Publié le 2 septembre 2024
Jérémy Charbonnel, de gendre idéal à comédien audacieux dans 'SEUL TOUT'
Crédit photo : © Lisa Levy
Interview

Jérémy Charbonnel, de gendre idéal à comédien audacieux dans 'SEUL TOUT'

en tournée avec son nouveau spectacle
Spectacle
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Interview

Jérémy Charbonnel s’apprête à démarrer la tournée de son nouveau spectacle, SEUL TOUT. Connu pour son humour piquant et son charisme indéniable, Charbonnel dévoile dans ce spectacle une facette plus audacieuse, alliant ironie, autodérision, et observations fines de notre société. Rencontre.

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Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir comédien ?

Franchement, c’était un rêve de gosse ! J’ai neuf et onze ans d’écart avec mes deux grands frères, donc autant dire que j’étais leur cobaye attitré. Quand j’étais môme, ils regardaient « Les Nuls, l’émission ». Je pigeais pas tout, mais je savais que c’était marrant, surtout en voyant mes frères se marrer comme des baleines. C’était magique de voir à quel point on pouvait faire rire les gens avec juste des bêtises. Du coup, pendant les repas de famille, je faisais mes petites parodies du JT des Nuls avec mes cousins, et j’écrivais des sketchs. L’envie d’être comédien est née là. Et puis bon, après tu grandis, et à l’adolescence, tes parents commencent à te dire de passer ton bac, de faire des études sérieuses et tout et tout. Et à 20 ans, je me retrouve dans une école de commerce et je me dis : « Mais qu’est-ce que tu fous là ? T’es vraiment pas à ta place, mon gars ! » Alors j'ai dit adieu à cette école et direction Paris ! Je me suis dit que quitte à être fauché, autant l’être en faisant ce qui me fait marrer. Et c’est là que l’aventure a commencé !

Et ensuite ?

Et ensuite ? Ah, c'est là que ça devient intéressant ! Petit à petit, je me suis lancé dans l’écriture de sketchs, j'ai commencé une formation d’impro à la Ligue Française d’Improvisation. En 2011, j'ai intégré la troupe d’impro Les Colocataires. Pendant ce temps, je jouais aussi dans une petite salle parisienne, où j’ai présenté mon tout premier spectacle : L’homme idéal ou juste un gros connard ?

Ensuite, j’ai sorti Fils de, un spectacle que j’ai joué au Point Virgule et qui, contre toute attente (ou pas), vraiment bien marché. En parallèle, j’ai aussi fait mes premiers pas en tant qu’acteur en 2012 avec un petit rôle dans le biopic Cloclo. Et tout à commencer à s’aligner… parce que j’avais planté pas mal de graines un peu partout !

Par rapport à ton premier spectacle, comment te sens-tu maintenant avec « Seul tout » ?

Je me sens beaucoup plus sincère. Il faut du temps pour bien se connaître. Le métier d’acteur sur scène, c’est un énorme développement personnel. Pour pouvoir dire ce que tu dis, il faut quand même un minimum te connaître et avoir fait une petite introspection personnelle. Je dirais que mon premier spectacle, L’homme idéal ou juste un gros connard, c’est le gamin de 20 ans qui a envie de faire rire, qui y va, qui tente tout, qui ose tout, parfois en s’éloignant de soi. Et surtout qui n’a aucune expérience. La version d’aujourd’hui est plus proche de moi. Celui-là est tellement sincère. Toutes les thématiques dont je parle dans le spectacle sont ce que je vis aujourd’hui : marié, un enfant, divorcé, le fait d’avoir choisi une autre vie que celle qui était prédestinée par mes parents…

On te disait « pourri gâté » pendant ton enfance. Est-ce que ce statut t'a aidé à te sentir à l'aise sur scène, ou au contraire pas du tout ?

Pas du tout ! Au contraire, ça m’a donné une fausse confiance en moi. Élevé dans une sorte de cocon, dans mon village à Saint-Cyr près de Lyon, j’étais dans une sorte de microcosme doré, pas dans la vraie vie. Il a fallu que je quitte mon foyer et que j’aille me confronter à une sorte de réalité, la vraie vie quoi ! C’est ce que j’essaie de faire avec mon fils, qui n’a que 4 ans et demi. Je lui dis d’explorer, de voyager, d’apprendre et de se confronter au monde. Parce que la vraie vie, ça te forge !

Dans la vie, tu es plutôt « Improvisation » ou as-tu toujours un plan de secours ?

L’improvisation fait vraiment partie de ma vie, car c’est quelque chose que j’adore ! Pourtant, dans la « vraie » vie, j’essaie toujours d’avoir un temps d’avance. Mais c’est avec mon fils que j’improvise le plus. Lui, par nature, vit pleinement l’instant présent. J’essaie donc de me mettre à son niveau, de l’écouter et de laisser de la place à ses émotions d’enfant. 

