C’est son propre corps que Louis Blanc décline en noir et blanc, compose avec minutie, utopie, folie entre ressemblance, vraisemblance et dissemblance. Le corps, «chose insensée» disait Platon, est à la fois thème et sujet artistique majeur, presque exclusif et obsessionnel, dans la série de photographies “cORpuS” de Louis Blanc.
Louis Blanc est un photographe toulousain né en 1956. Autodidacte. il compose et défait à la perfection, décompose passionnément, feint de dévoiler un corps à découvert qu’on ne peut réellement découvrir, un corps vraiment visible mais à plusieurs visages, un corps transfiguré en exil intérieur, tourmenté, qui semble souvent privé d’espace, une charge émotionnelle intense, troublante, une gestualité fantastique des formes qui donnent l’illusion d’un miroir déformant à l’infini. Des glissements «défiguratifs» en quelques fractions de secondes, des passages expressionnistes, des flux d’énergie sur un thème unique dont l’objet, le corps détourné mais aussi nos certitudes, volent en éclat, implosent, se fragmentent non sans souffrance, jusqu’à l’abstraction même du sujet.
L’idée de la série «cORpuS» est née suite à un concours remporté par l’artiste sur le forum Eos-numerique. “Je me suis rendu compte que l’image du corps pouvait avoir son propre langage et susciter interrogation, voire émotion lorsque le corps est mis en scène et photographié d’une certaine manière”. Au-delà du visuel, les autoportraits corporels de Louis Blanc nous invitent à exercer un regard sur nous-mêmes ou autrui concentré sur l’axe unique et vivant d’un corps polymorphe qui pose en « désordre » dans un espace-temps neutre.
Le corps est à la fois pose et mouvement qui suspend son envol le temps de prises de vue originales. Le corps : mélange paradoxal de vulnérabilité, de puissance, de distance entre soi et soi-même, dans un silence résonnant. Le corps est à la fois le théâtre de l’âme et l’expression quintessentielle d’une beauté plastique, poétique, artistique. Un corps de tous les possibles, un corps incarné d’une intériorité entre l’être et le paraître. Ce qui fascine Louis Blanc dans cette série, c’est l’image que peut donner le corps en associant une posture à une mise en scène photographique ; le résultat est inattendu, étonnant, voire dérangeant, comme si le corps avait son propre langage.
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