Cette fin d’année nous réserve une belle surprise avec « Le Jour du Kiwi », une première pièce signée Laetitia Colombani, mise en scène par le talentueux Ladislas Chollat. Cette comédie familiale met en lumière le duo père-fils, Gérard et Arthur Jugnot, accompagnés de Florence Pernel dans le rôle d'une psychothérapeute excentrique.
L'histoire se déroule en France, chez Barnabé Leroux, un comptable pointilleux spécialisé dans les lettres de réclamation. Depuis le décès de sa femme, il mène une existence solitaire, rythmée par des manies obsessionnelles. La routine monotone de Barnabé est brusquement perturbée lorsqu'il découvre la disparition mystérieuse d'un yaourt au kiwi dans son frigo. Ce simple événement va déclencher une série d'événements aussi hilarants que touchants, faisant émerger des thèmes plus profonds tels que l'amour, l'attachement, la solidarité et l'attention aux autres.
Gérard Jugnot incarne magnifiquement le personnage de Barnabé Leroux, un veuf obsessionnel et maniaque, apportant une profondeur émotionnelle à son interprétation.
Chaque geste, chaque mimique révèle la richesse du personnage et l'expertise de l'acteur.
Dans ce rôle du ronchon mal à l'aise dans le quotidien, Gérard Jugnot excelle et incarne ce personnage avec une aisance remarquable.
Son interprétation est formidable, transcendant le simple aspect grincheux pour révéler la complexité d'un homme devenu ordinaire par nécessité. Jugnot évite habilement de rendre son personnage complètement antipathique, préférant explorer les failles de cet individu évoluant dans un monde qui ne lui convient guère. Le comédien insuffle à son personnage une humanité touchante, soulignant la nécessité de vivre dans un environnement qui n'est pas toujours à la hauteur de ses attentes.
En face de lui, son fils Arthur Jugnot incarne avec naturel le rôle d'un fils steward débordé, mais profondément préoccupé par la santé et la solitude de son père. Il excelle dans son interprétation du rôle d'adulescent, en quête de stabilité, mais qui a du mal à trouver sa place toujours en fuite face au temps qui passe.
Sa performance est impeccable, capturant avec finesse les nuances de ce personnage en recherche d'équilibre. Le jeune acteur s'appuie sur une belle connivence avec Gérard Jugnot, créant un duo père et fils qui fonctionne parfaitement. Leur complicité sur scène est palpable, portée par des moments empreints de sincérité. Les accents de vérité dans leur jeu renforcent l'authenticité de la relation entre les deux personnages, ajoutant une dimension émotionnelle touchante à la pièce.
Florence Pernel, dans le rôle de la psychanalyste excentrique, apporte une touche d'humour et de charme, rendant son personnage complexe et attachant. Son interaction avec l'expert-comptable donne d’ailleurs lieu à des scènes délicieusement hilarantes.
Sans dévoiler le dénouement de l'intrigue, inspirée par l'actualité, soulignons qu'elle surprendra agréablement le spectateur, ajoutant une dimension inattendue à l'ensemble de la pièce. « Le Jour du Kiwi » transcende ainsi son point de départ absurde pour explorer des thèmes universels, offrant une expérience théâtrale riche en émotions et en réflexions.
En réunissant pour la première fois sur scène le duo père-fils Jugnot, cette comédie de Laetitia Colombani est portée par le talent des acteurs et s'impose comme l'un des spectacles les plus marquants de cette fin d’année.