Planté sur les hauteurs du parc La Grange à Genève, le Théâtre de l’Orangerie s’épanouit en saison estivale. Lumière sur la programmation 2017 avec Valentin Rossier, directeur de ce lieu unique qui cultive art théâtral et divertissements.
Qu’est-ce qui fait le sel de l’Orangerie ?
En tant que théâtre d’été, l’Orangerie vise à concilier le divertissement et la culture théâtrale. De fait, la programmation se démarque par son volet festif. Le travail que nous avons fourni toutes ces années consistait à donner du rayonnement aux événements qui se rattachent au théâtre à travers l’organisation de soirées, de concerts et la convivialité de la terrasse.
Quels ingrédients entrent dans une programmation ?
Avec 100 représentations sur trois mois, la programmation est courte et condensée. Elle se bâtit au cours de longs mois par des rencontres et des hasards. Elle mêle des envies : les nôtres, celles des artistes et celles d’un public pluriel. Il faut essayer de satisfaire la demande des spectateurs et en même temps, les convaincre avec des choses moins faciles d’accès sans pour autant oublier l’aspect plaisir.
Quel goût aura la saison 2017 ?
Elle sera diversifiée et de plus en plus axée sur des compagnies indépendantes locales avec quatre créations de metteurs en scène romands, dont une coproduction avec le Théâtre Le Public de Bruxelles. Mais aussi avec quatre accueils parmi lesquels une comédie belge,
un cinéma-théâtre, un spectacle pour les enfants et une performance de danse-théâtre. Les choix s’appuient beaucoup sur la qualité de l’écriture comme les Nouvelles de Tchekhov par Didier Carrier tandis que le texte dansé de Dickinson illustre notre volonté d’ouvrir le théâtre
à plusieurs formes, plusieurs langages.
Vous mettez en scène Macbeth. Quelle touche personnelle lui donnerez-vous ?
Macbeth est une des œuvres les plus universelles et intemporelles de Shakespeare. Elle analyse de façon très intelligente comment l’ambition peut mener au chaos, à travers un étrange fonctionnement dans l’écriture qui se situe entre le réel et l’irréel. Macbeth l’ambitieux se trouve à la frontière du visible et de l’invisible. Cette œuvre est peut-être précurseur du huis clos : le personnage - confiné dans son château – est tenaillé par un conflit intérieur de culpabilité et de peur. La particularité de la mise en scène est de l’avoir « contemporanéisée ». Nous ne jouons pas en costumes et le château se transforme en une suite d’hôtel. La seule issue est un ascenseur qui peut faire penser à la porte de l’enfer.
Du tac au tac : votre coup de cœur ?
« Fool for Love » de Sam Shepard par Pietro Musillo.
Un spectacle inattendu ?
« L’illuminé » de Marc Hollogne.
L’événement à ne pas manquer ?
« Macbeth » bien entendu ! Pour sa force littéraire et poétique.
Une bulle hors du temps ?
Si dans cette chambre un ami attend : un spectacle de danse de Perrine Valli.
Une parenthèse d’humour ?
« Maris et femmes » de Woody Allen par Michel Kacenelenbogen.
Une pause détente ?
Venir boire un verre à la terrasse.
Quel regard portez-vous sur votre mandat de direction qui s’achève cette saison ?
Ce fut une expérience extraordinaire. Nous avons œuvré pour que l’Orangerie devienne reconnue et populaire. Avec plus de 12000 spectateurs sur trois mois, le taux d’occupation atteint 100 %. Nous avons doublé la fréquentation grâce, d’une part à la programmation et d’autre part, à tous les efforts déployés pour en faire un espace culturel, agréable et festif. Un lieu de rencontres, où les gens ont pris l’habitude de se retrouver. Mais peut-être me représenterais-je à nouveau à la direction…
Si vous deviez définitivement baisser le rideau, que diriez-vous ?
Le rideau se relève à chaque fois. Ce n’est pas la fin
de la pièce, seulement d’un acte.
Propos recueillis par Nathalie Truche