Après quelques semaines de votes, c’est logés dans un mouchoir de poche que les trois gagnants ont émergé. Le samedi 7 mai, les bibliothécaires de la médiathèque Quai des arts, partenaire de l’événement, ont mis fin au suspense lors de l’ouverture du festival Sevrier BD.
Pour ce premier Prix Splash, dix albums avaient été sélectionnés par un comité comprenant des membres des équipes de Sevrier BD et de la médiathèque Quai des arts de Rumilly. Très investis et curieux dès la présentation des ouvrages à la médiathèque, quelques 150 lecteurs ont rendu leur verdict.
En haut du classement, on accueille un des plus gros succès de l’année. La Bibliomule de Cordoue, du scénariste Lupano et illustré par Chemineau est un imposant album de plus de 250 pages. Cela n’a pas intimidé les lecteurs ! C’est vrai qu’il est beau : une tranche bleu vif, des dorures et un joli signet pour marquer sa page ; c’était ce qu’il fallait à cette BD hymne d’amour aux livres et à la lecture ! L’histoire, à la fois sérieuse, drôle et en grande partie véridique, narre les aventures d’un bibliothécaire de Cordoue à la fin du Xème siècle. Alors que la dynastie des Ommeyades règne notamment sur l’Espagne et fait rayonner tous les savoirs et les arts, le calife Hakam II meurt subitement. Sa mort aura de nombreuses conséquences, notamment un raidissement religieux qui nous amène directement à la première scène de l’album. Averti qu’un autodafé se trame, le bibliothécaire aidé de deux amis charge tout ce qu’il peut de livres précieux sur une mule peu obéissante. Plus de 200 pages de péripéties à travers l’Espagne du Xème siècle, en plein cagnard avec une bestiole peu commode. On est quelque part entre Les mille et une nuits et les Monty Python.
La Bibliomule de Cordoue, de Wilfrid Lupano (sc.) et Léonard Chemineau (ill.), ed. Dargaud, 35€.
Plus d’infos : bdfugue.com/la-bibliomule-de-cordoue
C’est l’un de nos chouchous de l’année déjà longuement chroniqué dans ces pages qui s’est positionné sur la deuxième marche ! Le Poids des héros, BD d’une beauté hors normes dans laquelle David Sala raconte ses souvenirs d’enfance a su toucher un très large public. Dans cet album intimiste, il relate avec beaucoup d’émotion ce que c’est de grandir entouré de ses grands-pères, tous deux héros de la guerre d’Espagne et de la résistance. Comment vivre normalement comme un petit garçon qui ne pense qu’au foot et aux jeux-vidéos quand on a ces figures tutélaires au-dessus de la tête dans son arbre généalogique ? Assurément une des lectures les plus marquantes de cette année. Un uppercut visuel et émotionnel dont on ne se remet pas tout de suite !
Le poids des héros, de David Sala, ed. Casterman, 24€.
Plus d’infos : bdfugue.com/le-poids-des-heros
Sur la troisième marche, un auteur que l’on admire depuis toujours pour son talent et sa gentillesse inouïs, Grégory Panaccione ! Parmi ses albums parus l’an dernier, c’est Quelqu’un à qui parler qui a trouvé le plus d’écho auprès des lecteurs. Avec cette histoire tirée du roman de Cyril Massarotto, il a su parler à tous. En effet, il n’est pas donné à tous de discuter au téléphone avec l’enfant qu’on était à 10 ans. Cette BD a dû en faire cogiter plus d’un sur les espoirs déçus de notre enfance et les bilans à tirer… Avec toute la tendresse nécessaire, alliée à la délicatesse du sujet et comme toujours une illustration des plus douces et réconfortantes, Panaccione a su s’adresser habilement aux nous de tous les âges.
Quelqu’un à qui parler, de Grégory Panaccione, ed. Le Lombard, 22,50€
Plus d’infos : bdfugue.com/quelqu-un-a-qui-parler
Gaëlle Poirier