Un univers obscur, des personnages tourmentés, des décors inquiétants, le petit monde issu de l’imagination de Tim Burton nous fait voyager dans les méandres de ce qui n’est communément admis ni comme étant beau ni comme étant joyeux. Celui qui débuta sa carrière chez Disney est aujourd’hui reconnu comme l’un des maîtres du fantastiquement bizarre. Retour sur un parcours non-conventionnel.
Né en Californie en 1958, Tim Burton montre très tôt des dispositions pour le dessin. Fasciné depuis sa plus tendre enfance par l’horreur et les histoires de monstres, il développe très tôt un sens de l’esthétisme propre à sa créativité débordante. En 1976, alors âgé de 18 ans, Tim et son talent précoce sont repérés par Disney et il obtient une bourse pour intégrer CalArts, une école fondée par le studio. D’abord animateur, puis artiste-concepteur, il n’arrive pas à se fondre dans le milieu étriqué et formaté de la grosse machine Disney. Pour la firme, il donnera vie à deux créations singulières. Vincent, film en stop motion, hommage à son idole l’acteur Vincent Price et Frankenweenie, conte morbide inspiré de Frankenstein. Ces deux essais, trop excentriques pour la conception rigide du studio, sont finalement relégués au fond des tiroirs. Las qu’on se refuse à exploiter son talent pourtant reconnu, il claque la porte des studios en 1984. S’ensuit alors un parcours jonché de succès pour le réalisateur qui fera peu à peu connaître son talent au monde du cinéma.
En 1988, Burton réalise une entrée fracassante dans la cour des grands avec l’inoubliable Beetlejuice. On commence à voir apparaître dans ce film le ton immanquablement décalé et le comique macabre chers au réalisateur. La suite est une succession de réalisations surprenantes, visuellement époustouflantes, propulsant Burton au rang sacré de génie du cinéma. Batman, Edouard aux Mains d’Argent, L’Étrange Noël de Mr Jack, Mars Attacks, Sleepy Hollow, Big Fish, Charlie et la Chocolaterie, Alice aux Pays des Merveilles… On ne compte plus les pépites sorties de l’imaginaire de cet artiste dont la complexité des personnages reflète une non-conformité dans une société peuplée de gens à la normalité déconcertante et à l’ouverture d’esprit toute relative ; à l’image d’une certaine Amérique qu’il s’essaiera plusieurs fois à dénoncer dans son oeuvre.
Amoureux des « freaks » et autres bêtes curieuses, Burton s’évertuera tout au long de sa carrière à les mettre en lumière, dénonçant la marginalisation de tout ce qui est différent dans un monde souvent trop lisse et sans âme.
Fidèle à une certaine linéarité, les réalisations de Tim Burton sont l’occasion d’y retrouver de précédentes collaborations. Mickael Keaton, Helena Bonham Carter son ex-femme, Johnny Depp, Winona Ryder, Danny de Vito sont quelques uns de ses acteurs fétiches. Il aime également s’entourer d’« amis » derrière la caméra comme avec Danny Elfman qui travaille avec lui depuis plus de 30 ans, signant quelques unes des meilleures BO du cinéma de ces dernières décennies.
Après 40 ans de carrière, le réalisateur est toujours aussi prolifique et continue à nous émerveiller grâce à un imaginaire et une créativité hors du commun. Tim Burton fait partie de ceux qui laissent une empreinte, du cercle très fermé des visionnaires qui vont à l’encontre des conventions et qui marquent à jamais notre monde.