Neal Black et Fred Chapellier

Lorsque deux magiciens tels que Neal Black et Fred Chapellier s’unissent pour nous cuisiner un gumbo blues aux saveurs aussi explosives, il n’y a qu’une chose à faire, se poser dans le doux cocon, se mettre à table, ouvrir grand les oreilles et les yeux.

Des guitares qui claquent dans le vent et font couler un vent brûlant sur des silhouettes évanescentes, des cordes que l’on caresse jusqu’à l’ultime souffle, des voix chaudes, troublantes, qui sentent la route et les illusions perdues, des mélodies métisses qui viennent remuer des émotions que l’on pensait avoir cachées au plus profond de soi, qu’on le conjugue en anglais ou en français, le blues est toujours la musique d’un monde qui ne fait pas de cadeau, de vies cabossées et de routes désenchantées. Qu’elles arpentent les highways du sud des Etats-Unis ou les chemins de traverse hexagonaux, les notes déchirantes de ces mélodies cathartiques prennent aux tripes de la même façon, peu importe d’ailleurs qu’elles se fassent lancinantes, sombres ou montent sur des chevaux ardents. Il arrive même, parfois, qu’elles permettent à deux univers, deux artistes, deux sensibilités, de se rencontrer, histoire de partager leurs univers, quelques instants ou sur le long terme, à grand renfort de riffs électrisants. Ainsi, comme une évidence, les chemins du texan Neal Black et du français Fred Chapellier ne pouvaient que se croiser et, de la confrontation de leurs parcours et univers, donner naissance à l’une des plus enthousiasmantes expériences blues-rock de ces dernières années. Voix rocailleuse et boogie texan haute tension pour le premier, spontanéité et mélodies aux accents funk et soul pour le second, la rencontre des deux sonne comme la promesse de sensations inédites, de furieux duels guitaristiques en permanence sur le fil du rasoir, d’échappées belles au long cours rythmées par un blues rauque au souffle chaud.