L’agence MusiKa représente des artistes de musique et du spectacle à travers des représentations en Suisse et dans le monde. Après le Brésil, MusiKa s’est ancrée à Genève. Rencontre avec son fondateur, Pierre-André Kranz.
Racontez-nous la naissance de MusiKa…
L’agence MusiKa est née une première fois en 1996 au Brésil où je représentais – dans ce pays et en Amérique du sud - de nombreux artistes de musique classique, de ballet, d’arts de la scène et de musiques actuelles. En 2011, ma femme et moi avons décidé de quitter le Brésil. Nous sommes rentrés à Genève où j’ai trouvé un emploi pour le festival Luna Classics. Quand il s’est arrêté en 2015, j’ai décidé de relancer MusiKa, mon agence de production, sous forme d’association autour de trois membres : Anne Marsol, Frédéric Leyat et Steven Street. Nos champs artistiques s’étendent aujourd’hui jusqu’au nouveau cirque et spectacles d’expression traditionnelle comme Romano Atmo, une compagnie française de danse tzigane fondée par Petia Iourtchenko et programmée en novembre à Genève.
De quoi vit l’association ?
Les fonds proviennent essentiellement des billetteries – lorsqu’il y en a - et de subventions de mécènes ou de sponsors. En Suisse, les fondations soutiennent davantage des créations, des projets individuels que les structures en elles-mêmes. C’est pourquoi nous sommes en recherche constante de subventions.
Quelle est la vocation première de MusiKa ?
C’est une plateforme d’artistes basée sur les rencontres et l’échange ainsi que sur l’invitation de compagnies connues, à Genève et en Suisse. L’idée est d’amener des productions qui ne sont pas habituées à se produire ici pour des raisons principalement techniques car il n’y a pas de grands plateaux pouvant les accueillir. J’essaie de les attirer pour combler un manque vis-à-vis du public. MusiKa s’engage également dans le soutien de jeunes talents.
Par exemple ?
Joseph-Maurice Weder est un jeune pianiste très talentueux, doté d’une excellente technique. Découvert lors du festival Luna Classics, je l’ai trouvé très intéressant, plein d’énergie. De fil en aiguille, nous avons commencé à travailler ensemble. Doué d’une belle musicalité, il est très naturel et sait parfaitement lire l’interprétation. Nous avons enregistré un disque autour de Schumann et de la grande sonate de Liszt, œuvre phare pour les pianistes. Parallèlement, nous avons passé une commande à trois compositeurs suisses pour réaliser un récital qui soit plus ancré dans l’actualité et toujours en lien avec la sonate de Liszt. Récital qu’il a joué à Lausanne, Zurich, Lugano et qu’il proposera le 13 mai à la salle Centrale à Genève.
Nos champs artistiques s’étendent aujourd’hui jusqu’au nouveau cirque et spectacles d’expression traditionnelle
Une autre perle à nous dévoiler ?
Isabelle Villanueva, une altiste espagnole qui a terminé ses études à Genève. Un ami violoniste italien m’avait parlé d’elle. Nous nous sommes rencontrés et j’ai trouvé intéressante sa manière de se présenter : elle essaie de sortir de l’image convenue du musicien classique, soigne ses photos, aime se mettre en scène. Comme il y a beaucoup de violonistes et peu d’altistes, j’ai décidé de la soutenir. Tout comme Joseph, je la représente en Amérique du sud et à Genève où elle se produira à l’automne 2019 avec son nouveau disque aux côtés de son pianiste.
Comment repérez-vous les artistes prometteurs ?
Représenter un jeune talent est difficile. Soit il a la chance d’être repéré par une grande agence qui facilite son entrée dans le circuit international soit, malheureusement, il passe entre les mailles du filet pour diverses raisons et n’a par conséquent pas accès aux grandes scènes. Pour eux, nous réalisons des enregistrements, organisons des concerts, créons des projets, des concepts. Il faut de l’imagination pour les promouvoir jusqu’à ce qu’ils soient découverts par des orchestres renommés. Mais aujourd’hui, je ne cherche plus, je me laisse guider par les rencontres car parrainer et produire sont deux métiers différents. Pour ne pas me disperser entre ces deux activités, je préfère avoir peu d’artistes et mettre en lumière leur talent dans mes productions que de les perdre parce que je n’aurais pas eu assez de temps pour m’en occuper pleinement.
Pour finir, trois dates incontournables sur Genève ?
Le 11 avril au BFM aura lieu le spectacle Le Do(s) transfiguré avec Agnès Letestu, étoile de l’Opéra de Paris. Le 4 novembre, le ballet du Capitole de Toulouse se produira également au BFM. Enfin, le 30 novembre, la pianiste ukrainienne Valentina Lisitsa jouera au Victoria Hall. Je rajouterai Nigel Kennedy en fin d’année à une date qui est en cours de réflexion.
Propos recueillis par Nathalie Truche