Avec ce nouveau roman, l’autrice Nina Bouraoui propose un écrit féministe, un livre qui défend la liberté dans notre société. Elle nous parle de la condition de la femme et des violences enfouies depuis l’enfance par une héroïne poussée à bout.
Sylvie Meyer a 53 ans, elle est mère de famille de deux garçons. Son mari l’a quitté après 25 ans de vie commune, un matin, sans crier gare, il lui a dit « Je m’en vais ». Elle n’a rien dit, rien fait. C’est à la première personne, par un monologue prenant qu’elle nous raconte son histoire. Elle travaille à la Cagex, une entreprise spécialisée dans le caoutchouc. Son patron lui dit qu’elle est indispensable, qu’elle est son bras droit. Alors, sans rien dire, Sylvie se donne à fond, ne compte pas les heures supplémentaires. Un jour, alors que l’entreprise est au bord du gouffre, elle se retrouve en position délicate, à devoir gérer le licenciement de plusieurs employés. C’est la goutte d’eau qui fera déborder le vase… Sylvie accumule tant de choses depuis des années, subit tant de violences silencieuses, de non-dits sans jamais s’exprimer, elle a entassé, enfoui tant de choses, tant de tensions. Elle est comme une cocotte-minute, sous pression, prête à exploser. Puis, elle explose et tout bascule…
Sylvie a refoulé énormément de choses au fond d’elle. Elle est otage de son mari, otage de son employeur et otage de la société et lorsque sa violence s’exerce, elle conquiert sa liberté. Cette femme ordinaire a tout accepté, tout enfoui, a voulu oublier sa rage envers l’homme. Mais d’un coup, elle n’en peut plus et ne contrôle plus ses actes. Et cela lui coûtera cher. Cependant, n’est-ce pas à ce prix que l’on trouve enfin la liberté ? Ne sommes-nous pas parfois otages de nos vies ? De notre corps de femme, de nous-même, de notre passé comme Sylvie ? Elle a intériorisé toutes ses blessures jusqu’au moment où elle passe à l’acte.
Dans ce roman, Nina Bouraoui traite de l’intériorité, de la peur de l’homme ou d’être continuellement dominée, mais aussi de l’amour. Il a été écrit à partir d’une pièce de théâtre jouée en 2015, reprise plusieurs fois déjà puis ressortie pour paraitre lors de cette rentrée littéraire Avec une écriture tantôt fluide, proche de l’oralité, utilisant des métaphores, délivrant de jolies phrases, tantôt percutante. On se laisse emporter par le flot des mots qui rythment le récit, créant une tension constante. Un livre qui interpelle, qui séduit, qui bouleverse, salué unanimement par la critique. En somme, à dévorer sans attendre.