Lorsqu’un nouveau film de Quentin Tarantino sort en salles, on peut généralement s’attendre à ce que son casting fasse la part belle aux acteurs de premier plan. Et le huitième film du cinéaste, un western intitulé « Les Huit salopards », ne manque pas à la règle. Tout comme pour « Reservoir Dogs », Tarantino réunit une brochette de stars du cinéma dans un huit-clos pour la majeure partie du film. « Les 8 salopards » orchestre la rencontre de 8 personnages fascinants.
On retrouve ainsi ses plus fidèles comédiens comme Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Walton Goggins, Tim Roth, Michael Madsen, Bruce Dern, James Parks et Zoë Bell.
Un ingrédient indispensable des films de Tarantino est également présent : la violence. Et si l’on en croit le compositeur de la musique du film, Ennio Morricone, ce dernier opus serait même très sanglant - à l’instar de Django Unchained et Kill Bill - avec un niveau de violence « impressionnant » et « choquant ».
On vous révèle tous les secrets de ce western revisité à la sauce Tarantino…
Une lecture à l’origine du projet : Tout commence le 19 avril 2014 par une lecture exceptionnelle du scénario des Huit salopards au profit de «Film Independent», association à but non lucratif qui soutient les cinéastes indépendants. Organisé sur la scène du Ace Hotel Theatre de Los Angeles, le spectacle accueille quelque 1600 fans de Tarantino venus assister à une représentation inédite de son dernier opus.
Si au départ Tarantino souhaitait que cette lecture reste un spectacle à part entière, l’accueil enthousiaste l’a poussé à envisager d’en réaliser une transposition pour le grand écran. « Après la lecture, les spectateurs se sont levés et nous ont applaudi à tout rompre », indique Samuel L. Jackson. « C’était extraordinaire. On s’est tous regardés en se demandant : comment pourrait-il refuser d’en faire un film après un tel accueil ? »
Le film a failli ne jamais se faire : En janvier 2014, Tarantino annonce que le scénario de son western «The Hateful Eight» est terminé. Mais quelques jours plus tard, il renonce à réaliser le film car son scénario a fuité sur internet.
« C’est une trahison », a-t-il déclaré aux media. « Je l’ai donné [le scénario] à trois acteurs : Michael Madsen, Bruce Dern et Tim Roth. Je sais que Tim Roth est innocent. L’un des autres à laissé son agent le lire et ce type l’a maintenant transmis à tout le monde à Hollywood. Je ne sais pas comment ces agents travaillent, mais je ne fais plus le film ! » Puis, Tarantino change d’avis et écrit une nouvelle version du scénario. Quelques mois plus tard, le tournage des Huit salopards démarre à Telluride, dans le Colorado.
Un western épique : « Je pense qu’il s’agit de son film le plus politique, mais aussi son plus drôle », a déclaré Harvey Weinstein, un des plus grands producteurs et distributeurs aux États-Unis, au journal Variety. L’histoire du film se situe quelques années après la fin de la guerre de Sécession. Le chasseur de primes John Ruth (Kurt Russell) se rend dans la petite ville de Red Rock afin que la femme qu’il a capturée, Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), y soit jugée.
En chemin, Ruth et sa proie croisent le commandant Marquis Warren (Samuel L. Jackson), ancien soldat nordiste reconverti chasseur de primes, et Chris Mannix (Walton Goggins), renégat sudiste qui revendique le titre de shérif de la ville.
Pris dans une tempête de neige, ils trouvent refuge dans la mercerie de Minnie. Mais en arrivant sur place, ils comprennent peu à peu qu’ils ne réussiront sans doute pas à gagner Red Rock… Michael Madsen considère qu’on peut se retrouver facilement dans les conflits qui surviennent entre les huit protagonistes : « Ce film parle de notre société », dit-il. « Il parle des frontières psychologiques entre les gens. Il parle aussi d’amitié et de trahison. Plusieurs sujets sont donc abordés avec les codes du western ».
Une esthétique particulière : Tarantino a décidé de tourner le film en Ultra Panavision 70, une ancienne technique de tournage presque tombée dans l’oubli. Employé pour la dernière fois en 1966 pour Khartoum, l’Ultra Panavision 70 nécessite des objectifs anamorphiques, destinés à obtenir un format d’image très large.
« Le 70 mm était idéal pour restituer au mieux les paysages désolés de l’Ouest américain sous la neige et cerner la beauté des sites », indique Tarantino, ajoutant que le format permet aussi de mettre en valeur les intérieurs. « Je trouve qu’il y a plus d’intimité grâce aux formats panoramiques. On peut se tenir plus près des comédiens. Du coup, on se rapproche des personnages et on plonge dans leur intimité. À mon sens, ce format ne convient pas uniquement aux grands paysages ».
Des conditions de tournage difficiles : Dans les Rocheuses, l’équipe du film a connu un froid intense. Après avoir quitté Telluride, la production s’est repliée dans les Red Studios de Los Angeles. Grâce à des dispositifs réfrigérants, l’atmosphère sur le plateau était proche des conditions météo de Telluride. « Au départ, je m’étais dit que le climat très rude du Colorado allait me manquer », plaisante Goggins. « Et voilà qu’en débarquant à Los Angeles, on gelait sur le plateau. Il faisait même plus froid que dans le Colorado. C’est ce que voulait Quentin. Il tenait à ce que les acteurs ressentent le froid, et la vapeur qui s’échappe de nos bouches n’était pas artificielle ».
Et ces exigences semblent être payantes, les critiques ayant accueillit chaleureusement le film. Quentin Tarantino a lui-même déclaré lors de l’avant-première française : « C’est peut-être mon meilleur scénario ». A vous spéctateurs d’en juger ! Le film est sorti en salles depuis le 6 janvier dernier.
Romain Fournier