C’est dans les allers-retours quotidiens – pour se rendre à la Fac - que l’étudiant de 21 ans a puisé son inspiration. Une monotonie mise en mélodie dans le titre TER centre qui l’a dévoilé au public. Originaire de Rambouillet, Timothée Duperray est la révélation de la nouvelle scène française.
Comment avez-vous rencontré la musique ?
J’ai commencé à jouer du piano à l’âge de sept ans. Je me suis mis à chanter un peu par hasard, quand l’envie m’a pris de composer au piano, sur des mélodies très simples. L’écriture de textes est arrivée ensuite.
C’est quoi le style Tim Dup ?
De la chanson française avec un aspect chanter-parler qui fait référence au hip-hop. Je chante des textes assez sincères, intimistes, un peu mélancoliques mais pas tristes. Les arrangements, que je réalise avec Pavane, ont un côté électronique avec pas mal d’ambient, de synthé. C’est difficile pour un jeune artiste de trouver son univers. Le mien est forcément inspiré de plein d’influences mais il me ressemble.
Quel moment a marqué un tournant pour vous ?
La rencontre, il y a trois ans, avec Arnaud Monnier, co-directeur de EMB, une salle de concerts à Sannois dans le Val d’Oise. Il faisait partie du jury sur le tremplin Acoustic de Tv5 monde. J’avais envoyé une maquette pleine d’imperfections mais il a été touché et m’a placé premier sur les 120 participants. Depuis, il est devenu mon manager. On s’est dit : on va y aller tranquillement, en tenant compte de mon âge, de mes études….
Justement. Et l’école dans tout ça ?
Je suis en Master 1, au Celsa, l’école de communication de la Sorbonne. Pour le moment, je parviens à mener les deux de front. Je veux continuer à apprendre. C’est même une chance car ces deux domaines se nourrissent l’un de l’autre. L’année dernière, j’ai fait mon stage chez un éditeur de musique. Au prochain semestre, je le ferai dans l’industrie du disque. Ça me rend plus serein d’assurer mes arrières car ce qui se passe actuellement va dans le bon sens mais ça peut aussi ralentir ou pschitter totalement.
Qu’est-ce qui vous vient en premier : les mots ou les notes ?
C’est assez variable. En revanche, pour l’écriture, dès qu’une émotion me traverse, je couche les mots tout de suite sur un papier ou sur mon portable. Je n’aime pas trop retravailler mes textes. Je suis peut-être un peu flemmard… Je fais les choses de manière très instinctive, c’est assez brut mais spontané.
Quelles sensations vous procure la scène ?
Il y a quelque chose de très altruiste dans le fait de partager des émotions avec le public. Les concerts où se produit une alchimie sont juste magiques. J’apprécie cette espèce de dialogue avec des personnes qui sont là parce qu’elles aiment écouter ma musique.
Surpris de cet emballement autour de vous ?
C’est très agréable. Ce qui me plait avant tout, c’est la reconnaissance, le fait que des personnes trouvent mon travail de qualité, qu’elles soient touchées par ce que je fais. La médiatisation peut faire peur. Je ne recherche pas la célébrité à tout prix mais il n’y a pas le choix : on ne peut pas avoir tout l’un ou tout l’autre. Je traverse une phase intéressante de définition de mon identité. Nous allons le faire en prenant le temps, en posant les bases car les étiquettes ne sont pas faciles à enlever.
Quel est le plus beau souvenir de votre jeune parcours ?
Pendant le mois de septembre, j’étais invité – en tant que jeune révélation- chaque vendredi soir sur France Inter dans l’émission Foule Sentimentale. Ce programme fait le pont entre des artistes aux styles très différents et qui comptent des années de carrière. C’était incroyable de parler musique avec Véronique Samson ou Jean-Michel Jarre.
Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?
Je rêve de continuer à être heureux dans ce que je fais. La musique, c’est ma passion, j’en ferai toujours. J’ai du mal à me projeter. En même temps, on pense forcément aux enjeux : il y a des partenaires professionnels avec qui on ne travaille pas que pour l’instant présent. Je n’ai pas envie de faire un « one shot » mais une carrière.
Nathalie Truche