Maria Svarbova, jeune photographe slovaque, nous entraîne dans un univers hors du temps, rempli d’images d’une rêverie figée. Ses photos sont soigneusement mises en scène, puis shootées et retravaillées pour leur donner une teinte pastel particulière qui en font sa marque de fabrique.
Diplômée en archéologie, Maria Svarbova se met à la photographie il y a seulement six ans, lorsque sa sœur lui offre “un appareil de pro” qu’elle braque sur absolument sur tout : des visages, des détails, la nature. L’apprentie progresse vite. Si vite qu’elle entame une carrière qui lui ouvre les pages de “Vogue”, “Cosmopolitan”, et font défiler les opportunités en signant des campagnes pour des marques de prêt-à-porter, enchaînant les expositions sponsorisées par les boutiques Leica.
Dans ses séries “Swimming Pool”,“No Diving” et “The Tribune”, elle nous invite dans une piscine municipale aux reflets emprunts de l’ex URSS, où nageurs et nageuses semblent hésiter à se jeter à l’eau. À 30 ans, l’artiste slovaque s’est fait connaître pour ses images surréalistes et aquatiques qui reflètent la société contemporaine en bonnets de bain.
C’est d’abord pour la rigueur géométrique des piscines publiques héritées de l’ère soviétique qu’elle a eu le coup de foudre. La première étincelle lui vient près de chez elle, à Bratislava. « L’édifice en question a été construit il y a environ quatre-vingts ans, à une époque où la natation relevait plus devoir social que du sport. D’ailleurs, c’est peut-être pour cette raison que ces lieux semblent si stériles » Pour saisir une eau dont la surface est aussi lisse et réfléchissante qu’un miroir, elle réalise ses shootings en dehors des heures d’ouverture au public. Pourtant, derrière chaque cliché, se cache une production effervescente avec son lot de stylistes, scénographes et assistants. “Chaque modèle de maillot est soigneusement sélectionné pour compléter le décor, et toute scène doit paraître crédible, unique, toujours baignée de lumières naturelles”, précise l’artiste.
Quant aux couleurs, visiblement retouchées, qui sont sa marque de fabrique, la photographe reste dans le vague. “Je n’abuse pas de Photoshop, mais je n’en dirai pas plus. C’est ma cuisine.” Silhouettes droites et visages fermés, en plaçant ses modèles coiffés de bonnet rouge, jaune ou bleu au milieu d’un océan azur, Maria Svarbova recherche l’harmonie silencieuse des formes et des couleurs.