LES PROIES

Quatre ans après «The Bling Ring», Sofia Coppola fait son grand retour au cinéma. Dans son nouveau film «Les Proies», elle explore un de ces thèmes de prédilection : l’adolescence et la solitude. Elle Fanning, Kirsten Dunst et Nicole Kidman sont réunies dans ce film. Les trois actrices jouent des pensionnaires d’un internat pour filles dans le Sud profond des États-Unis, en pleine guerre de Sécession.

Le scénario est adapté du roman éponyme de Thomas P. Cullinan, sorti en 1966. Ce n’est pas la première fois que ce livre fait l’objet d’une adaptation au cinéma ; un film du même titre mis en scène par Don Siegel est sorti sur nos écrans en 1971, avec Clint Eastwood dans la peau du personnage principal.
Cette fois-ci, Sofia Coppola nous propose un Western décalé, à l’ambiance gothique. Le film a été présenté cette année en sélection officielle du Festival de Cannes.

Un huit clos chargé de tensions sexuelles

L’histoire se passe en Virginie, aux États-Unis, en 1864. Les États du Sud sont en conflit avec ceux du Nord. Pourtant, tout semble paisible dans ce pensionnat pour jeunes filles dirigé par Martha Farnsworth (Nicole Kidman). Alors que la guerre de Sécession fait rage aux abords de l’immense demeure, les jeunes filles du pensionnat apprennent les bonnes ma- nières en vivant dans un monde où les hommes sont exclus, jusqu’au jour où un soldat nordiste, blessé et solitaire (Colin Farrell), vient troubler cette apparente quiétude.
La présence du soldat va peu à peu exacerber les convoi- tises et les jalousies, tandis que par peur d’être livré à l’armée ennemie – et aussi pour satisfaire ses désirs -, McBurney va se livrer à un jeu de séduction et de manipulation.
Après l’avoir accueilli le temps de son rétablissement dans son manoir majestueux et isolé, Martha Farnsworth est prête à tout pour se débarrasser de son étrange visiteur. L’atmosphère se charge alors de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Des conflits émergent entre les filles du pensionnat et une question se pose : ces jeunes femmes sont-elles vraiment innocentes ?
Cette histoire singulière a poussé Coppola à réaliser ce film. «Une de mes amies m’a dit : «il faut que tu vois «Les Proies», avec Clint Eastwood et que tu fasses un remake !». Je lui ai répondu : «Je ne ferai jamais de remake !». Je l’ai vu, et finalement, je me suis dit que cela serait intéressant de raconter cette histoire mais du point de vue des femmes, qui ont été oubliées durant la guerre», a déclaré la réalisa- trice au journal américain The Hollywood Reporter, avant la présentation officielle du film à Cannes.

Le tout Hollywood au casting

Sofia Coppola s’est entourée d’un casting impression- nant : Colin Farrell, Kirsten Dunst, Elle Fanning et Nicole Kidman. Cette dernière a joué un rôle déterminant dans le processus créatif de Coppola. La réalisatrice a écrit le rôle de Martha Farnsworth en pensant à Nicole Kidman. Les résultats sur le tournage ont dépassé ses espérances : «J’étais presque intimidée. Nicole apporte quelque chose de nouveau. C’est une actrice expérimentée et tellement talentueuse ! Je pense qu’elle est unique. C’était comme regarder un virtuose ou un athlète. Lors d’une seule scène, elle peut jouer cinq émotions différentes ! ».
En cherchant le rôle de Clint Eastwood, Coppola avait pensé à de nombreux acteurs. Il fallait un homme très mas- culin pour mettre en emphase la délicatesse des jeunes filles... « Un de mes assistants m’a suggéré Colin Farrell. Je l’avais déjà rencontré, mais n’avais pas pensé à lui pour ce rôle, mais lorsque je l’ai revu pour l’audition, il s’est montré charismatique et charmant, et je me suis dit qu’il était parfait. Il est sexy, mais aussi mystérieux et complexe ».
Pour renforcer cette atmosphère à la fois glaciale, mys- térieuse et sexy, la réalisatrice a fait appel au groupe français Phoenix pour la musique du film. Elle a travaillé à nouveau avec le leader du groupe qui est aussi son mari, Thomas Mars. Ce n’est pas la première fois, puisque le groupe a déjà collaboré avec elle sur les films « The Bling Ring» et «Somewhere» mais aussi dans sa dernière réalisation diffusée sur Netflix : A Very Murray Christmas.
La réalisatrice a l’habitude d’accompagner ses oeuvres d’une bande-son moderne et surprenante, à l’image des films « Marie-Antoinette », « Lost In Translation » et « Virgin Suicides », qui intègrent des musiques du groupe Air.

Un mélange des genres

Alors que la sortie de ce thriller gothique est attendue pour le 23 août prochain dans les salles françaises, plusieurs trailers et une bande-annonce ont déjà été dévoilés. On y retrouve la touche singulière de la réalisatrice, un décor froid et des personnages aux costumes pâles. Le film semble se rapprocher de Virgin Suicides en termes d’ambiance, avec un mélange de rêverie et de mélancolie. Cependant, il tranche avec ses précédentes réalisations, s’affichant comme un thriller, avec une intrigue et une ambiance pesante mêlant tension et séduction.
On retrouve une pointe de gothique qui rappelle un autre film avec Nicole Kidman : Les Autres, d’Alejandro Amenabar. «Je n’ai jamais fait de film dans ce genre là», a déclaré la réalisatrice à Entertainment Weekly. « C’était amusant d’explorer cet univers en conservant mon style, en développant ce monde qui paraît sorti d’un rêve comme je les affectionne tant. Sans oublier l’intrigue !
J’ai voulu recréer une atmosphère du Sud, ces longues et chaudes journées d’été où il ne se passe pas grand chose. J’aimais aussi cette image de vêtements lavés des millions de fois et qui sèchent au soleil. C’est très féminin et en même temps, on a l’impression qu’ils cachent des fantômes».
Avec un casting de rêve et un scénario hors-du-commun, «Les Proies» est l’un des films les plus attendus de 2017.

Romain Fournier