Évincés de France 2, les deux trublions ont aussitôt repris du service sur W9 où ils délivrent chaque soir leur « message », une pastille d’humour acidulée qui rebondit sur l’actu. Histoire d’un insolent duo avec Mathieu Madenian.
Racontez-nous votre rencontre avec Thomas VDB ?
Kader Aoun, notre producteur, a provoqué notre rencontre artistique dans les spectacles de la Revue Kamikase. Humainement, ça a matché tout de suite entre nous. Il est devenu un ami puis mon voisin. Thomas, c’est un heureux accident.
Comment est née la chronique du message ?
Elle existe sur internet depuis près de trois ans. Quand Thomas venait boire un café chez moi, on branchait le smartphone et on passait un message. Il n’y avait pas de périodicité, on le faisait quand on avait envie. Et puis France 2 nous a repérés.
À un rythme quotidien, les idées ne tarissent jamais ?
Non. Chaque jour l’actualité nourrit nos sketchs. Ensuite, il faut trouver des infos qui nous intéressent et qui seront marrantes à traiter. On continue les chroniques jusqu’à fin décembre et après, on partira sur une nouvelle série avec les mêmes personnages mais confrontés à la vie extérieure.
Les textes sont ciselés ou improvisés ?
On a juste les thèmes et les axes, puis on improvise en tournant. C’est impossible d’écrire des vannes pour Thomas, il faut le laisser s’amuser. On se marre beaucoup mais si on arrive jusqu’au bout sans rire, on garde le sketch. On ne le recommence jamais sinon, on perd la spontanéité. On tourne deux jours par semaine : trois messages le lundi et deux le jeudi pour pouvoir vraiment coller à l’actu.
Pourquoi avoir appelé votre spectacle « En état d’urgence » ?
Parce qu’on se trouve en état d’urgence et qu’on a tendance à l’oublier. Cette mesure est entrée dans notre quotidien alors qu’elle aurait due rester exceptionnelle. C’est aussi un moyen pour moi de rappeler que le spectacle est moderne et lié à la société dans laquelle on vit. Et puis sur scène, je suis assez speed, alors le mot urgence me correspond bien.
« le jour où quelqu’un voudra me censurer, j’arrêterais de travailler avec cette personne »
En quoi le spectacle a changé depuis son écriture ?
Il évolue en fonction de l’actualité. Avant, je parlais plus de Hollande et maintenant, c’est Macron. Puis il y a eu les attentats. Aujourd’hui, on s’attend à voir Daesch frapper tous les deux mois. Si le spectacle ne s’adapte pas, il devient has been.
Vous vous sentez libre dans votre métier ?
Je suis libre dans tout ce que je fais. Que ce soit à la télé chez Michel Drucker, en direct sur le Grand Journal de Canal+, dans mes écrits à Charlie Hebdo, sur scène ou avec Thomas VDB, personne n’a jamais contrôlé mes textes. Le jour où quelqu’un voudra me censurer, j’arrêterais de travailler avec cette personne.
Vous ne vous dites jamais « je vais avoir des problèmes » ?
Non, parce que je n’ai pas l’impression d’aller trop loin. Je ne cherche pas à faire de la provocation. Je dis juste ce que j’ai envie de dire. Il faut trouver un axe marrant et assumer ce qu’on raconte pour pouvoir se regarder dans un miroir.
Si vous sortiez un nouveau livre, comment s’intitulerait-il ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour car je travaille sur une nouvelle série et qu’il faut y aller par étape. Mais si je devais en écrire un autre, il s’appellerait « Allez tous BIEN vous faire enculer ».
Quelle expression du moment vous horripile ?
« Au jour d’aujourd’hui » et « impacté » sont des formules qui me fatiguent vraiment.
De quelle sale manie aimeriez-vous vous débarrasser ?
Insulter les gens quand je suis au volant. Si les gros mots n’existaient pas, je ne prendrais pas ma voiture. C’est un défouloir pour moi. Dès l’instant où je monte dans ma voiture, je deviens un autre personnage, j’ai l’impression d’avoir des super pouvoirs.
Un message aux Savoyards avant votre venue à Aix-les-Bains ?
Amis savoyards, votre principale qualité c’est… la fondue ! Dès que je suis en tournée, que ce soit à Biarritz, Nîmes, Lille, Brest ou en Savoie, je demande à mon régisseur de me trouver un resto de fondue savoyarde.
Je vous laisse finir ma phrase : C’est pas pour dire du mal mais…
… Je m’améliore !
Propos recueillis par Nathalie Truche