En têtes des ventes de livres depuis sa sortie aux éditions Albin Michel le 21 août, le nouveau roman d’Amélie Nothomb crée encore une fois l’émulation autour de son sujet pour le moins original, les derniers instants de Jésus racontés par le Christ lui-même.
Le livre débute par le procès de Jésus de Nazareth, son juge Ponce Pilate fait se succéder à la barre quelques uns des miraculés du prophète et tous, sans exception, vont incriminer ce dernier et le rendre responsable des « maux » leur étant arrivés suite au prodige. On assiste alors à une parodie de justice, à l’issue de laquelle Jésus sera condamné à la sentence que tout le monde connaît, la crucifixion. Esprit incarné dans un corps humain, en tant qu’homme, il fait alors l’expérience de la solitude au fond de sa minuscule cellule et repense à sa vie en attendant d’être exécuté dès le lendemain.
Au delà de la religion, au delà des dogmes, Amélie Nothomb livre ici un roman aux accents philosophiques, faisant preuve d’une connaissance théologique sans faille. Mais ici, ce n’est pas l’histoire telle qu’elle nous a été racontée mais plutôt une interprétation de l’écrivaine, loin des évangiles canoniques (ceux retenus pour la liturgie) mais plutôt inspirée des récits faits dans les évangiles dits apocryphes ( = dont l’authenticité n’est pas établie ), qui seront plus tardifs dans la chronologie. Malgré son style en apparence léger, ses curiosités sémantiques (« hypnagogique ») et quelques digressions déconstruisant les mythes bibliques, Amélie Nothomb ne blasphème jamais.
La notion d’incarnation sera au centre de ce roman, avec celle du Christ. Il est humain avant tout, incarné plus peut-être qu’aucun d’entre nous, amoureux de Marie-Madeleine, ressentant les émotions de peine, colère, regret, déception comme tout un chacun. Souffrant physiquement mais également, jouissant de chaque plaisir que l’humanité offre. La faim, la soif, dormir, autant de choses banales mises en exergue par le condamné se rappelant aux douces sensations éprouvées par ces actes.
Le 28ème opus de la romancière tiré à 180 000 exemplaires est encore en lice, dans la deuxième sélection, pour le prix Goncourt. Elle n’avait pas été retenue dans la première liste du Goncourt depuis « Une forme de vie » en 2010, ce qui constitue un bel espoir pour Nothomb. Peu importe pour l’autrice belge, adulée autant que critiquée, qui qualifie ce roman comme étant le « livre de sa vie ».