Souvenez-vous, nous sommes en 2015, l’album Vieux Frères du collectif d’artistes Fauve ≠ rencontre un succès fou. Ils enchaînent les dates; plus de 200, et 15 zéniths. “Blizzard” tourne en boucle dans nos oreilles. Alors à l’apogée de leur carrière, le concert du 26 septembre 2015 au Bataclan marque la fin de Fauve ≠. Et le début de Magenta.
UN RETOUR ELECTRO
Ils ne se séparent pas pour autant : tout en gardant leur anonymat, les quatre musiciens font leur grand retour en 2019. Nouveau nom, nouveau style musical : enchanté, Magenta. Fini les textes parlés, c’est désormais un collectif électro-pop. “On a commencé le projet dans la chambre de l’un d’entre nous qui était située Boulevard Magenta à Paris. C’est un boulevard assez sale, populaire, et en même temps hyper vivant, vibrant, coloré, hyper contrasté. On aimait bien ce côté contraste entre le béton un peu dur de la ville et le côté un peu vibrant, intense. Ça correspondait à ce vers quoi on voulait tendre avec la musique”, expliquaient-ils au média Pépère News.
Cela peut paraître très radical, mais c’est ainsi que l’on s’exprime.
Octobre 2019. “Assez ?” sort sur les plateformes. On y découvre une intro électro, des textes profonds et surtout cette boucle musicale sur laquelle on ne peut que danser. Se déchaîner, comme sur leur titre “Faux”. Ils livrent une musique électro, en mode french touch, inspirée des années 90, 2000. Beats et rythmes enivrants, synthé… On pense à Étienne de Crécy avec les albums Superdiscount (1998) et Tempovision (2000), à Motorbass présent sur la mixtape Homework des Daft Punk (1997). À David Guetta aussi, et ses débuts au côté de Sidney avec “Nation Rap” (1991).
DES TUBES DANSANTS ET VIOLENTS
Avec Magenta, le processus de création s'est inversé : auparavant, le centre était la voix, le texte, accompagné par des mélodies acoustiques. Aujourd’hui, le point de départ est l’instru, le son. Le phrasé et le chanté s’y mêlent. Si le collectif livre une musique dansante et entraînante, elle reste violente. Les mots frappent, giflent sans détour. En atteste le titre “Fatigué”, écrit au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty. “Cela peut paraître très radical, mais c’est ainsi que l’on s’exprime” affirmait Magenta dans la revue Artistik Rezo. Si le style a changé, ils n’ont pas oublié leurs racines. On retrouve les paroles fiévreuses teintées de spleen fidèles à Fauve ≠. Un phrasé hypnotique, tant apprécié, mais jamais égalé, comme dans “2019” de l’album Monogramme.
UNE BANDE DE POTES AVANT TOUT
Magenta, ce n’est pas que des musiciens. Nous y retrouvons aussi des graphistes, des vidéastes, des photographes… Un concentré d’artistes, mais surtout de potes réunis autour d’un nouveau projet musical. Découvrez leur univers poétique, à faire pleurer autant que danser, en concert au Château Rouge d’Annemasse, le 26 novembre prochain.