Le nouveau directeur de Citia, la Cité de l’image en mouvement d’Annecy, entrera en fonction le 1er juillet. Mickaël Marin entend poursuivre les actions engagées pour pérenniser le rôle majeur que joue le festival d’animation sur la scène internationale. Et écrire le scénario qui saura répondre aux défis de demain.
En quoi votre candidature a fait la différence ?
Plusieurs paramètres sont entrés en ligne de compte. D’abord mon projet associé à la continuité du travail réalisé en interne. J’ai commencé en 2001 en tant qu’apprenti. Aujourd’hui, j’ai acquis une vision transversale et un réseau important tant au niveau national qu’international. Les résultats obtenus au sein du marché du film - qui est sous ma responsabilité - et plus récemment sur le développement économique ont aussi compté.
Quelles sont les grandes lignes de votre projet ?
En premier lieu - et comme je l’indiquais - il y a la continuité des actions mises en place. Parallèlement, ma volonté est de répondre aux enjeux forts des prochaines années liés à la croissance des événements. En trois ans, le festival a enregistré 40% d’augmentation de fréquentation et aucun signe ne laisse présager d’un ralentissement. Une autre préoccupation vise à conserver le niveau des prestations demandé aujourd’hui en termes d’invités et de programmation. L’accompagnement des professionnels répond à des exigences accrues car les personnalités que nous recevons ont l’habitude de standards élevés et qu’Annecy a mis en place. Il nous faut continuer à accompagner la manifestation en termes quantitatif et qualitatif. J’ai aussi le souhait que le festival s’ouvre davantage au grand public. Une autre ambition consiste à donner à Citia une empreinte plus forte, marquée par des actions à destination du grand public et tout au long de l’année.
Comment expliquez-vous l’augmentation de la fréquentation ?
Ce n’est pas parce qu’on est leader qu’il ne faut pas se remettre en question car la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain. Nous avons une écoute et un questionnement récurrents permanents. Nous avons su prendre le virage du long-métrage. Marcel Jean, notre délégué artistique depuis 2013, a apporté sa patte dans ses propositions qui, à en juger les chiffres, a suscité l’adhésion des festivaliers. Nous avons aussi pris les dispositions pour faire du Mifa un véritable marché qui compte au niveau international. Nous avons beaucoup voyagé dans le monde pour rencontrer les professionnels et mis en œuvre des actions d’accompagnement tout au long de l’année. Pour tout porteur de projet, Annecy est devenu un interlocuteur privilégié et reconnu dans son secteur. Nos prédécesseurs ont aussi misé sur la présence étudiante que nous avons bonifiée. Chaque année, nous accueillons près de 2500 étudiants qui passent des moments incroyables, approchent de grands réalisateurs, découvrent des films, des expos, vont au Mifa. Nous créons un lien avec des étudiants qui, demain, seront peut-être les professionnels présents à Annecy.
Quel rôle joue le Mifa au sein du festival ?
Le marché représente le poumon économique de la manifestation. C’est le lieu où toutes les parties prenantes de l’industrie – producteurs, responsables de chaines de télévision - se rencontrent pour financer, initier les projets qui participeront plus tard au festival. C’est là aussi que se trouvent des partenaires - producteurs, investisseurs, distributeurs – et des solutions technologiques pour la production. C’est au Mifa encore que les studios recrutent car il existe de vraies batailles au niveau mondial pour dénicher les talents de demain.
Quels grands moments nous promet le prochain Festival ?
Toujours le film d’ouverture avec, cette année, le nouveau film de Michel Ocelot. En 1999, le père de Kirikou a marqué une date importante dans le cinéma d’animation en France car son succès a contribué à ouvrir une porte pour le long métrage d’animation en France et en Europe. Nous bénéficierons aussi d’une présence brésilienne très importante et visible par le grand public au sein du festival et dans la ville. Le festival proposera également de nombreuses avant-premières, comme Les Indestructibles 2. Nous remettrons le Cristal d’honneur au réalisateur oscarisé Brad Bird et un prix à l’association Women in Animation qui œuvre depuis 1995 pour une juste place des femmes dans ce domaine d’activité. Le festival, ce sont aussi des expos, dont une sur les Shadocks au Musée Château en clin d’œil à 1968, et des projections sur le Pâquier. Cette année, la programmation est pléthorique et vraiment exceptionnelle.
Propos recueillis par Nathalie Truche