Depuis une trentaine d’années, Marc-Antoine Mathieu rêve, s’amuse, joue et se joue des codes narratifs et graphiques de la bande dessinée. Des créations empreintes d’expérimentations visuelles, narratives et verbales qui déboussolent la sphère du 9e Art : case manquante, vortex spatiotemporel, pages déchirées ou encore récit fractal, cet artiste facétieux joue sur les fils...
Marc-Antoine mêle littérature graphique,
poésie mathématique, humour décalé et philosophie du
rien.
Pour S.E.N.S., il imagine une œuvre protéiforme qui questionne le temps et l’espace d’un monde sans bord, avec l’absurde pour horizon. À l’instar de l’écriture automatique, Marc-Antoine Mathieu laisse courir sur
le papier son trait et sa pensée en 2 et 3D. Un récit
silencieux et épuré, où l’on suit
pas à pas l’errance d’un homme à travers le “Grand Rien”.
Ce récit fait également l’objet d’une exposition parallèle à la galerie Huberty-Breyne qui aura lieu à Paris et à Bruxelles.
Marc-Antoine Mathieu a toujours aimé explorer les formes, qu’elles soient narratives ou plastiques. Aux Beaux-Arts d’Angers d’abord, où il pratique la sculpture, le super 8 et la perspective. Parallèlement à ses recherches de plasticien, Marc-Antoine Mathieu creuse depuis vingt ans un sillon particulier dans la bande dessinée. Son univers en noir et blanc puise sa poésie à la source de Kafka et de Borgès. Avec Paris-Mâcon (Futuropolis) en 1987, puis L’Origine (Éditions Delcourt) en 1990, l’auteur se révèle être aussi un conteur de talent. Unanimement reconnue par la Presse, Alph-Art Coup de Cœur à Angoulême en 1991, L’Origine est assurément une des meilleures surprises de l’année 1990. S’ensuivent cinq opus avec le personnage de Julius Corentin Acquefacques : cul-de-sac narratif, histoire-miroir, perte du point de fuite, récit sans scénario... Mathieu fait parfois des infidélités à son héros dans des albums traitant de thématiques fortes : Mémoire morte (1999) voit l’avènement de la tyrannie de l’information en temps réel, cause ou conséquence de la sclérose de la cité et de sa mémoire. Avec Le Dessin (2001), il engage une réflexion sur la création et l’intime via un tableau magique, sorte de boîte de Pandore inversée. En 2006, dans Les Sous-Sols du révolu (Le Louvre & Futuropolis), Marc-Antoine Mathieu nous entraîne dans les profondeurs d’un musée infini. 2009, nouveau terrain d’essai : il s’empare de DIEU et façonne une fable intelligente et jubilatoire pour une lecture (post)divine ! Dieu en personne reçoit le Grand Prix de la Critique. En 2011, il invente encore avec 3 Secondes, la première bande dessinée pensée simultanément pour le papier et le numérique.
Cette année, Marc-Antoine Mathieu présente S.E.N.S., un objet-livre qui convie le lecteur à un rendez-vous particulier avec l’espace et le temps. En toiles de fond : l’horizon et l’absurde.