Salomé

Salomé

En 1904, Richard Strauss s’empare de cette histoire, inspirée par la pièce d’Oscar Wilde. Deux scènes particulièrement audacieuses en marquent l’originalité : la danse des sept voiles, qui dénude Salomé, et le baiser morbide qu’elle dépose sur la tête coupée de Jokanaan. Dès sa création à Dresde en 1905, cet opéra choque par son audace, soutenue par la partition intense et colorée de Strauss, mêlant sons orientaux et orchestrations voluptueuses.

Avec Salomé, Strauss atteint un point décisif dans sa carrière, ouvrant la voie à d’autres œuvres d’inspiration antique et tragique, comme Elektra en 1909. Aujourd’hui, Kornél Mundruczó, metteur en scène et réalisateur hongrois, renouvelle cette production au Grand Théâtre de Genève. Après ses collaborations sur L’Affaire Makropoulos de Janáček (2020) et Sleepless d’Eötvös (2022), Mundruczó, prend la scénographe Monika Pormale comme coéquipière. Il transpose l’histoire dans un cadre contemporain où la famille d’Hérode évolue dans un penthouse luxueux, évoquant une Babylone moderne. Jokanaan devient un étranger, un être menaçant pour l’ordre établi, et l’ensemble est plongé dans une atmosphère surréaliste digne de Buñuel.

La musique de Strauss, dirigée par le chef finlandais Jukka-Pekka Saraste, sera magnifiée par l’Orchestre de la Suisse Romande. Olesya Golovneva, interprétant Salomé, incarnera le rôle avec un timbre envoûtant et des aigus cristallins. Gábor Bretz reprendra avec intensité le rôle de Jokanaan. Enfin, Tanja Ariane Baumgartner incarnera Hérodiade, une mère au caractère excessif et décadent, ajoutant une nouvelle dimension à cette fresque lyrique.