En moins de dix ans, l’Atelier a réussi à s’imposer comme une scène référente sur le territoire haut-savoyard. Comment ? En semant des petits cailloux en forme de rock, folk, punk, reggae, chanson… Mais aussi en sachant s’entourer d’artistes renommés, de groupes émergents et de talents locaux. Faisons un bout de chemin avec Nicolas Papes, directeur-programmateur de la structure clusienne.
Comment est né l’Atelier ?
Avant 2007, Cluses avait peu d’offre musicale hormis le festival Musiques en stock. La municipalité a alors initié une politique culturelle visant à mettre en valeur les musiques actuelles et l’Atelier a été créé dans le prolongement du festival. Son budget provient quasi exclusivement de fonds communaux, ce qui reflète une volonté municipale forte de faire vivre la structure. Dans le domaine des musiques actuelles, nous sommes le petit Poucet du département mais nous tirons notre épingle du jeu.
Le site déploie aussi une offre culturelle globale…
Sur un plan musical, le bâtiment abrite une salle de concert et un studio de répétition. On y trouve également des salles de danse pour l’école de musique et pour la Ville. Des salles sont également mises à disposition des associations pour leurs activités : cours de yoga, taïchi, gym douce… En parallèle, l’édifice comprend une médiathèque et une salle multimédia. Cette offre assez large vise à brasser plusieurs publics - enfants, jeunes des quartiers, familles, séniors - qui n’ont pas l’habitude de se rencontrer au quotidien.
« Mon rôle n’est pas de programmer ce que j’aime mais de satisfaire tous les publics »
Quelle liberté avez-vous dans la programmation ?
Mon rôle n’est pas de programmer ce que j’aime mais de satisfaire tous les publics en fonction de leurs affinités avec les différents styles : reggae, rock, chanson… Le dosage à respecter est primordial d’où une programmation éclectique. Nous essayons d’une part, de soutenir la scène locale avec une salle de répétition ouverte du mardi au vendredi. Et si, chez les groupes, nous observons une aisance musicale et une compo intéressante, nous leur proposons une scène ouverte ou une première partie de concert. D’autre part, nous laissons la part belle à la scène nationale émergente avec des groupes dont nous sentons qu’ils ont le potentiel de percer. Enfin, nous invitons des artistes à renommée nationale et internationale, capables d’attirer un public venant de plus loin que le bassin clusien. Cela permet de faire connaitre la salle tout en faisant rayonner l’image de la ville.
Un coup de cœur pour 2017 ?
Deux coups de cœur ! D’abord le 20 janvier, nous accueillerons Rachid Taha que nous n’avons pas l’occasion de voir souvent dans la région. Nous avons aussi un rendez-vous reggae important qui entre dans sa quatrième année : le festival In dread we trust avec une soirée dub le vendredi 24 mars et reggae le samedi 25.
Parlez-nous d’une pépite locale…
Nous avons mis en place l’Atelier part en live, un dispositif d’accompagnement d’un groupe sélectionné sur scène par le public et des professionnels de l’Atelier. A l’issue de cette sélection, nous accompagnons le groupe sur une saison avec un coach qui lui dispense des conseils au niveau scénique, technique et dans son travail de composition. Au terme de la saison, nous le programmons sur le festival Musiques en stock. C’est un dispositif dont ont bénéficié les Rage against the Marmottes, le groupe de la vallée par excellence. Originaires des Carroz et de Cluses, ils ont enregistré des albums mais leur talent s’exprime véritablement sur scène. Ils s’exportent de plus en plus hors de la région.
Revenons à Musiques en stock. Comment est-il devenu l’un des plus grands festivals de musique rock gratuit en France ?
Il reste incontestablement une exception par sa gratuité. Mais aussi par sa simplicité. C’est un festival qui reste accessible, avec une programmation de qualité basée sur la découverte. Dès février, l’équipe de l’Atelier s’investit à fond sur le volet organisationnel et logistique du projet. Musiques en stock peut rassembler jusqu’à 10000 spectateurs par soir. Il est devenu un rendez-vous incontournable en Haute-Savoie.
Propos recueillis par Nathalie Truche