’est une question. Ça veut dire : quel est le choix ? On a envie d’être ensemble ou on a envie que rien ne change ? Je n’impose pas, chacun choisit.
Comment le public ressort du spectacle : optimiste ou pessimiste ?
Je pense qu’il ressort avec, à la fois de l’espoir et de la colère. Mais c’est de la colère saine, c'est-à-dire que j’ai pointé des choses qui lui étaient passées sous le radar et qui là, sont bien présentes devant lui. De quoi pleurer et rire.
C’est le Jamel Comedy Club qui m’a donné le déclic
En quoi le spectacle a évolué depuis les premières représentations ?
Il s’est affiné, précisé. Il dure plus longtemps, quasiment deux heures. Plus les mois et les années passent, plus il y a de choses à ajouter. On est dans un monde en mouvement, il faut le suivre.
Vous sollicitez beaucoup les spectateurs. L’impro, ça vous plaît ?
Oui et non. J’aime me servir de l’impro pour créer. Me mettre en danger, être obligé de sortir des vannes dans l’urgence, j’adore ça. Mais l’impro pour, entre guillemets, faire du découpage de public, j’aime bien mais ce n’est pas mon truc. Je trouve que c’est une ficelle un peu désuète.
Vous ne vous êtes jamais laissé désarçonner par un spectateur ?
Oh si, c’est arrivé plein de fois. En général, se faire désarçonner est déjà drôle. Il faut assumer le fait que des gens ont des fulgurances plus fortes que soi. Ça ne signifie pas qu’on est un mauvais humoriste mais sur l’instant, il faut accepter que la personne ait dit quelque chose de drôle.
Vous serez à Genève le 6 avril prochain. Adaptez-vous le spectacle au public ?
Complètement. La Suisse fonctionne différemment de la France et en même temps, je sais que ce public est attentif à ce qui se passe chez nous. Le spectacle se trouve à mi-chemin entre les deux : je commente ce qui se passe dans les deux pays, je compare. Et je vais davantage dans l’impro, en posant des questions aux spectateurs. Le show qui se déroulera à Genève sera forcément unique, aucun autre ne lui ressemblera.
Votre souvenir de scène le plus marquant ?
J’en ai tellement… Il n’y a pas un moment fort en particulier. Ce qui me marque à chaque fois, c’est la connexion qu’on arrive à créer avec les gens. J’ai vraiment l’impression de me trouver dans une famille où tout se passe bien. Il y a des familles où les choses se passent mal mais j’ai l’impression que celle que je me suis créée ne me quittera pas. C’est ce sentiment qui est puissant.
Je suis libre, je fais ce que je veux
La tournée se finit en 2023. Comment abordez-vous la dernière ligne droite ?
Avec Ensemble ou rien, je tourne depuis trois ans. Cette dernière ligne droite est un vrai plaisir parce que c’est la fin d’une aventure et en même temps, c’est la preuve qu’on s’est compris avec le public, qu’on s’est trouvé. Maintenant, on est parti ensemble pour des années. C’est la fin et le début à la fois.
Vous travaillez déjà sur un prochain spectacle ?
Oui, j’ai déjà enclenché l’écriture parce que je n’ai pas envie de m’arrêter. Je me rends compte que je suis dans une bonne dynamique. Avec mon co-auteur, on se sent bien, on a un bon rythme et on est en pleine possession de nos moyens. Ce serait trop bête de faire une pause et de perdre cette énergie.
Quel est le fil conducteur du prochain spectacle ?
Je ne le connais pas moi-même ! Mais pour résumer, je serai encore plus énervé parce que rien ne s‘est arrangé depuis mon spectacle actuel.
Vous avez toujours voulu être humoriste ?
Pas du tout. J’ai toujours écouté beaucoup de spectacles d’humour mais j’ai mis du temps à me dire que je pouvais le faire. C’est le Jamel Comedy Club qui m’a donné le déclic, quand j’ai vu des gens avec lesquels je pouvais m’identifier, je me suis dit qu’il y avait peut-être une vérité pour moi là-dedans.
À la radio ou sur scène, vous dites toujours ce que vous avez envie de dire ?
Toujours. C’est ça qui est vraiment, vraiment, vraiment bien dans cette émission sur France inter. Je suis libre, je fais ce que je veux, et sur scène aussi puisque je n’ai aucune autorité au-dessus de moi.
Vous ne vous fixez jamais de limites ?
Ma limite, c’est la mienne. Parfois je veux dire quelque chose et je me rends compte que ce n’est pas précis, que c’est gratuit ou que c’est faux. Je peux faire des erreurs de jugement, donc ma limite se trouve là, dans la véracité de ce que je raconte. Pour moi, l’humour est injugeable. Si on a peur de quoi que ce soit, on ne fait rien. Je me demande juste si ce que je dis a une valeur ou si ça ne s’appuie sur rien. Généralement, un texte qui ne s’appuie sur rien ne fait pas rire.
À force de travailler sur les sujets d’actualité, vous ne vous faites pas vampiriser par l’atmosphère anxiogène ?
Un peu. C’est pour ça que je m’autorise des pauses, deux ou trois semaines sans chronique pour pouvoir faire autre chose, écrire sur des sujets différents. Sans quoi, on peut devenir prisonnier de l’actu et faire des vannes éphémères, qui manquent de profondeur. C’est de la réaction et je n’ai pas envie de rester dans la réaction toute ma vie.
Quel est votre rêve ultime ?
De continuer ce que je fais, de poursuivre dans cette voie qui semble bien engagée. De ne pas avoir besoin de changer de travail pour manger. Garder ce métier toute ma vie, c’est ça mon rêve.