On l’a croisé dans le Jamel Comedy Club, Quotidien de Yann Barthès ou encore, La Bande Originale avec Nagui sur France Inter. Derrière son visage de premier de la classe, l’humoriste suisse n’épargne personne et surtout pas lui-même. Dans son spectacle « Ça va », il se raconte, se plaint, se moque de lui. Mais promis, il va bien !
À part le rire, quelles émotions souhaitez-vous provoquer dans votre spectacle ?
S’il y en a d’autres, tant mieux. Mais je pense que le rire n’est pas optionnel. Les humoristes qui disent susciter d’autres émotions font un job différent. Moi, je fais rire d’abord et après, s’il y a des émotions, de la réflexion, pourquoi pas. Mais ça ne doit pas se faire au détriment du rire.
Votre humour a-t-il évolué depuis vos débuts ?
J’espère être devenu meilleur ! Quand je regarde mes anciens sketchs, ça fait mal. C’est un signe que j’ai progressé.
L’inspiration coule-t-elle de source ?
Non. Je ne connais personne pour qui c’est le cas. Et heureusement que ce n’est pas si facile sinon tout le monde ferait notre métier. L’inspiration est un combat de tous les jours.
Et l’écriture ?
Je travaille dans l’urgence. Quand je sais que je vais devoir pondre un papier pour le soir ou le lendemain, une sorte d’énergie du désespoir me pousse à écrire. Sinon, je suis du genre à toujours retarder, à trouver mieux à faire. L’écriture est l’aspect le plus difficile et le plus jouissif de mon métier.
Avez-vous retouché le spectacle au fil des dates ?
Oui. J’ai fait une tournée de rodage pendant plusieurs mois dont le but était d’affiner, de changer, de remplacer des morceaux. La séquence où je parle avec le public est nécessairement différente chaque soir. Et en fonction de la localité où je joue, je personnalise mon texte. Je ne suis pas un orfèvre, tout n’est pas figé dans la pierre. Je m’ennuie assez vite si c’est tout le temps pareil.
L’écriture est l’aspect le plus difficile et le plus jouissif de mon métier
Vous avez le trac avant de monter sur scène ?
Non, j’ai plein d’autres problèmes mais pas celui-là. Je ne suis à l’aise ni sur scène ni dans la vie mais je n’ai pas la boule au ventre.
Vous vous refaites le film après une représentation ?
Non. Quand j’ai fini de travailler, je passe à autre chose : boire un verre, regarder une série télé… Comme n’importe qui après le travail.
De quelle mauvaise habitude aimeriez-vous vous débarrasser ?
La procrastination. J’aimerais travailler au moment où je dois travailler et ensuite, pouvoir profiter de mes loisirs. Ça me changerait la vie de ne pas repousser jusqu’au dernier moment et de devoir toujours courir après la montre.
Quelle expérience professionnelle vous a le plus appris ?
J’ai eu la chance au début de ma carrière d’être confronté rapidement à deux vétérans du milieu : l’humoriste Nathanaël Rochat et Pierre Naftule, auteur, producteur et metteur en scène. En travaillant avec eux, j’ai appris à vitesse grand V parce que j’ai agi par mimétisme. Le fait d’avoir eu ces deux références suisses dès mes premières années m’a fait progresser et gagner du temps.
Votre franc-parler vous a-t-il déjà joué des tours ?
Comme tout le monde je pense. J’ai conscience que mes blagues peuvent faire mouche à divers degrés et que j’ai eu quelques excès. Mais ce sont les risques du métier.
Qu’est-ce qui vous agace au quotidien ?
Je suis quelqu’un de solitaire. Mes agacements sont souvent auto-générées. Je m’agace.
Comment sentez-vous 2020 ?
Je ne sais pas… Je ne regarde pas tellement le calendrier. Pour le moment, ça se passe bien. Je ne suis pas du genre à lire l’horoscope ou à prendre des résolutions… Je vis un jour après l’autre.
Des projets ?
Il me reste un an de tournée avec « Ça va ». Je réfléchis au prochain spectacle pour pouvoir commencer à le jouer en 2022.
Sinon… ça va ?
Ouais !
Propos recueillis par Nathalie Truche