SULLY

Si vous vous souvenez du « Miracle sur l’Hudson », vous savez déjà de qui parle Sully, le nouveau film de Clint Eastwood. Ce biopic, centré sur Sully Sullenberger, dresse un portrait réaliste d’un des pilotes les plus connus d’Amérique, élevé au statut de héros pour avoir fait atterrir son avion dans l’Hudson River, sauvant la vie de l’ensemble des passagers présents à bord.

Le film réunit pour la première fois les deux monstres sacrés du cinéma US : Tom Hanks dans le role principal et Clint Eastwood derrière la caméra. Aaron Eckhart est également présent dans le rôle du copilote, Jeff Skiles, et Laura Linney dans celui de l’épouse de Sully, Lorrie Sullenberger. Eastwood a réalisé le film sur un scénario de Todd Komarnicki, d’après le livre de Sullenberger et Jeffrey Zaslow intitulé « Highest Duty : My Search for What Really Matters ».

Le vol 1549 US Airways

Le 15 janvier 2009, l’incroyable se produit : quelques minutes après le décollage du vol US Airways 1549 de l’aéroport new-yorkais de LaGuardia, une nuée d’oiseaux percute l’appareil, mettant les deux réacteurs hors d’usage à seulement 850 mètres d’altitude et provoquant un amerrissage forcé. Mais contre toute attente, l’avion réussit à se poser sans encombre sur les eaux glacées du fleuve Hudson, au large de Manhattan. Bilan : les 155 passagers ont la vie sauve ! Un exploit hors du commun accompli par le commandant Sully Sullenberger et bientôt relayé par les médias et l’opinion publique. La presse s’empare du « Miracle sur l’Hudson ».

Dans les premières images du film, on découvre Sully, l’air grave et désorienté. Visiblement hanté par les souvenirs du crash de son avion, le pilote est entré dans la légende. « Sans le savoir, Sully s’est préparé toute sa vie à accomplir cet exploit inimaginable », estime Komarnicki. « Mais il suffit de passer dix minutes avec lui pour se dire : « Bien sûr qu’il s’en est tiré : personne d’autre que lui n’y serait arrivé ». Ce qui est formidable dans le film, c’est qu’on raconte enfin toute l’histoire. Une histoire vraie que personne ne connaît mais que tout le monde croit connaître... C’était là un grand mystère à explorer au cinéma ».

Une enquête particulièrement éprouvante

Mais le long métrage de Clint Eastwood va au-delà du mythe, pour explorer la petite histoire qui se cache derrière la grande. Comme le révélera Sully dans les jours qui ont suivi le ‘Miracle sur l’Hudson’, le pilote a été convoqué à plusieurs reprises pour justifier de ses décisions devant le National Transportation Safety Board, ou Conseil National de la Sécurité des Transports. C’est cet aspect des faits, méconnu du grand public, qui a suscité l’attention d’Eastwood.

« Quiconque sait garder son calme et affronter l’adversité sans paniquer s’avère être un personnage de film intéressant », note le cinéaste. « Mais pour moi, le véritable enjeu s’est manifesté par la suite, dès lors que la commission d’enquête a mis en cause ses décisions bien qu’il ait sauvé tant de vies humaines ». Du battage médiatique à la disgrâce induite par l’enquête diligentée à son encontre, Sully devra tenir le cap. « Je me suis dit que c’était sans doute là les moments les plus fascinants pour les personnages et pour la dramaturgie du film », explique Tom Hanks. « Il s’agit en tous cas des scènes les plus jubilatoires à jouer pour moi parce que les enjeux y sont déterminants ».

Tournage IMAX en plein New York

La production a décidé de situer l’intrigue sur les lieux mêmes des faits en tournant autant que possible à New York. Eastwood a privilégié des caméras ARRI ALEXA 65, utilisées pour les images IMAX, ce qui offre un spectacle époustouflant, avec plusieurs angles de vue pour nous faire vivre l’amerrissage comme si nous y étions.

Le poste de pilotage de l’A320 a quant à lui été reconstitué sur le plateau 19 de la Warner. Les deux comédiens se sont entraînés dans des simulateurs de vol en amont du tournage afin de coller au plus près des personnages. « On a sollicité Sully à chaque fois qu’il était disponible », rappelle Eastwood. « Il a eu la gentillesse de nous donner accès aux simulateurs et de demander à des pilotes de montrer à Tom et Aaron comment ils fonctionnaient précisément. Ils ont eu une formation accélérée mais ils ont mis le paquet ».

Un rôle sur-mesure pour Tom Hanks

« Parfois, on tombe sur un scénario d’une émotion rare et d’une grande simplicité qui mêle harmonieusement les réactions humaines et les opérations techniques », raconte Tom Hanks. « Je savais que je voulais tenter ma chance, même si je n’ai quasiment pas arrêté de tourner depuis environ six ans ». Bien que les deux hommes n’aient jamais travaillé ensemble, Eastwood note : « Tom est l’un des premiers noms auxquels on ait pensé pour le rôle. Mais à l’époque, il terminait un tournage et on ne pensait pas qu’il nous dirait oui. Pourtant, il a lu le scénario, il a aimé, et il s’est rendu disponible. Il a été formidable, en grand professionnel qu’il est, et cela a été très facile de le diriger ». Hanks interprète avec brio les moments les plus difficiles de la vie de Sully, y compris sur un plan personnel. Le comédien retranscrit le cheminement intellectuel d’une foudroyante rapidité du pilote, grâce auquel il a su maîtriser une situation en apparence incontrôlable.

Le film évoque toutes les émotions que Sully a traversé, que ce soit l’espoir, le courage ou le doute. Il met aussi en avant la vision des passagers et de l’équipage du vol 1549, en invitant le spectateur à se plonger dans l’atmosphère du film. « Je pense que le film montre qu’une situation épouvantable peut avoir des conséquences positives » conclu Eastwood. « Et que lorsqu’un accident se produit, il existe des gens comme le commandant Sullenberger prêts à tout risquer pour sauver d’autres êtres humains. Le film s’appelle Sully mais il parle essentiellement de la part de lumière qui est en chacun de nous ». Le film sort en salles le 30 novembre prochain.

Romain Fournier