Abel Quentin signe ici son deuxième roman, récompensé par le prix de Flore 2021. Il livre une satire savoureuse de notre époque et met en scène avec humour le choc des générations.
Ce roman raconte la descente aux enfers d’un universitaire divorcé et alcoolique, ayant milité dans les années 1980 pour SOS Racisme.
L’intrigue : Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l’écriture d’un livre pour se remettre en selle : Le voyant d’Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l’Essonne, au début des années 60.
À priori, pas de quoi déchaîner la critique. Hélas pour lui, la parution de son livre ne va pas du tout se passer comme il le souhaitait. Et si son sujet était piégé ? Abel Quentin raconte la chute d’un anti-héros romantique et cynique, à l’ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires, et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d’une génération.
Les personnages : Jean Roscoff, en situation de marasme intellectuel et familial, Marc son meilleur ami dans les moments faciles de vie, Agnès son ex-femme workaholic sévère et Léonie leur fille dotée d’une propension à l’échec comme son père.
Ce roman est celui d’une époque où la « Woke Culture » invention venue des universités américaines, impose sa norme, ordonne de déboulonner des statues ou dénonce, comme à Oxford, une « hégémonie blanche » dans les études de musicologie sous prétexte qu’elles font la part belle à Bach ou Beethoven. À la question, « est-ce un roman sur le wokisme ? » l’auteur répond « Non, sur le chaos moderne. Je parle de vieillesse, de conflits générationnels, d’engagement politique, du danger que représentent les algorithmes, qui sont en train de nous rendre complètement cons : sur les réseaux sociaux, un utilisateur se voit proposer des contenus conformes à ses propres préjugés, sans s’en rendre compte. Cela participe à sa radicalisation, quel que soit le camp dans lequel il se situe ».
D’un ton enjoué et sarcastique, l’auteur découpe au scalpel l’évolution de la lutte antiraciale et par là, celle de notre société, ses travers, ses évolutions générationnelles, ses mutations professionnelles, ses moyens de communication incontrôlables et parfois dévastateurs. C’est d’une justesse incroyable, c’est jubilatoire et très instructif.