Né en 1989, l’Usine, centre culturel autogéré à Genève, fête cette année ses trois décennies de cultures alternatives et d’événements originaux dans la ville suisse. Retour sur ce lieu emblématique, dernier bastion alternatif en plein centre de la cité de Calvin.
Une structure pluridisciplinaire
Contrairement aux idées reçues, l’Usine n’est pas qu’une boîte de nuit !
En son sein, elle regroupe trois salles de concert, une salle de nuit, un théâtre, un cinéma, un espace d’art contemporain, une bibliothèque et info-kiosque, un collectif de cinéastes, une radio, une imprimerie, deux studios d’enregistrement, des ateliers de photo, de sérigraphie et de couture, trois locaux de répétition, un disquaire et plusieurs labels. Ce sont donc en tout, pas moins d’une vingtaine d’ateliers et groupes de programmation qui la composent, faisant d’elle un lieu décalé et unique en son genre.
Cette diversité des activités permet à une œuvre de naître, de se développer et de se diffuser à l’intérieur même du bâtiment. Par exemple l’Usine offre la possibilité de traverser toute la chaine musicale : répétition, enregistrement, production, distribution et concert !
Une histoire mouvementée
Le 1 Juillet 1989, l’Usine ouvre officiellement ses portes. C’est le fruit de plusieurs années de revendications dans la rue et de négociations avec les autorités. L’ancêtre de l’association l’Usine, Etat d’Urgences, créé en 1985, signe en 1988 une convention de prêt à usage avec la Ville de Genève pour occuper l’ancienne usine de dégrossissage d’or. Au moment de son ouverture, l’Usine est déjà composée de nombreux collectifs dont le Kabaret, le Débido, le théâtre, le Spoutnik, des ateliers et Post Tenebras Rock (PTR).
La charte d’Etat d’Urgences donnait le ton : « Etat d’Urgences n’est pas née du désir de se fendre la gueule, Etat d’Urgences n’est pas née d’une volonté de création artistique, d’organisation de spectacles ou d’animation de la ville. Etat d’Urgences n’est pas née de l’expression d’idées politiques. Mais de tout cela à la fois. »
Depuis, la structure a connu de nombreux changements. En mutation perpétuelle et née de la rencontre entre des rêveurs, des militants et des fêtards, elle se transforme au gré des envies et des énergies des membres qui la composent.
Le Zoo, aujourd’hui bien connu des oiseaux de nuit amateurs de musiques électroniques, se trouve là où était avant le Débido, un bistrot, salle de concert et de spectacle. En 1998, de grands travaux débutent pour insonoriser le bâtiment et réaménager au mieux les espaces pour une meilleure cohabitation entre les activités. Le Théâtre de la salle de concert du Rez se déplace à l’emplacement qu’on lui connaît aujourd’hui. Et l’histoire continue ! En janvier dernier, SHBLTH, un collectif d’artistes plasticiens cède sa place à l’Atelier, le dernier projet né au sein de l’Usine. Cet espace de discussion culturel et politique est composé d’une bibliothèque et propose des brunchs et événements culturels comme des lectures, rencontres, discussions et projections de films et documentaires engagés.
Autogestion et militantisme
Depuis 30 ans, le fonctionnement en autogestion reste au coeur des valeurs de l’Usine. Ici le principe c’est « une personne une voix ». Tout le monde a le droit de vote et il n’y a aucune hiérarchie. Une démocratie directe où tout se discute et se décide collectivement.
L’Usine est aussi un lieu de militantisme. Pour elle, la culture est politique. En ce sens, les pratiques artistiques, la création et la programmation sont des lieux de positionnement et d’interrogation politiques. Les membres de L’Usine portent une attention particulière à la manière de faire, de produire, d’organiser. La dimension collective de L’Usine place en son coeur la question du « vivre ensemble ». L’autogestion et l’horizontalité sont des alternatives aux structures hiérarchiques dominantes. Les membres luttent également contre les systèmes d’oppression et de discrimination : sexisme, âgisme, racisme, exclusion par le prix d’entrée, et porte également une voix dans la cité. Elle participe aux débats publics, prend position et défend les valeurs qui sont importantes pour elle.
Débauche de propositions culturelles pendant 30 heures
Pour fêter ces trois décennies d’existence riche et mouvementée, L’Usine, fidèle au rendez-vous, a vu les choses en grand, très grand : ouvrir ses portes pendant 30 heures ! 30 heures de profusion culturelle. Au programme : concerts, performances, DJs, danses, expositions, projection vidéo, théâtre, Vjing… la liste est longue !
