Qui ne s’est jamais amusé à construire des cabanes dans la forêt étant enfants ? Ce rêve se fait réalité à travers le Festival des Cabanes, événement architectural qui revient cet été pour sa 8ème édition. Zoom sur une exposition en plein air qui conjugue nature, imagination, et architecture.
Interroger notre occupation du territoire
L’architecture est intrinsèquement liée à son territoire et aux paysages qui l’entourent. Mais parfois, notamment à une époque où les constructions n’ont jamais été aussi nombreuses, l’environnement du bâti est oublié, au détriment de la nature. C’est de ce constat que part le Festival des Cabanes, né en 2016 à l’initiative du territoire des Sources du lac d’Annecy. À travers un concours d’architecture focalisé sur les cabanes en bois, le projet a pour ambition de sensibiliser l’ensemble des acteurs de ce développement du bâti à son impact sur le territoire et à notre façon de nous y installer. « En parcourant nos territoires nous constatons que leurs spécificités géographiques et la qualité de leurs paysages en font des lieux remarquables, sur lesquels toute intervention appelle à une certaine prudence » confient les organisateurs. Un événement qui à travers des interventions architecturales éphémères vient rappeler au public la relation équilibrée qui doit se maintenir entre construction et paysage.
L’imagination comme seule limite
Au fil des éditions, le festival a gagné en importance et notoriété, attirant aujourd’hui des professionnels venus du monde entier. Pour les juger, un jury composé d’architectes qui vient sélectionner les projets les plus originaux et les plus novateurs, qui auront alors la chance de pouvoir être construits sur le territoire. Pour voir son projet être choisi, quelques règles sont à respecter, à commencer par le matériau : le bois. Celui-ci est directement sourcé dans la région en partenariat avec les scieries locales et l’Office National des Forêts (ONF), plaçant également au coeur du projet l’économie locale et les acteurs du territoire. Du côté du design cependant, malgré quelques limitations de taille, les architectes candidats peuvent imaginer la cabane de leurs rêves. Perchée dans les arbres, dissimulée dans la forêt, construite sur pilotis, ou encore flottante sur l’eau, aucune limite n’est posée. Un défi architectural et créatif donc, mais aussi un vecteur pour l’imagination qui rappelle les cabanes de notre enfance, tout en questionnant notre manière d’occuper le monde, et ce que nous envisageons pour notre futur.
14 cabanes pour nous faire rêver
En 2023, ce sont 171 candidatures, issues de douze pays, qui sont arrivées devant le jury d’architectes. Dix heures de délibération leur sont nécessaires pour sélectionner les 14 projets, 13 situés sur le territoire des Sources du lac d’Annecy, et l’un d’entre eux destiné à la Villa Médicis de Rome, partenaire du projet. Cette année c’est le jeune cabinet d’architectes italien Atelier Poem qui viendra investir les jardins de la Villa avec sa cabane nommée La timidité des cimes. Aux Sources du lac d’Annecy, les treize cabanes qui attendent les visiteurs rivalisent d’imagination et d’ingénierie. Rappelant le design d’un mirador, se jouant de la géométrie, entremêlant le bois, s’amusant des reflets dans l’eau, ou intégrant les arbres de la forêt à leur design, chacune d’entre elle propose un univers à part. Mais toutes ont en commun une caractéristique : une intégration parfaite dans le paysage. Chaque année, ce sont plus de 30 000 visiteurs qui viennent découvrir ces rêves d’enfants devenus réalité, rassemblant aussi bien des habitants du territoire que des touristes, mais aussi des architectes venant de très loin pour découvrir ces projets. Les cabanes seront construites par les architectes eux-mêmes, parfois aidés des locaux, en amont de la saison estivale, et se dévoileront aux visiteurs du 1er juillet au 15 novembre prochain. Une exposition à ciel ouvert entre architecture, sensibilisation, art, et rêve d’enfant.
Aurore De Granier