Du 29 août au 22 sept. 2024
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Cent ans après leur apparition, ils sont peut-être à ce jour encore, le duo de cinéma le plus célèbre. Stan Laurel et Oliver Hardy sont à l'honneur dans cette BD au noir et blanc hypnotique, qui retrace leur longue carrière commune et leur amitié indéfectible.
Crédit photo : © Gianluca Buttolo / Oxymore Eds
« Jouer est l'une des choses les plus sérieuses que tu puisses faire », disait Laurel. Ces deux compères, nés dans la dernière décennie du 19e siècle, sont encore bien vifs dans la plupart des esprits. Ils incarnent deux inlassables complices aux caractéristiques bien distinctes. Tout le monde les connait : le gringalet et le replet ! L'un maladroit qui ne comprend jamais rien. L'autre, plus frondeur, n'est pas tellement plus malin. Les personnages de ce duo burlesque ont été incarnés à de multiples reprises pendant une petite trentaine d'années à partir de 1926. Stan Laurel et Oliver Hardy avaient plus de 35 ans quand ils ont accédé au succès grâce à leur duo formé en partie grâce à une idée de Hal Roach, célèbre producteur de films de l'époque. Ils étaient alors, comme le formulait Hardy « deux enfants dans un corps d'adulte ». Mais surtout, ils ont été parmi les rares acteurs à réussir la transition du cinéma muet au parlant, la plupart des acteurs de l'époque n'ayant pas franchi le cap de ce changement majeur du cinéma à l'aube des années 30.
D'abord héros de comédies courtes, puis de longs métrages, Stan et Ollie enchaînent plus d'une centaine de films avec pour apogée l'obtention d'un Oscar en 1932. Ils terminent tristement leur carrière commune après bien des péripéties au début des années 50, sur un film souvent qualifié de pathétique : Atoll K.
Dans cet album au charme inouï, Gianluca Buttolo ne se concentre pas uniquement sur le succès de ces deux immenses acteurs. Il fait appel aux souvenirs d'un Stan Laurel vieillissant qui raconte sa vie par l'entremise d’un jeune garçon ayant pris contact par téléphone avec lui pour un exposé. Grâce aux questions de l'écolier, nous apprenons tout sur cette amitié indéfectible qui liait les deux acteurs. Sur leur intimité et leurs multiples mariages respectifs, sur leurs déboires financiers, leurs problèmes de santé. Si leur vie a été relativement heureuse, on découvre à la lecture de cet album que, tel le commun des mortels, ils n'ont pas été épargnés. Néanmoins, il est très émouvant de voir que le soutien qu'ils se sont mutuellement apporté était réel et sincère. À l'inverse de certains acteurs de leur époque, le duo est resté très aimé de son public. D'autres, tels que Keaton était jugé trop froid, Lloyd trop impersonnel, Langdon trop trouble et les Marx trop bavards.
Car Laurel et Hardy n'étaient pas que des personnages gaguesques, ils étaient avant tout deux amis, ce que le public percevait très probablement à l'écran. Une fusion unique, un mode de fonctionnement au cordeau qui faisaient leur marque de fabrique. Laurel toujours à écrire des gags pendant qu'Hardy se contentait de les exécuter tout en attendant de pouvoir filer jouer au golf après le tournage.
La bande dessinée est un bel hommage à cette complicité unique et émouvante. Chacun essayait d'aider l'autre dans ses déboires et ses dérives. L'addiction aux courses de chevaux pour Hardy, les multiples mariages pour Laurel. Chacun avait sa manière de dilapider sa fortune, au point de finir tous deux dans une situation bien triste.
Cette BD est évidemment en noir et blanc, une évidence pour raconter la vie et la carrière de ces deux génies qui ont éclos dans cette même colorimétrie. Un album d'ombres et de lumière, tout comme la vie de Stan et Ollie. L'auteur y fait preuve de beaucoup d'inventivité dans la narration, met en lumière autant qu'il dissimule selon les moments. Le contraste du noir et blanc rappelle également celui entre ces deux acteurs aussi complices qu'opposés. Cet album se lit comme on regarde un bon film, devant nous défile la vie de deux géants, qui prenaient l'humour très au sérieux.
Gaëlle Coustier
