La jeune comédienne et scénariste Lison Daniel, 27 ans, s’est faite connaître pendant le (premier !) confinement sur son compte Instagram « Les Caractères ». Elle y déteint des personnages hauts en couleurs, grâce aux filtres de l’application.
Lison Daniel nous fait hurler de rire : « La Côte d’Emeraude en mars, ça me fout un cafard dingue. La mer est moche, la glycine n’est même pas en fleur. Chier quoi. C’est un enfer de tous les diables ! » Son compte Les Caractères, est passé de 20 000 à 110 000 en 2 mois, la comédienne manie des dizaines de personnages plus ou moins récurrents, croqués avec un humour incisif et une précision incroyable inspirée de son entourage. Elle confie : « J’aime beaucoup les gens, ça me fascine, les voir parler, se présenter au monde, être lâches, raconter des conneries. C’est une matière première extraordinaire. »
Si Isabelle la bourgeoise ou Mélanie la cagole sont plutôt classiques, d’autres, comme Yvan le psy ou Gaétan le prof de théâtre, sont plus sophistiqués. Certains, comme Rebecca la marketeuse, Marina la prof de yoga sont très modernes. Derrière Les Caractères, y avait-il l’envie de dresser des portraits satiriques des gens de notre époque. « C’est davantage une critique de l’humain, sa lâcheté, ses contradictions. Ça, ça m’amuse. »
Arrivée à 18 ans à Paris pour suivre des cours de théâtre, elle travaille comme serveuse chez Angèle Ferreux-Maeght, célèbre traiteur végan. « Lors de défilés de marques de luxe, je croisais un nombre de nanas allergiques au lactose qui me demandaient : c’est sans gluten ? Ça fait grossir ? Est-ce que ça a été cuit à moins de 42 °C ? J’étais en boulimie d’observation de ces milieux ultra-privilégiés. »
Dans ses portraits, dépeints en une minute chrono, Lison raconte les déboires de ses personnages avec l’esprit du temps : confinement, burn-out, solitude, séries du moment…
« Les Caractères » s’écrivent à distance des clichés :
« Pour moi, le stéréotype est important pour créer le rire. On en a besoin pour reconnaître une catégorie sociale, et en même temps, il faut toujours nuancer, sinon ce n’est pas drôle. L’actrice adore se grimer : Le filtre, vous fait croire que je suis un psychanalyste hongrois de 70 ans. Et quand on est comédien, c’est formidable de pouvoir se passer de costumes, de maquillage… Souvent utilisé pour embellir les gens, le filtre me permet de mettre une distance vis-à-vis de mon image. Et m’enlaidir, c’est une façon de détourner l’outil. »
Admiratrice des descriptions de personnages dans les romans du XIXème siècle, inspirée par la littérature plus que par les stand-uppers actuels, c’est dans ses livres ou sur scène que Lison imagine les histoires de ses caractères. Et pour elle, malgré son succès sur les réseaux sociaux, « rien ne remplacera jamais la scène d’un théâtre ».
Lison Daniel a un vrai talent, un sens du dialogue, une maturité et un sens de l’observation sociale poussé. Une artiste à découvrir sur les réseaux et au théâtre !