Madeleine Riffaud. Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant elle a vécu des événements hors normes dans sa vie. Malgré tout, au moins deux choses la surprennent encore : être toujours en vie pour les raconter et se retrouver héroïne d’une bande dessinée à 97 ans qui porte pour titre Madeleine, Résistante.
Et il n’y a rien d’étonnant à cela car son destin est si peu commun qu’il justifie amplement que des auteurs s’en emparent et portent sa vie de bravoure dans toute la lumière qu’elle mérite.
Madeleine, quasi centenaire, a toujours la niaque et la gouaille de ses 20 ans. D’ailleurs, elle a commencé par les envoyer promener ces auteurs de BD, ce truc idiot pour les gosses, qui voulaient parler d’elle dans leur album. Mais Madeleine n’est pas une imbécile, alors elle a changé d’avis.
Ainsi, Jean-David Morvan l’assiste au scénario et Dominique Bertail met cette vie rocambolesque en images ; tous trois au service de la grande Histoire. Car Madeleine embrasse toute l’histoire ou presque du 20ème siècle. Née en août 1924, elle n’a eu de cesse dès ses 18 ans d’entrer dans la Résistance et de défendre les opprimés dans le monde.
Ce 1e tome débute en 1931 durant son enfance. Alors qu’elle fuit son village, à peine âgée de 16 ans, Madeleine échappe une première fois à la mort. Son père, qui sent le vent tourner, lui apprend à conduire et à tirer. L’album se termine en 1942, date à laquelle ses toutes premières missions de résistante lui sont confiées. Pas de tergiversation pour Madeleine que les collabos rendent malades : elle a vite fait son choix et n’aura jamais écouté les conseils du Maréchal Pétain « Soyez courtois avec l’occupant ».
Sa verve et ses vers (car elle est aussi poétesse), son tempérament de feu et son engagement sans limite font d’elle une héroïne remarquable, au destin plus exceptionnel encore. Avec l’aide de JD Morvan qui synthétise les multiples événements, le résultat est extrêmement vivant, documenté et réaliste.
Faisant le choix d’une illustration d’une maestria impressionnante, entièrement construite autour du bleu, Dominique Bertail propose une alternative maligne au classique et sévère noir et blanc.
J’ai également beaucoup apprécié les nombreux bonus dans lesquels les auteurs racontent leurs rencontres inénarrables avec Madeleine Riffaud, une amie fameuse pour eux désormais !
Nous aurons la chance d’accueillir l’illustrateur Dominique Bertail le 13 novembre à la librairie BDfugue Café, Centre Bonlieu, à Annecy.