Olivier Bonhomme est illustrateur et directeur artistique. Il vit et travaille à Montpellier. Diplômé de l’Ecole Emile Cohl en 2010 (Lyon), il commence sa collaboration avec le journal Le Monde et Le Washington Post en 2012 et fonde en parallèle le Studio BK à Lyon avec lequel il tend à promouvoir l’image sur scène et dans l’espace sous toutes ses formes.
Après un court passage dans l’univers de la bande dessinée, il se concentre sur l’illustration et les séries personnelles pour créer un univers surréaliste où l’iconographie pop tend à rejoindre le symbolisme. Il réalise la direction artistique de jeux vidéo produits par Arte et présente plusieurs expositions sur le thème des carnets de voyages imaginaires. Attiré autant par la narration symbolique que par l’expérimentation sur mur ou dans les arts numériques, son univers est en constante mutation, gardant toujours comme fil rouge la ligne claire…
Bonjour Olivier, peux-tu te présenter ?
Je suis illustrateur et directeur artistique, diplômé de l’Ecole Emile Cohl en 2010 et à mon compte depuis lors. Je travaille sur tous types de supports et pour tout type de clients, mais mon activité principale reste toutefois le dessin de presse que j’exerce depuis 10 ans (le Monde, the Washington Post, l’Express, etc…). En parallèle je développe mon univers personnel que je dévoile lors d’expositions dans des contextes variés, galeries, fresques, résidences, projets in-situ...
Comment décrirais-tu ton univers artistique ?
Je me situe dans la branche du « pop-surréalisme » c’est à dire que je puise mes sources dans la bande dessinée et l’iconographie populaire du 20ème siècle. Quand on crée on est forcément nourri de beaucoup d’influences, et j’essaie de trouver mon chemin personnel parmi tout ce contenu. La ligne claire est pour moi une traduction directe de l’influence de la bande dessinée (qui est ma première passion ndlr) et me sert a mettre en scène des formes, des objets, des personnages directement perceptibles et distincts, ce qui selon moi favorise la compréhension de l’univers et des concepts abordés.
Le surréalisme fait partie intégrante de ton travail ?
Oui, le surréalisme est un bien grand mot mais il est surtout synonyme pour moi de vecteur de liberté. À partir du moment où on crée une distanciation du réel, le champ des possibles est immense. Il ne suffit pas de juxtaposer des éléments dans une image pour la revendiquer comme « surréaliste » mais d’y apporter une part symbolique d’étrangeté qui va nous renvoyer à notre propre réalité. C’est le principe de l’allégorie, de la puissance évocatrice de l’image.
Dans tes illustrations, tu parles d’images à tiroirs ? Peux-tu nous expliquer ?
Ce principe de surréalisme ne peut pas se faire selon moi sans une volonté de narration. Et l’image « à tiroirs » reflète cette volonté de semer des indices dans la composition. Le regard du spectateur est d’abord happé par l’apparent réalisme des formes (d’où la ligne claire) puis vient mentalement se construire un ou plusieurs histoires en parcourant l’image. Ce principe de «piocher» à sa guise dans l’image ce qui nous interesse, ce qui nous émeut m’interesse. L’image n’est pas directive, elle est permissive.
Tu es aussi musicien de jazz, tu joues autant que tu dessines ?
Le jazz a longtemps été pour moi une envie professionelle sérieuse. Plus jeune j’ai beaucoup hésité à privilégier la musique plutot que le dessin. Mais j’ai compris au bout d’un moment que l’un nourrissait l’autre, sans confrontation. Le principe du jazz résidant dans l’improvisation, j’ai toujours cherché a articuler autour de la création visuelle certains de ses principes.
Qu’est -ce qui t’a poussé à faire ce métier ? Qu’est ce qui te plait le plus aujourd’hui?
Le principe de liberté dans la maitrise. Exactement comme en musique, c'est un "savoir-faire". Ce qui me plait dans ce métier c'est l'adéquation entre la liberté du propos et la necessité technique de la mise en forme. L'acte de création n'est pas gratuit, il nécessite un vrai parcours pour trouver sa cohérence, ce qui en fait paradoxalement un métier ancré dans le réel. C'est un équilibre interessant je trouve.
Quel artiste admires-tu le plus ?
Cela ne vous aura sans doute pas échappé mais je suis un grand fan de Jean Giraud alias Moebius. Je pourrais en citer des dizaines d’autres, mais Moebius incarne selon moi l’artiste total, aux frontières de l’imaginaire. Il se dégage de l’ensemble de son oeuvre un souffle onirique en même temps qu’une certaine sagesse dans la folie de l’imagination. Au delà de la maitrise graphique, il y a la position humaine de l’artiste, qui a été par son travail une influence pour des générations de créateurs.