Publié le 6 février 2023
L’ECREVIS : un concert grec dans l’ancienne menuiserie d’Annecy
Crédit photo : © Clémentine Gras

L’ECREVIS : un concert grec dans l’ancienne menuiserie d’Annecy

Baglava, ancienne menuiserie et prix libres
Musique, Art
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Concert, Chant traditionnel, Découverte

18h28. Une trentaine de personnes sont rassemblées à l’ECREVIS, ancienne menuiserie devenue le local du collectif. Ce dimanche 5 février, une bonne odeur de pizza plane dans l’air tandis que des bribes de conversations occupent la pièce. Elle se remplit soudain d’un agréable son, une suite d'accords mêlant le bouzouki, la guitare, le oud, le baglamas ainsi que des percussions. Le bouzouki et sa version de taille réduite (le baglamas) sont des instruments traditionnels à cordes pincées très répandus en Grèce. Retour sur cette soirée insolite à Annecy.

Le Rebetiko, [ ... ] un peu comme notre blues à nous.

Crédit photo : Le groupe Pnevmatiko à l'ECREVIS. © Clémentine Gras

Les 5 membres du groupe grec “Pnevmatiko” sont perchés sur des chaises en bois. “Pnevma”, comme l’”esprit en français” murmure Claudine entre deux pas de danse. Elle remet ses petites lunettes puis précise avec malice : “ils jouent du Rebetiko, un style de musique typique de Grèce. Un peu comme notre blues à nous.” Sa comparse Marie-José se joint à la conversation précisant les avoir “déjà vus deux fois”. Ancienne habitante du pays, Claudine s’exclame alors en sortant son téléphone : “nous aussi on a de bons groupes traditionnels, regarde, mes amies d’Athènes n’en reviennent pas !”. Comme les deux amies, beaucoup ici sont venus grâce aux bouches à oreilles.

“Un lieu alternatif et communautaire”

L’ECREVIS voit le jour en 2018, au terme d’une recherche pour ce lieu idéal, celui qui accueille depuis 5 ans un projet communautaire porté par un collectif d’activistes du changement. Niché à Meythet, une partie du lieu est « loué » à des indépendants et artistes qui sont invités à participer de façon consciente au loyer en contribuant à hauteur de ce qu’ils peuvent donner. “Il y a un côté alternatif, empli de bonnes intentions” partage Amélie en écoutant les notes de deux bouzoukis, bonnet vert vissé sur la tête. C’est alors qu’à la gauche de cette scène improvisée, Solène commence un chant polyphonique, accompagnée par les musiciens. L’espace d’un instant, les gobelets emplis de bière se figent et tous les regards se tournent vers eux. Certains curieux ont pris place à même le sol de béton, assis en tailleurs. Ils regardent avec amusement les partitions posées sur le tapis.

ils montrent qu’une autre façon de fonctionner est possible

Crédit photo : Le public autour de la scène improvisée. © Clémentine Gras

Les discussions vont de bons trains alors que le deuxième morceau issu de la musique traditionnelle des années 30 touche à sa fin. “VIOLETA” crie Christine, pizza à la main, alors qu’un nouveau chant résonne. La bénévole tient sur un bout de carton une copieuse “Légumes” faite maison. La femme en question se précipite pour récupérer sa commande. Entre deux bouchées, elle partage : “ils montrent qu’une autre façon de fonctionner est possible”. Violetta vient à fréquence variable écouter ces artistes jouant, bien souvent, au chapeau. Dans la pièce d’à côté, une friperie à prix libre est proposée. La bibliothèque participative est un peu plus loin sur la droite, à l’autre bout du hangar. De quoi s’occuper entre les différents morceaux de musique.

Chacun peut acheter un bout de l'ECREVIS !

“La Marmelade”

Afin que tout le monde puisse proposer une soirée culturelle, le collectif lance “La Marmelade”. Chaque premier dimanche du mois, l'événement accueille une programmation culturelle surprise. Groupes, DJ set, magie… il y en a pour tous les goûts.

“J’ai été l’un des premiers à participer” sourit Maxime dans sa doudoune sans manche. Debout avec son ami devant le concert, le saxophoniste n’est pas un habitué, mais apprécie venir “dans ce lieu d’accueil festif”. Pnevmatiko continue d’enivrer le public, jouant toujours plus vite tandis que le stand boisson tourne à plein régime. Tenus par des bénévoles (car ici, tout se fait bénévolement), boissons chaudes et jus y sont proposés à prix libre. Pour la bière, le prix conseillé est de 2,50€. Un concept “vraiment génial” pour Nicolas qui hoche la tête en rythme, gobelet à la main. La musique se mélange désormais aux pièces de monnaie derrière le comptoir improvisé.

“Le collectif s’autogère. C’est un endroit fragile financièrement” rappelle Clémentine, photographe et bénévole depuis mars. Une pancarte rappelle que l’asso récolte des dons pour racheter le local, désormais en vente : “Chacun peut acheter un bout de l'ECREVIS !” conclut-elle alors qu’une salve d'applaudissements retentit dans le hangar. Les musiciens grattent leur dernière note. Voilà deux heures que le concert à débuté pourtant une demi-heure à peine semble s’être écoulée. Les conversations ont repris de plus belle, preuve que le public ne compte pas partir de sitôt. Décidément, l'ECREVIS ne cesse de surprendre dans ce lieu unique en perpétuel mouvement.

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