Loin des couloirs feutrés du Grey Sloan Memorial Hospital, Ellen Pompeo endosse un rôle aussi inattendu que troublant dans Good American Family, la nouvelle série dramatique disponible depuis le 16 avril sur Disney+. Inspirée d’un fait divers aussi fascinant que dérangeant — connu sous le nom de "la naine psychopathe" — cette fiction plonge le spectateur dans l’une des affaires judiciaires les plus énigmatiques des années 2010. À l’instar de Monstres : Les frères Menendez ou The Act, Good American Family fascine autant qu’elle dérange. Et comme souvent dans ce type de récit : impossible de détourner les yeux.
ENTRE DOUTE, SUSPICION ET DESCENTE AUX ENFERS
La série suit un couple du Midwest américain : Kristine Barnett, responsable d’un centre d’accueil pour enfants en situation de handicap, et son mari Michael, gérant d’un magasin. Le couple décide d’adopter Natalia, une fillette ukrainienne de septs ans atteinte d’un rare type de nanisme, abandonnée à plusieurs reprises par le système. Kristine et Michael l’intègrent avec enthousiasme à leur foyer déjà composé de trois enfants biologiques, dont l’un est atteint du syndrome d’Asperger.
Mais très vite, le doute s’installe : Natalia est-elle vraiment une enfant ? Ou dissimule-t-elle une tout autre identité ? Kristine, mère dévouée et en apparence irréprochable, se persuade peu à peu que l’enfant représente une menace pour l’équilibre familial. Et lorsqu’elle commence à soupçonner que la fillette ment sur son âge, la mécanique de la peur s’emballe. Une peur irrationnelle, quasi obsessionnelle, qui la pousse à prendre des décisions aux conséquences terribles.

UNE HISTOIRE VRAIE, AUSSI INCROYABLE QUE CONTROVERSÉE
Le scénario de la série s’inspire directement du cas réel de Natalia Grace, qui a défrayé la chronique aux États-Unis. Adoptée par la famille Barnett en 2010, la fillette est rapidement soupçonnée de dissimuler sa véritable identité. Selon ses parents adoptifs, elle ne serait pas une enfant de sept ans, mais une adulte malintentionnée. Ils accusent Natalia d’adopter des comportements inquiétants, voire sociopathes, et finissent par obtenir une décision de justice modifiant sa date de naissance : de 2003 à… 1989. Une manipulation judiciaire sidérante qui efface 14 années de vie d’un trait de plume.
Abandonnée par le couple, Natalia est ensuite recueillie par une autre famille, les Mans. Cynthia Mans, sa nouvelle tutrice, soupçonne alors Kristine Barnett d’avoir été influencée par Esther, un film d’horreur sorti en 2009, où une enfant adoptée s’avère être une femme adulte psychotique. Un parallèle troublant qui aurait pu alimenter l’hystérie paranoïaque de Kristine. Cynthia intente alors une procédure contre les Barnett, les accusant de négligence envers une enfant mineure. Natalia, quant à elle, y trouve enfin l’occasion de livrer sa propre version des faits.

UN TEST ADN POUR RÉTABLIR LA VÉRITÉ
En 2023, un test ADN commandé dans le cadre de l’enquête estime l’âge de Natalia à environ 22 ans, validant ainsi ses dires initiaux : elle aurait bel et bien été une enfant en 2010. Autrement dit, les Barnett auraient abandonné une fillette de huit ans, seule dans un appartement, persuadés — à tort — d’avoir affaire à une manipulatrice adulte. Malgré cela, ils ont été respectivement acquittés en 2022 et 2023. L’enquête a même permis de retrouver la mère biologique de Natalia, Anna Volodymyrivna Gava, installée en Lettonie.
UNE FICTION PUISSANTE, SERVIE PAR UN CASTING REMARQUABLE
Good American Family adapte cette affaire avec sobriété et intensité. Ellen Pompeo, bouleversante dans le rôle de Kristine Barnett, prouve qu’elle est bien plus qu’un visage familier de la télévision médicale. À ses côtés, Mark Duplass (The Morning Show) incarne un père déchiré, pris dans un engrenage judiciaire et émotionnel inextricable. La série, composée de huit épisodes, mêle drame familial, tension psychologique et réflexion sur les failles du système d’adoption américain.
À découvrir dès maintenant sur Disney+ : un récit sombre, nécessaire, et captivant.