Mon petit renne, c’est l’histoire malsaine mais vraie d’une relation de dépendance qui s’est créée entre un comédien raté et sa harceleuse. Comme un coup de poing dans le ventre, la série traite de sujets difficiles et souvent lourds d’une manière qui se veut volontairement cynique et frappante d’ironie.
Alors qu’il n’est qu’un simple barman démotivé par sa carrière ratée dans le stand-up, la vie de Donny Dunn (Richard Gadd de son vrai nom) bascule le jour où il fait la rencontre de Martha, une femme étrange venue s’asseoir au bar à qui il offre une tasse de thé. Donny va alors commencer à s’attacher à Martha et s’habituer à ses visites quotidiennes, bien qu’elle s’avère en fait être une harceleuse acharnée déjà bien connue des services de police anglais. Durant 7 épisodes, on suit le quotidien de Donny qui oscille entre les balbutiements de sa carrière d’humoriste et le harcèlement sans fin de Martha, qui finira même par l’agresser sexuellement un soir après le travail.
Une comédie tragique profonde
Car même si la série fait parfois sourire en jouant sur l’humour cynique typiquement anglais, elle aborde aussi et surtout les thèmes souvent tabous de la dépendance affective, des agressions et même des viols sur les hommes. Si Donny s’enfonce tellement dans cette relation malsaine et dévastatrice avec Martha, c’est parce que, comme il le dit au début du premier épisode, il se sent “désolé pour elle”. Cette empathie envahissante finit quasiment par le pousser dans les bras de sa stalkeuse qui fait ressortir en lui des traumatismes enfouis. A travers les yeux de l’acteur, la série dévoile les mécanismes parfois tordus qu’adoptent les victimes de viol pour retrouver le dessus sur leur sexualité, mais aussi les conséquences désastreuses d’un tel drame sur leur psyché et leurs relations affectives.
Une véritable histoire de harcèlement
Ce qui rend la série aussi marquante, c’est surtout le fait qu’elle soit adaptée d’une histoire vraie, avec l’acteur principal Richard Gadd qui joue son propre rôle. Pendant quatre, il s’est fait harceler non stop par l’une de ses fans. Ce qu’il a d’abord pris comme une petite blague s’est transformé en véritable cauchemar face à une femme visiblement atteinte de troubles psychiatriques. Au final, la “vraie martha” aurait envoyé plus 40 000 e-mails, 740 tweets et des centaines de mails et d’heures de messages vocaux, tous plus fous et menaçants les uns que les autres.
Si dans la série, Martha finit par écoper d’une peine de prison, en vérité, Gadd aurait simplement réussi à faire en sorte qu’elle ne le contacte plus jamais, sans qu’elle ne soit réellement punie. A la sortie de la série sur Netflix, une femme reconnue par les internautes comme la vértiable harceleuse à l’origine de l’histoire aurait confié au Daily Mail être la vraie victime et vouloir porter plainte contre Netflix.
En somme, Mon petit Renne n’en n’a pas fini d’intriguer les spectateurs et de les pousser toujours plus loin dans le malaise, remettant en question leurs à priori sur les harceleurs et les victimes, le monde du show-business et les agressions fréquentes dans ce milieu.
Une série à regarder en un week-end, pour ne pas perdre une miette de l’intrigue.