Publié le 15 octobre 2019
Philippe Spiesser
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Philippe Spiesser

« Les percussionnistes sont de véritables performeurs »
Musique
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Percussion

Du 10 au 21 novembre prochains, le concours de Genève réunira les virtuoses de la percussion et de la composition. Philippe Spiesser, percussionniste de renommée mondiale et président du jury de percussion, nous emmène dans les coulisses de la compétition. 

Comment fonctionne le concours de Genève ?

La compétition s’organise chaque année autour de disciplines différentes : clarinette et piano l’an dernier, percussion et composition cette année. Il est l’un des concours les plus prestigieux au monde pour les jeunes percussionnistes qui se destinent à une carrière de soliste. Prestigieux aussi car - en fêtant ses 80 ans en 2019 - il est l’un des plus anciens.  

En tant que président du jury, quel programme avez-vous réservé aux candidats ?  

J’ai fait en sorte qu’ils puissent jouer de tous les instruments de percussion à travers les récitals, les demi-finales, la finale. Le programme prévoit plusieurs pièces du répertoire de multi-percussions : timbales,  marimba, batterie, vibraphone et bien d’autres. La finale proposera un concerto particulièrement théâtral où le soliste devra jouer sur divers instruments, se déplacer sur scène, s’exprimer, chanter… La performance – qui permettra de révéler la personnalité des trois finalistes - se tiendra le 21 novembre au Victoria Hall de Genève avec l’orchestre de la Suisse romande. C’est un évènement inédit et une belle vitrine pour la percussion qui est un instrument jeune, énergique et moins connu que les autres. 

Comment avez-vous sélectionné les candidats ? 

Tous devaient envoyer une vidéo dans laquelle ils jouaient deux œuvres imposées. Sur les 75 candidatures reçues, nous en avons retenu 34. Les candidats sont âgés entre 17 à 29 ans et viennent de quatorze pays différents, avec une forte délégation asiatique. Mais les États-Unis, le Portugal, la Slovénie, la Bulgarie, l’Allemagne, le Canada ou encore la France, sont également représentés. Pour la pré-sélection, j’ai choisi des pièces qui demandaient une grande virtuosité et j’ai été très impressionné par le niveau, les performances et la personnalité des candidats.        

Comment se traduit le soutien aux lauréats ? 

Genève est un concours qui attribue de hautes récompenses : 20000 francs pour le premier prix ; 12000 pour le deuxième, 8000 pour le troisième, à quoi s’ajoutent des bourses d’études, des concerts… La compétition est très attrayante pour les étudiants qui sont ensuite propulsés sur la scène internationale. Les lauréats sont les solistes de demain : ils se produisent dans de grandes salles, auprès d’orchestres réputés. Ils sont soutenus, introduits dans un réseau composé de professionnels de la musique et de la scène, ils rencontrent des agents artistiques, des mécènes… Le concours de Genève se préoccupe de la carrière des gagnants sur lesquels la plus grande attention est portée.

« je pratique des percussions classiques mais je suis aussi attiré par les outils de demain »

En quoi la nouvelle génération de percussionnistes diffère de la vôtre ?

Depuis vingt à trente ans, on observe une forte évolution du répertoire par le biais de jeunes compositeurs qui écrivent pour la percussion. L’évolution est aussi due à l’avènement de la musique électronique et des nouvelles technologies telles que la vidéo, la captation de sons et des gestes. Aujourd’hui, on peut faire réagir les sons et les accompagnements électro au jeu du percussionniste. Cette dextérité en fait de vrais performeurs car en plus de jouer de la percussion, ils donnent une dimension théâtrale à leur prestation, ce sont des virtuoses, des poly-instrumentistes, des artistes complets. 

Vous aussi êtes un grand performeur…  

Personnellement, dans le cadre du concours de Genève, je me produirai au Globe du Cern le 14 novembre. Ce concert s’inscrit dans le projet de recherche création GeKiPe, Gesture, Capture and Notation, développé à la Haute École de Musique de Genève. Ce projet multimédia allie les nouvelles technologies, la vidéo et la percussion. Je jouerai sur des instruments virtuels en portant des gants accéléromètres et une caméra kinect sera placée sur scène devant moi. Le public trouvera ce spectacle complètement incroyable. 

Quelle autre expérience aimeriez-vous tenter ? 

Travailler avec les nouvelles technologies en est déjà une. J’aimerais m’associer avec de nouveaux compositeurs, des créateurs, autour de nouveaux spectacles, partir dans des directions inexplorées, expérimenter de nouvelles captations virtuelles, d’autres formats de concert, essayer le jeu en 3D, utiliser des hologrammes… Aujourd’hui, je suis dans une nouvelle démarche : je pratique des percussions classiques mais je suis aussi attiré par les outils de demain. Avec l’ensemble Flashback, qui promeut les nouvelles technologies, nous travaillons sur ces projets et sommes en perpétuelle création.

Propos recueillis par Nathalie Truche

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