Publié le 11 janvier 2025
On a rencontré Hugo Frison, nouveau directeur du Théâtre de la Renaissance
Crédit photo : © ABC Salles
Interview

On a rencontré Hugo Frison, nouveau directeur du Théâtre de la Renaissance

Un nouveau souffle au Théâtre de la Renaissance
Spectacle
|
Théâtre, Focus

Hugo Frison réinvente la scène du Théâtre de La Renaissance en mêlant musique, danse, cirque et culture participative, pour une saison 2024-2025 vibrante et immersive. Rencontre.

Bonjour Hugo, comment allez-vous quelques mois après le lancement de cette nouvelle saison, la première à la tête du Théâtre de La Renaissance ?

Ça va bien, merci ! Tout avance petit à petit. Nous sommes encore en phase de recherche et d’adaptation, mais une belle dynamique commence à se mettre en place.

Crédit photo : © Marie Pescarmona

Quel est votre parcours avant de prendre la direction du Théâtre de La Renaissance ?

Je suis ingénieur de formation, spécialisé en acoustique, thermique et éclairage. J’ai commencé dans l’acoustique environnementale, mais j’ai rapidement voulu me rapprocher de la scène. Musicien amateur, j’ai intégré l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT), puis travaillé aux Subsistances avant de diriger les Aires, Théâtre de Die et du Diois. Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre les enjeux de la gestion d’un théâtre tout en restant proche du terrain. 

Vous succédez à Gérard Lecointe, qui a marqué l’histoire du théâtre de La Renaissance avec son approche singulière entre théâtre et musique. Que retenez-vous de son héritage et comment se passe cette transition ?

Gérard a laissé des bases solides avec sa vision unique mêlant théâtre et musique. La transition s’est bien passée, même si mon approche diffère, notamment sur l’intégration de la musique. Gérard distinguait théâtre, théâtre musical et musique. Pour ma part, je mets la musique au centre, en l’intégrant dans des projets transdisciplinaires.

Votre formation d’ingénieur acoustique influence-t-elle votre approche de la programmation ?

Sur certains aspects, oui. Mon parcours technique me permet d'appréhender chaque projet dans ses détails, tout en accordant une grande place à la dimension sonore. Je veux que la musique soit un acteur central dans notre programmation, pas seulement comme accompagnement du théâtre. Nous cherchons à mêler musique, danse, cirque, et même cinéma, pour créer des formes hybrides et stimulantes.

Vous avez mentionné vouloir "donner à voir la musique". Comment cette idée se traduit-elle dans la programmation de cette saison 2024-2025 ?

Oui c’est vrai, j’ai dit ça ! (rires). J’aimerais faire de la musique un élément visible sur scène, un processus créatif à part entière. Par exemple, des musiciens, chanteurs, bruiteurs peuvent aussi devenir acteurs de l’expérience scénique, dans des projets participatifs, des ciné-concerts, ou encore dans des événements comme Les Rues Sonores, où la musique envahit la ville. Nous travaillons aussi avec des partenaires comme l’Opéra de Lyon, la Maison de la Danse, Jazz à Vienne ou Les Ateliers Frappaz pour diversifier nos pratiques et toucher des publics différents.

Nous cherchons à mêler musique, danse, cirque, et même cinéma, pour créer des formes hybrides stimulantes.

Vous semblez vouloir aller loin dans l’hybridation des genres, notamment avec le cirque, la danse et les musiques électroniques. Comment réconciliez-vous ces univers parfois perçus comme éloignés sous un même toit ?

C’est justement l’hybridation qui m’intéresse. Et c’est ça qu’on recherche tous aujourd’hui ! Chaque genre a ses codes, mais les fusionner crée de nouvelles expériences. Par exemple, la musique électronique peut parfaitement dialoguer avec le cirque ou le théâtre d’objets. L’idée est de créer des espaces où ces genres se nourrissent les uns des autres.

La musique occupe donc une place centrale dans votre programmation, mais comment s’intègre-t-elle aux autres formes artistiques ?

La musique est un vecteur essentiel de notre programmation, mais elle ne se suffit pas à elle-même. Dans des projets comme L’Hiraeth porté par Loïc Guénin et Arthur H, la musique soutient la poésie tout en la métamorphosant. Dans d’autres spectacles, comme ceux de la chorégraphe argentine Ayelen Parolin ou du Collectif Petit Travers, elle s’intègre à la danse ou au cirque. Elle devient un outil de narration à part entière, en interaction avec les autres formes artistiques.

La Ville d’Oullins-Pierre-Bénite et ses habitants semblent être au cœur de votre projet. Comment les intégrez-vous à cette vision artistique ?

Oullins-Pierre-Bénite est un territoire dynamique et nous voulons tisser des liens solides avec ses habitants. Nous sortons des murs du théâtre pour amener la culture à la rencontre du public, avec des événements comme Les Rues Sonores, qui transforment la ville en une scène vivante. Des projets participatifs, comme La Soupe Paysanne, où le public prépare et partage un repas avec les artistes, ou Poésie couchée sur musique en transat, une expérience immersive sous casque et sur transat, visent à créer des moments où chacun devient acteur de l’expérience. Ainsi, l’idée est vraiment de remettre le public au centre, de créer des moments d’interaction, d'immersion et de partage, pour que chacun puisse vivre la culture de manière vivante et participative.

Quels sont les temps forts de cette saison ? 

En janvier, nous accueillerons la compositrice et DJ Chloé, en duo avec Vassilena Serafimova prodige du marimba. Au printemps, il y aura un focus sur les marionnettes avec Au fil d’avril, co-organisé avec la Maison du peuple, qui permettra de redécouvrir cette esthétique souvent oubliée et qui s’adresse à tous, petits et grands. Les spectacles en extérieur seront également un axe fort avec notamment la programmation du spectacle Piano Rubato de Melissa Von Vépy en partenariat avec le festival Les utoPistes.

Enfin, quels sont vos souhaits pour la scène culturelle lyonnaise et pour la Renaissance dans les années à venir ? 

Je souhaite que la scène lyonnaise se diversifie et s'ouvre à de nouvelles formes artistiques, que le Théâtre de La Renaissance soit un lieu d'expérimentation où le public découvre des créations surprenantes. Malgré la hausse des charges et la baisse des subventions, il est essentiel de maintenir une programmation riche et ambitieuse, de garder espoir et de rester déterminés face à ces défis. J’aimerais aussi rendre le théâtre plus accessible, comme le cinéma, sans pression de devoir absolument aimer. À un prix quasi-similaire à celui d’un billet de cinéma, le théâtre pourrait devenir un lieu où l’on va sans hésitation, pour vivre une expérience unique, même si une œuvre ne nous touche pas, on traverse toujours une aventure artistique et humaine.

Propos recueillis par Carole Cailloux

Théâtre de La Renaissance
7 rue Orsel
69600 Oullins-Pierre-Bénite
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