Wonder Wheel

Avec une carrière de plus de 50 ans et presque autant de films réalisés, Woody Allen a toujours cherché à redéfinir les termes de son art, et c’est ce qu’il va prouver une fois encore avec son nouveau film, Wonder Wheel. Produit par Amazon Studios, ce long-métrage, qui tient son nom de la fameuse grande roue de Coney Island, réunit au casting Kate Winslet, Justin Timberlake, Juno Temple et James Belushi.

L’action se passe dans les années 50, à Coney Island, située à l’extrême sud de Brooklyn. Mickey (Justin Timberlake) est un maître-nageur-aspirant-scénariste à l’imagination débordante qui nous raconte une histoire :
il évoque son amour pour Ginny, ancienne comédienne au caractère changeant (Kate Winslet), devenue serveuse. Belle et intrigante, elle est, à son grand désespoir, mariée. Son époux, Humpty (James Belushi), est un technicien de manège un peu bourru. Leur quotidien se trouve bouleversé quand la fille de Humpty (Juno Temple), née d’une précédente union, vient trouver refuge chez eux pour échapper à des gangsters.
Cette situation va donner lieu à des histoires délicieusement compliquées entre les personnages, que Woody Allen détaille avec tout le brio qu’on lui connaît. « Quand il s’agit d’amour, les gens réagissent de manière extrême. J’aime étudier leurs comportements. Le personnage de
Kate Winslet est une femme sans histoire, qui s’ennuie, et qui va retrouver goût à la vie en prenant un amant. Mais lorsque cette histoire d’amour est menacée, elle va être capable de choses terribles », déclare le réalisateur au célèbre critique de film Emanuel Levy,

Un univers rétro et coloré

La bande-annonce du film nous plonge instantanément dans une ambiance d’après-guerre, dans cette station balnéaire bien connue des amateurs de cinéma et des touristes : Coney Island. Encore aujourd’hui, elle attire des milliers de visiteurs grâce à son immense plage et son parc d’attraction. « Ce lieu m’a semblé être un décors fantastique pour ce film, car il y a toute cette fantaisie, ces manèges (…) et cette atmosphère colorée », raconte le réalisateur. Pour recréer l’ambiance d’une fête foraine des années 50, il a choisi comme directeur de la photographie Vittorio Storaro, connu pour son travail sur « Apocalypse Now ». Ensemble, il ont mis en lumière un univers aussi coloré que du bubble-gum, mais qui laisse entrevoir un côté obscur…
Le directeur du Festival du film de New York, Kent Jones, a déclaré à la presse lors de la présentation du film :
« Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais lorsque le film a démarré, je suis resté sans voix. Il y a des éléments typiques du travail de Woody Allen, mais il les présente sous un nouveau jour. Avec Vittorio Storaro, ils utilisent la lumière et la couleur d’une manière incroyable, qui participe à la puissance émotionnelle de cette oeuvre ».

Kate Winslet porte le film

Le réalisateur a réuni un casting remarquable, mené par une Kate Winslet qui offre une performance puissante, courageuse, qui contribue à une expérience cinématographique surprenante. Il s’agit d’une première devant la caméra de Woody Allen. À la lecture du script, Winslet n’était pas sûre de pouvoir interpréter ce rôle correctement. Dans un entretien avec le journal américain Vanity Fair, elle compare ce personnage à une vieille voiture qui « menace à tout moment de tomber en morceaux ». Elle raconte : « Je me suis dit :
je ne peux pas jouer ce rôle, si éloigné de moi, je ne sais pas comment faire ! ». Mais elle a finit par l’accepter comme un challenge. Sur le tournage, la direction de Woody l’étonne : « C’est un grand observateur: en plein milieu d’une prise, il décide de couper une demi-page de dialogue, ce qui me créait beaucoup de panique. Je suis devenue folle ! », explique-t-elle.
Quant à Justin Timberlake, dont la performance dans The Social Network de David Fincher a été salué par la critique, il semble moins à l’aise dans ce personnage de sauveteur pas aussi propre sur lui qu’on pourrait le penser. Lui aussi s’est dit dérouté par Allen : «J’étais très intimidé au début. Mais après quelques semaines, je me suis dit que j’aimerais tourner tous mes films comme Woody. Il ne fait pas beaucoup de prises. Il était toujours en train de dire : Je vous ai embauché pour une bonne raison, faites-vous confiance ! ». a-t-il déclaré au journal The Inquirer.

Un bon cru 2017 pour Allen

Ces dernières années, Woody Allen a connu des succès mitigés, alternant des perles cinématographiques comme « Blue Jasmine» et « Café Society» avec des films moins bien reçus par la critique, comme L’Homme irrationnel ou encore To Rome with love. Mais si l’on en croit la plupart des participants au Festival du film de New York, où le film a été montré en avant-première,
Wonder Wheel s’annonce comme l’un de ses meilleurs.
La bande-annonce, sortie le mois dernier promet un récit entre comédie romantique, drame intimiste et film noir, le tout baigné dans une photographie somptueuse et un décor que l’on avait pas vu à l’écran depuis très longtemps. C’est aussi une histoire d’amour pleine de passion, des personnages hors du commun, des amants, des jeunes filles perdues et des gangsters… Bref,
un film comme seul Allen sait le faire ! Le film sort aux Etats-Unis le 1er décembre. Il faudra attendre le
31 janvier 2018 pour le découvrir dans nos salles.

Romain Fournier