C’est un équilibre subtil, presque imperceptible, entre le charme et l’arrogance…

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Par exemple, s’il me dit qu’il veut faire du vélo à Paris à 10h du matin, même si je n’en ai pas vraiment envie, je me dis : « Allez, on y va ! »  Ça me permet de me connecter à son univers, de toucher du doigt cette temporalité unique des enfants… qui s’émerveillent de tout, pendant que nous, on est souvent un peu blasé.

Ton premier spectacle s’appelait « L’homme idéal ou juste un gros connard ? ». Alors, qu’est-ce qui fait, selon toi, la différence entre l'homme idéal et le gros connard ?

(rires) Ce qui m’intéresse, c’est justement cette dualité entre les deux. J’ai le physique du gendre idéal, mais entre ce dernier et le « gros connard », la frontière est souvent mince. L’homme idéal, c’est l’image du jeune bien sous tous rapports, et ça, je n’y peux rien, je suis né avec cette tête. Mais ce qui est intéressant, c’est ce petit côté connard qui peut surgir à tout moment. C’est un équilibre subtil, presque imperceptible, entre le charme et l’arrogance… et c’est là que tout se joue !

Dans « Seul tout », tu parles d’un « mec un peu lâche qui décide de prendre des risques ». Est-ce que ce personnage, c’est toi ou toi qui tentes de te glisser dans un personnage plus audacieux que toi-même ?

C’est un peu des deux. Le mec un peu lâche, c’est moi quand j’hésite à prendre des risques, mais c’est aussi moi quand je décide de sauter dans le vide. Dans Seul Tout, je me suis vraiment permis d’explorer cette partie de moi qui hésite, mais qui finit par foncer. Le personnage est plus audacieux que moi,

mais c’est ce qui me pousse à l’être encore plus dans la vraie vie.

Tu évoques dans ce spectacle ton rêve de jouer à l’Olympia. Est-ce un rêve qui te semble de plus en plus accessible avec le temps ?

Ce qui compte vraiment, c’est le chemin, pas seulement l’arrivée, et surtout le plaisir qu’on prend en route ! Jouer à l’Olympia en solo, c’est le rêve de tout artiste, bien sûr. Mais ce qui fait la beauté de ce rêve, c’est tout ce qui se passe avant d’y arriver. Bon, je pourrais toujours louer la salle et dire que j’ai fait l’Olympia, mais l’idéal, ce serait quand même de vendre quelques billets !

Toutes les thématiques dont je parle dans le spectacle sont ce que je vis aujourd’hui.

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Quelles sont tes influences, ou l’artiste qui t’a le plus marqué, que ce soit au cinéma, au théâtre ou dans d'autres domaines ? (À part les Nuls, dont tu m’as déjà parlé tout à l'heure.)

J'adore Robin Williams. Que ce soit dans Madame Doubtfire, Hook, Le Cercle des poètes disparus, ou Will Hunting, il a toujours su incarner des rôles avec une sensibilité dingue Pour moi, c'est l'acteur qui a réussi à toucher quelque chose de profondément humain, à la fois drôle et tellement émouvant ! Il représente aussi le père que je n'ai pas eu, figure à la fois bienveillante et inspirante. Son jeu, sa capacité à nous faire passer du rire aux larmes, c'est une influence qui m'accompagne depuis toujours.

Et maintenant, quelques questions légères pour mieux te connaître ! L’idée est de répondre sans réfléchir, en mode « tac au tac » :

• Si tu étais un objet ? Une gourde... parce que j’en ai une dans la main, là.

• Un film ? « Madame Doubtfire »

• Une série ? « Friends », évidemment !

• Une chanson ? « Que je t'aime », parce que je l’ai entendu pendant tous les JO de Paris !

• Un pays ? La France !

• Un livre ? « L'Alchimiste » de Paulo Coelho

• Une chanteuse ? Taylor Swift. Elle m'a scotché en concert récemment

• Un animal ? Une panthère. Je ne sais pas pourquoi
j’ai dit ça.

• Une plante ? Une orchidée. Parce que c'est joli, délicat...

• Une saison ? Le printemps, c'est clair !

• Un super-pouvoir ? La téléportation, à 200% !

• Un dessert ? Un fondant au chocolat. Parce qu'un moelleux, on est souvent déçu.

• Une qualité ? La gentillesse. Parce que c’est important la gentillesse non 

• Une insulte ? La putain de te ta race (rires)

• Une émotion ? La tristesse. Parce qu'elle inspire, et puis, soyons honnêtes, quand on fait de l'humour, c'est souvent pour cacher un truc !

Propos recueillis par Carole Cailloux

Jérémy Charbonnel sera sur scène :
- les 1er et 2 novembre au Caustic Comedy Club de Genève
- le 7 décembre au Théâtre de l'Ouest à Lyon
- les 7, 8 et 9 février 2025 au Théâtre des Têtes de l'Art à Annecy

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