Et si, demain, l’activisme devenait un crime impardonnable ? Pour son second long-métrage, Aude-Léa Rapin dépeint dans Planète B un univers futuriste accompagné par les actrices Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub. Un thriller d’anticipation avec une dimension engagée qui sortira le 25 décembre prochain.
Grenoble, 2039. La société et l’Etat s’effondrent. Dans les rues, de jeunes révoltés exposent leur colère. Les activistes sont en ébullition. Mais une nouvelle forme de répression émerge : Planète B. Une nuit, des militants disparaissent alors qu’ils sont traqués par les autorités. Après avoir tué un policier par accident, Julia Bombarth, jouée par Adèle Exarchopoulos, se réveille dans un lieu qu’elle ne connait pas, un univers parallèle étrange.
Une dystopie fascinante
Planète B, ce n’est ni une planète lointaine ni une île déserte, c’est un projet mis en place par l’Etat, un système d’internement et de ré-éducation sophistiqué : la première prison virtuelle. Un terrain d’expérimentation où la révolte est controlée. Tout semble parfait à première vue, un monde bercé par des paysages idyllique. Mais tout est surveillé, manipulé, façonné pour transformer une jeunesse rebelle en un modèle de citoyen docile. Julia découvre alors que Planète B est conçue pour briser l’esprit des jeunes révoltés comme elle. Tout en tentant de découvrir comment échapper à cette prison numérique et mentale, elle va faire la rencontre de Nour, une migrante irakienne, jouée par Souheila Yacoub, ainsi que d’autres prisonniers.
Une jeunesse en lutte
« Le sujet du film, c’est la désobéissance civile dans une société clivée entre ceux qui prônent l’ordre et la morale, et ceux qui défendent une certaine idée du vivre ensemble et la protection des biens communs que sont l’air, l’eau, l’accès aux ressources, » a précisé Aude-Léa Rapin au micro de Télérama. La jeunesse dépeinte par la réalisatrice est inspirée par des mouvements de lutte réels, comme ceux en 2019 de Hong Kong ou de Beyrouth. Le film interroge des problématiques actuelles, comme la surveillance, la justice, ou « l’écoterrorisme ».
Un casting inspirant
Pour ce qui est de Julia, le choix s’est vite porté sur Adèle Exarchopoulos. Le groupe d’activistes s’est construit autour d’elle. « Au-delà des individualités, nous cherchions à construire une équipe d’âges et d’horizons différents qui puisse se faire l’écho de l’état du monde extérieur à la prison, » explique la réalisatrice. Pour le personnage de Nour, elle n’avait aucune idée de qui allait pouvoir incarner cette héroïne de film d’action avec une trajectoire humaine, intime, d’exil. C’est quand elle a découvert Souheila Yacoub dans la pièce Tous des oiseaux de Wajdi Mouawad qu’est venue l’évidence.
Une esthétique entre dystopie et réalité
Autant réalisatrice que scénariste, Aude-Léa Rapin s’est inspirée de films tels que Puishment Park, dans l’idée de questionner le monde carcéral, ou Truman Show, pour les concepts d’enfermement. Pour ce qui est de l’image, le contraste entre le monde réel, sombre, et le monde carcéral, lumineux, est frappant, et les films Blade Runner et Alien ont inspiré l’utilisation du rétro-éclairage des décors. La musique de Planète B est signée Bertrand Bonello, réalisateur français et compositeur toutes les musiques de ses propres films.
Planète B est un thriller d’anticipation qui mêle science-fiction et réflexion politique, dressant un portrait sombre mais porteur d'espoir d'une société sous tension.