Non contente de la richesse de cette programmation artistique, l’Usine a concocté toute une série d’animations et d’activités pour permettre au public de se rencontrer, de s’amuser, de se restaurer et d’en apprendre plus sur son histoire. Derrière cette débauche de propositions, une orchestration fine des ouvertures et fermetures des espaces permettra au public de circuler et de découvrir des accès au fur et à mesure des 30 heures pour profiter d’animations tantôt plus festives, tantôt plus calmes et propices aux échanges.
Une programmation à l’image de la pluridisciplinarité défendue par l’Usine depuis sa création, oui, mais pas seulement. Pour ses 30 ans, l’Usine a aussi voulu mettre en avant d’autres aspects de son offre culturelle : le mélange entre les artistes expérimentés d’un côté et émergents de l’autre ou encore la rencontre entre la scène locale et internationale.
Programme
C’est la fête à toto !
Pour cet anniversaire, l’Usine a décidé d’offrir au public un décor digne de son originalité. C’est Le collectif Totoblack qui va investir, le temps du week-end, les bords du Rhône avec leur vraie fausse fête foraine haute en couleurs, sortie tout droit des années 80 où se mêlent entresorts, jeux, animations mais aussi bar et restauration. Ce collectif est un joyeux condensé de vintage, de personnages loufoques et de scénographies décadentes. Toutes sortes de savoir-faire y sont représentés : constructeurs, peintres, sérigraphes, graphistes, photographes et comédiens. Cette bande de loubards, la Famille Demamob, risque donc de donner le ton à ces 30 heures de la façon la plus extravagante et provocatrice qui soit, à l’image de L’Usine !
Affiche © Sarah Duvillard
MUSIQUE
9PM - Rock / GE • Arabian Panther - Arabic Electro Punk / BAH • Cutter - Post-rock hXc / FR • Cultural Warriors - CH • Asher Selector - CH • Danse Musique Rhone Alpes - House cassette sauvage / FR • El Rass - Rap Postrévolutionnaire / LBN • Firas Shehadeh - Performance sonore / PSE • Ghst - Atmospheric drone / FR • Holiday Inn - Synth Punk / IT • Kabylie Minogue - Electro-pirate / Kabylie • La Fanfare du Loup - CH • Losca Mio Gulfgos - Avant garde music / I-CH • Natural Skankin - CH • Majorette - Rock / CH • Maria Violenza - Arabian Synth Punk / IT • Missy Ness - Dj Set anarcho-panarabe / TUN • Nâr - Drone noise - LBN • OBF Soundsystem - CH • Overmono aka Truss & Tessela - Whities, Poly • Kicks / UK • Pina_ - CH • Rizan - Dabké kurde / KRD, SYR • Steve Pepe - Electronic Experimental / IT • Textasy - Craigie Knowes - FTP / US • Tout bleu - No wave, experimental / GE • Tropicantesimo - Tropical outerspace / IT • Ubik Soundsystem - CH • Wow - Pop Garage Lo-fi / IT
PERFORMANCE / DANSE
Adina Secretan • Amal Alpha • Aurélien Gamboni • Charlotte Carteret • Charlotte Nagel • Chienne de garde • Christelle Sanvee • Cindy Van Acker • Claire Dessimoz • Daniel Maszkowicz • DCP • Dorothée Thébert-Filliger • eamb • Ghalas Charara • Gilles Jobin • Gregory Stauffer • Ioannis Mandafounis • Isabelle Meister • La Ribot • Laurence Wagner • Manon Russo • Marthe Krummenacher • Mighty • Nelson Landwerh • Nicholas Stücklin • Noémie Griess • Pamela Ohene-Nyako • Sel • Spirale Nevrose • St.Hubert • Yann Marrusich • Yasmin Frione • Têtu Piaf • Tyriss
EXPO / INSTALLATIONS
• « A good story never starts with a glass of milk » • Ceres
PROJECTION
• 30h de videoclips • Mapping
ANIMATIONS
Totoblack - La fête à Toto • Fotomob - Photo souvenir • Kayass - Tir au lance pierre • Cinéma Dynamique • La Confiz - Bras de fer, duel de karaoké, concours de flamby, ping-pong, corde à sauter… • La Mailloche - Jeu de force pour baltringues • Candylove - Radio beauté tuning • Rookie Roller Dancing - La fête sur roulettes
Mais encore
Gym douce, brunch, lecture pour les enfants, permanence d’anecdotes, sieste collective, distro militante, sérigraphie, queeraoké…