Plutôt habitué à faire rire son public, Panayotis Pascot livre ici une autobiographie à cœur ouvert d’un jeune homme qui se cherche et se confronte à des combats interpersonnels sur l’essence de sa personne propre.
Tout me frôle, passe tout près, mais ne me touche jamais.
Commencé il y a quatre ans, le roman dépeint d’abord son besoin d’émancipation face à l’influence du père pour devenir un homme à part entière. Gravitant entre souvenirs d’enfance et d’adolescence avec instant présent, le jeune auteur tente aussi de trouver un sens à la relation qu’il entretient avec sa figure paternelle.
Son homosexualité, qu’il n’ose pas s’avouer, devient alors le mot responsable de son désarroi avec les femmes. Panayotis explore également la complexité à comprendre ses sentiments et avant tout, à les accepter.
À travers le récit de ses romances cachées et intimes sur un air de Franck Ocean, le jeune écrivain partage les détails de son intimité. Avec des mots profondément sincères, il se dévoile en se mettant à nu, littéralement. Dans sa plus pure vérité, il traite surtout d’interrogations universelles de tout être en quête de soi-même, à un âge charnière qu’est l’adolescence et le passage à l’âge adulte. Une véritable découverte de sa sexualité qui passe par les mots, mais avant tout, par le cœur.
Sa main sur ma cuisse. Je fixe la télé, mais je ne regarde pas le film. J’ai honte. Je trouve ça ridicule. C’est moi qui devrais avoir la main sur sa cuisse. Et lui, il devrait être une fille qui se met du vernis rouge en ricanant.
Les lecteurs se retrouvent, par ailleurs balayés de plein fouet par l’engrenage de sa dépression avec une référence, un point de départ anodin en apparence, mais sous-jacent d’un mal être profond : « Six ans plus tard, je comprendrais que la dépression s’immisce grâce à cette pensée. À quoi ça sert de faire mon lit, je vais le défaire ce soir ? Si on laisse cette pensée gagner, on est foutu… (Après c’est pourquoi voir mes amis, je pourrais les voir plus tard, pourquoi manger je vais chier, pourquoi tomber amoureux un de ces quatre on va rompre.) » S’en suivent des insomnies à chercher sans cesse « les pourquoi du comment ? » Seul mettre ses pensées sur le papier l’autorise à dormir.
Écrire autre chose que des blagues devient sa thérapie, un moyen de « se laver » en se débarrassant de ses angoisses et doutes, comme pour se sentir vivant à nouveau : « Je ne sais pas si j’existe, là, maintenant, ici, mais je suis sûr que j’existais il y a quelques jours vus que j’écris ce que j’avais dans le bide à ce moment-là. »
Déjà considéré comme le succès de la rentrée littéraire 2023, « La prochaine fois que tu mordras la poussière » nous expose un point de vue masculin sur une période de vie tourmentée. Un roman rafraîchissant et touchant de sincérité qui va à contre sens des stéréotypes : terrassant les préjugés de la masculinité jamais vulnérable et hermétique aux montagnes russes émotionnelles de la vie.